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Une Chance à ne pas Manquer...
Par Gilles Marchand
Les
Jeux Olympique de Pékin peuvent être l'occasion d'une prise de
conscience planétaire des enjeux auxquels fait actuellement face
l'Humanité. Et de se donner une chance effective de les résoudre...
2008 est décidemment une année importante. Beaucoup des changements qui avaient été en gestation longtemps se précisent aujourd'hui, avec une évolution générale du monde vers le numérique qui change l'ordre symbolique mondial, et les capacités de traitement informationelles phénoménales dont nous disposons, à présent, ont progressivement redéfini notre
époque pour nous faire entrer dans une ère nouvelle : Le Renouveau, The
Renewal. Comme dans toutes les périodes de refonte, les choses sont
d'abord indécises et de vastes tiraillements apparaissent du fait de
l'articulation entre l'ancien en crise et le nouveau, en train de
naître chaque jour un peu plus sous nos yeux. La situation globale de l'ancien monde n'est pas bonne. Nous faisons face à une sextuple crise : politique, économique, financière, environnementale, alimentaire, migratoire, traductions directes de l'évolution en cours.
Pendant huit ans, le leadership mondial de l'administration américaine a
généralement différé la résolution des crises quand il ne les a pas
aggravées. Les valeurs proclamées ont davantage divisé qu'elles n'ont
rassemblé la population mondiale, une ligne de partage artificielle
étant toujours tracée entre des camps supposés s'affronter et nous
avons pu constater — ad nauseam — qu'elle était, en
définitive, absurde et dangereuse pour les équilibres mondiaux. Nous
nous sommes affrontés pour des questions de détail, alors que notre
survie commune était en jeu. L'administration
Bush rend actuellement une copie constellée de tâches, mais l'important
est que le canevas puisse enfin être repris...
Il
est grand temps que l'opinion publique internationale trouve désormais
une occasion claire de se rassembler et de prendre conscience de
l'importance qu'il y a à résoudre en commun ces six crises majeures,
ainsi que leurs annexes, pour entrer d'une manière adulte dans l'age
nouveau qui s'annonce. Nous sommes tous embarqués dans un vaisseau
spatial unique qui dispose de ressources limitées. Se disputer à bord,
ne pas parler aux autres voyageurs ou aux membres de l'équipage,
organiser une mutinerie, gaspiller les vivres, faire une brêche dans la
coque, risquerait de compromettre l'esquif fragile auquel nous nous aggripons tous. Nous pouvons au contraire nous organiser intelligemment et profiter en commun du voyage...
Pékin
est clairement cet endroit et ce moment précis. C'est bien l'occasion
idéale de se retrouver d'où que nous soyons et de retrouver les
messages initiaux de l'Olympisme, nés dans l'esprit
génial du Baron de Coubertin, comme un leg précieux à travers le temps
qui nous serait fait par les hommes de bonne volonté d'une autre époque
à notre réalité actuelle, si chaotique — en apparence — parfois.
Un cycle politique nouveau débute avec
le renouveau du leadership américain en novembre. Cet été peut être un
instant réussi de la respiration du monde, un moment par
lequel nous entrons dans une dimension nouvelle par un acte positif et
fondateur, susceptible de nous protéger des périls que nous encourons,
plutôt que de gâcher la fête
par la juxtaposition stérile de nos aigreurs et de nos chauvinismes.
Gérons les affaires courantes, éteignons les incendies, protégeons les
digues, et consacrons-nous pleinement au chantier immense qui mérite
tout notre enthousiasme. We need a New Start. A New World. A New Hope...
Août
va faire culminer l'année en concentrant une dose gigantesque
d'attention sur ce point du globe où ce qui se passe doit être
absolument réussi, et suffisamment pensé en amont, pour que puisse s'exprimer en retour toute
l'énergie, toute la spontaneïté des athlètes, et toute l'attention,
toute la ferveur des spectateurs. N'en faire qu'un événement sportif
serait une faute. C'est une occasion unique de refonder la dynamique
politique, économique, culturelle, écologique planétaire, et donner
cette chance à Pekin, c'est se donner collectivement une possibilité de
poser l'appareil photo mondial et de nous photographier à cet instant T
de l'Histoire, pour mieux comprendre ce que nous sommes et où nous
pouvons aller. C'est faire reculer la logique de l'affrontement, de la
compétition, de l'argent, c'est relativiser la logistique et les
logiques sportives communes à tous, et ramener le sens du vrai, la
valeur universelle, intangible, de chaque homme et de chaque femme,
c'est célébrer la participation de chaque pays, morceau du puzzle
mondial sans qui l'image générale du monde ne serait pas complète. Si nous savons surmonter nos différents, si nous avons l'intelligence de voir plus loin, la
manière dont nous nous parlerons les uns aux autres va avoir des effets
bénéfiques qui seront multipliés au centuple, et ceci aura — en outre —
des répercussions sur la façon dont la
communauté internationale, peuples compris, pourra définir ses objectifs communs. La
normalisation des relations entre états — arabes notamment — produira
également des dividendes en termes énergétiques au plan mondial.
C'est
pourquoi, il faut surmonter le différent du Tibet. A ceux qui y
verraient une démission internationale, je répondrai que la lumière que
va produire l'événement va faire beaucoup plus pour l'entente
sino-tibétaine que ce que l'intransigeance a pu produire en terme de
raidissement. Les indignations étaient fondées, mais elles devaient
être dépassées. Leur évolution positive, y compris, en termes de
défense des droits de l'hommes, des pratiques culturelles et
religieuses, passe davantage par l'inclusion de la chine dans la
communauté internationales, que par son rejet et sa condamnation, ce
que le Dalaï Lama a parfaitement compris. Les violences
s'apaiseront si des garanties nouvelles apparaissent, et celles-ci
naîtront plus d'une compréhension commune des possibilités mutuelles,
ce que l'assurance de la paix tend à garantir. Voilà pourquoi, il fait
maintenant donner sa pleine place au sport...
La
Saison en Enfer dans laquelle le 11 septembre nous avait plongés est
donc peut-être sur le point de s'achever... A condition que nous
comprenions le chemin qu'il faut faire pour sortir de la paranoïa, de
la bigoterie et des préjugés afin de se tourner vers les autres et
d'instaurer avec eux des relations adultes et satisfaisantes. Ce
chemin, c'est celui du parcours personnel que doit effectuer chaque
être humain au cours de sa vie pour surmonter la force des clichés,
l'esprit étroit qu'induirait des nationalismes qui se construiraient
sur un rejet xénophobe du différent. Des appartenances
automatisées, somnambules, non réfléchies, plutôt que l'adhésion
volontaire, consentie et libre, à l'esprit et à la langue, si possible
multiple. Rejeter autrui au titre qu'il n'est pas soi-même, c'est se
protéger en exposant les autres, se nourrir en les affamant, gagner
sans les faire grandir, s'enfermer à l'intérieur des frontières de son
esprit, de sa famille, de sa religion, ou de son pays. Or, l'une des
principales caractéristiques émergeantes est l'ouverture, notamment en
termes d'information... Nous vivons tous dans un système ouvert que
nous connaissons bien : la Terre...
Si nous allons dans le sens
de cette ouverture, de ce respect mutuel, nous aurons créé les
conditions de la confiance qui est le condition de la longévité des
situations d'interdépendance. Nous
aurons, en outre, et grâce à l'énergie du soleil, accès à une ressource
essentielle, abondante et bon marché : l'hydrogène... Nous serons alors capables de ne plus
empoisonner mutuellement notre atmosphère. Nous
pourrons nous remettre à rêver. Inventer des voitures extraordinaires,
bâtir des monuments sans équivalent, voyager dans le système solaire et
au-delà. Nous aurons alors créé les conditions d'un équilibre bien plus
stable et favorisé une prospérité bien plus grande ; un essor qui
n'aura, jusqu'à présent, jamais eu d'équivalent. Oui, la mondialisation
peut devenir une bonne chose...
Gilles Marchand
Juillet 2008
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