|
La
culture, clef centrale de l'économie
Par Gilles
Marchand
Précieuse alchimie
de la société, la culture, bénéficiant
de moyens de diffusion radicalement nouveaux, est à
même de sécréter les ferments nécessaires
d'une activité dense.
Parce
qu'ils ne disposent pas toujours des éléments
explicatifs suffisants et d'une vision cohérente à
long terme, nombre de Français ont besoin de renouer
avec leur destin. La France a elle-même un rôle
de création théorique à jouer afin d'insuffler
un souffle nouveau aux sociétés humaines menacées
par des dérives économiques qui restent corrigibles
mais qui appellent une cohésion internationale et des
impulsions qui laissent une place à l'imagination.
Celles-ci peuvent et doivent renforcer la maîtrise que
les individus auront de leur vie, notamment professionnelle,
et de répondre aux enjeux qui nous viennent.
Economie et culture vont devenir indissociablement liés
et cette interdépendance allant croissant, sans déprécier
les secteurs traditionnels de l'économie, va ouvrir
des champs d'activité larges et porteurs de richesse
économique, facteur de cohésion sociale. Ces
secteurs en cours de constitution, dont la part ne va cesser
de grandir, doivent bénéficier à ceux
qui les constitueront, c'est à dire une part toujours
plus large des acteurs économiques dont le nombre ne
va cesser de croître au cours des années à venir.
Et ce jusqu'au niveau individuel.
La progressive intensification de la complexité des
problématiques ambiantes demande un surcroît
d'information. Celle-ci doit monter et descendre facilement
à tous les niveaux de la société afin
que soient renseignés ceux qui en éprouvent
le besoin.
|
|
Le
rôle pédagogique des médias est ici fondamental.
Il tend à enrichir les grandes ébauches culturelles.
Nombre de gens souffrent aujourd'hui de ne pas disposer d'une lisibilité
de l'actualité qui leur permette de faire le lien entre la
situation globale de l'économie ou des entreprises dans lesquelles
ils travaillent, et leur situation propre. Or cette compréhension
est fondamentale pour aborder sereinement les périodes à
venir. Avertis, les individus peuvent se projeter dans des environnements
dont ils sont capables de situer et les limites et les dimensions
réelles. L'apparent manque de foi envers le futur n'est pas
une fatalité. Il se combat avec les armes intellectuelles appropriées.
Quant à la culture proprement dite, elle est
trop souvent considérée comme un ornement, précieux
mais non déterminant pour se mouvoir dans la société.
Elle va très vite devenir un atout incontournable pour ceux
qui iront vers ces secteurs. La richesse et la profondeur des savoirs
réactualisés à l'aune des nouvelles technologies
vont provoquer une diffusion, jusque là parcellaire, de la
grande culture classique en plus de toutes les variantes existantes.
La renaissance, les lumières, les grands classiques du dix-neuvième
et certains éléments du vingtième, vont se trouver
remis d'actualité. On associera ainsi le meilleur du passé
avec un des plus grands potentiels du futur. C'est pourquoi le présent
est si important. Il établit la jonction fondamentale entre
des mondes pour l'instant adossés mais qui communiquent en
des milliards de points. La frontière est mouvante et vivante.
C'est celle d'une génération en activité.
La capacité de stockage par des machines de documents non corruptibles
au cours du temps va permettre de faire passer sur des supports facilement
accessibles des pans entiers du meilleur de la tradition philosophique
de tous les temps. Nous ne sommes pas au début d'une période
d'obscurcissement mais, bien au contraire, et ce malgré des
périls qu'il s'agira de combattre (comme l'irruption du fondamentalisme
religieux dans les pratiques actuelles qui doivent aller vers le spirituel
et la tolérance). On accomplit actuellement une tache importante
en numérisant l'ensemble des fonds bibliothécaires.
Celle-ci est un préalable comparable au travail fait par les
ordres religieux au moyen-âge ou à la traduction sous
formes de livres par les imprimeurs au temps de Gutenberg. La confrontation
des idées ou des modes de vie peut accoucher de violence comme
on l'a vu en Afghanistan ou à New York, mais elle rendra la
diffusion du savoir beaucoup plus large, y compris dans les sociétés
développées. L'imprimerie a permis la diffusion à
travers l'Europe de toutes les idées du Quattrocento. Elle
ne s'est pas faite instantanément. Il a fallu une multiplication
des centres de culture pour que le phénomène se diffuse
au-delà des frontières de l'Italie d'alors.
Force est de constater que la présentation frontale
de nombreux sujets télévisés tels qu'ils sont
juxtaposés brouille la lecture que l'on peut en faire. Tout
est souvent livré en bloc sans qu'une perspective ne soit fournie.
Cette avalanche factuelle est poussée chaque jour un peu plus,
et elle demande une compréhension qui devient plus délicate.
L'éducation et ses prolongements au cours de la vie professionnelle
par le biais de la formation peuvent permettre de mieux comprendre
les problématiques actuelles et de les résoudre afin
de préparer les reconfigurations multiples que demandent un
nombre croissant de métiers.
D'autre part, la démocratisation de la culture, la nécessité
de ne pas affaiblir le niveau de formation général du
plus grand nombre, mais au contraire de favoriser l'évolution
de celui-ci, d'en faire une source de mobilité, d'intégration
et de prospérité, est une priorité. De l'aide
à la création dépend un grand nombre de propositions
qui autrement ne verraient pas le jour. Chacun doit trouver les moyens
de parfaire sa connaissance du milieu dans lequel il vit. L'audiovisuel
a transformé le rapport à l'information et à
la connaissance. Les savoirs ne s'acquièrent plus de la même
manière et le processus de fixation des informations n'est
plus le même. L'écrit
qui avait régressé est de retour. La navigation au travers
des banques de données et des catalogues qui rendent les infonautes
actifs réactualisent la mémorisation, ce qui est de
bon augure pour le futur.
Cette richesse d'ores et déjà présente dans de
nombreux secteurs de la société s'exprime à tous
les niveaux de la vie artistique et ira en se multipliant d'autant
plus vite que pourrait être imaginé un réel droit
à l'image, prérogative individuelle qui permettrait
de protéger chaque citoyen et l'éclairage qui est fait
de son activité. Cette protection permettrait au plus grand
nombre de bénéficier d'un rééquilibrage
salutaire qui instaurerait un genre formel d'égalité
de traitement médiatique dans certaines situations propres
à le remettre en cause. Le capital culturel de chaque individu
lui ouvre des perspectives dans la société. Il lui assure
une quasi-sécurité de l'emploi dans des champs professionnels
en expansion. Il solidifie ses attaches linguistiques, lui permet
d'évoluer à partir d'un territoire donné et étant
libre de décider de l'élasticité d'un lien auquel
il souscrit pour son intérêt propre et pour la société
à laquelle il apporte sa contribution. La liberté de
la presse et d'expression sont à cet égard deux piliers
essentiels de son activité en aval comme en amont...
Gilles Marchand
Retour
au Sommaire |
|
|