La révolution numérique en Afrique : les leaders, les suiveurs et les sous-classés
Par JOËL TÉ-LÉSSIA
Pour
McKinsey Global Institute (MGI), les pays africains peuvent être
classés en quatre catégories selon leur capacité à tirer profit de la
révolution numérique qui s'annonce sur le continent : les leaders, les
suiveurs, les émergents et les sous-classés.
Dans
le rapport "Les lions passent au numérique : le potentiel de
transformation d'internet en Afrique", publié le 20 novembre 2013,
l'institut de recherche McKinsey Global Institute (MGI) estime que la
contribution d'internet au PIB annuel de l'Afrique pourrait passer de
18 milliards de dollars aujourd'hui à 300 milliards de dollars en 2025.
Pourtant, tous les pays n'abordent pas la vague numérique de la même
façon, ni avec le même enthousiasme.
MGI présente ainsi un "indice des piliers d'internet" (i5F), développé
par le cabinet international de conseil en stratégie McKinsey, qui
permet de mesurer la capacité de chaque pays à tirer le meilleur de la
révolution numérique.
Leaders et suiveurs
Il repose sur cinq piliers : la présence d'une stratégie nationale en
faveur des TIC, le niveau d'infrastructures, un environnement sain pour
les entreprises, le capital financier du pays et la présence d'une main
d'oeuvre douée de bonnes compétences technologiques.
L'institut arrive ainsi à diviser l'échantillon de 14 pays africains
sélectionnés (environ 90% du PIB de l'Afrique), en quatre catégories :
les leaders, les suiveurs, les émergents et les sous-classés.
Le score i5F est un indicateur du niveau de "préparation" de chaque
pays à l'expansion d'internet. Le score i5F moyen des pays sélectionnés
par McKinsey est de 37%, contre 50% dans les pays émergents et 66% dans
les pays développés.
Les scores du Kenya et du Sénégal s'expliquent, selon McKinsey Global
Institute, par la stratégie nationale de ces deux pays. Le gouvernement
du Sénégal, rappelle MGI, a ainsi été l'un des premiers sur le
continent à investir dans la fibre optique et à promouvoir le
déploiement des cybercafés. L'Institut met également en avant les
ressources consacrées par le Kenya et le Sénégal à la numérisation de
l'éducation, de l'administration publique et des soins de santé.
Le Maroc et l'Afrique du Sud, deux des plus importantes économies du
continent, occupent le statut de "followers" en raison de la part
relativement moins importante accordée par l'État à la stratégie NTIC.
Le score de l'Angola, de l'Algérie et de l'Éthiopie reflète, selon MGI,
des performances fort en dessous de leur potentiel.
Contribution d'internet au PIB
Aussi, MGI mesure la contribution d'internet au PIB ; cette dernière
rassemble les activités liées à la création et à l'utilisation des
réseaux et des services internet dans quatre grandes catégories : la
consommation privée, les dépenses publiques, l'investissement privé et
la balance commerciale. À l'échelle du continent, internet représente
1,1% du PIB, contre 1,9% dans les pays émergents et 3,7% dans les pays
développés.
Le Sénégal et le Kenya prennent la tête du classement des pays où la
contribution d'internet au PIB est la plus élevée (3,3% et 2,9%
respectivement), suivis par le Maroc (2,3%), le Mozambique (1,6%) et
l'Afrique du Sud. Le rang occupé par le Sénégal et le Kenya s'explique
en partie par la faiblesse de leur PIB par rapport à des pays comme
l'Afrique du Sud ou le Maroc.
Classement des pays africains selon la contribution d'internet au PIB (%)
Sénégal - 3,3%
Kenya - 2,9%
Maroc - 2,3%
Mozambique - 1,6%
Afrique du Sud - 1,4%
Côte d'Ivoire - 1,3%
Tanzanie -1,3%
Cameroun-1,2%
Ghana -1,1%
Égypte -1%
Algérie - 0,8%*
Nigeria - 0,8%*
Éthiopie - 0,6%
Angola - 0,5*
* En tenant compte du poids des exportations d'hydrocarbures, la
contribution d'internet au PIB de l'Algérie, du Nigeria et de l'Angola
atteint respectivement 1,1%, 1,5% et 1,2% du PIB.
4 Janvier 2014
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