L’Afrique, continent connecté au
XXIe siècle
Par
Jacques Hubert-Rodier / Editorialiste Diplomatique LES ECHOS
Afrique
et Europe peuvent mieux mettre à profit les nouvelles technologies. Un
thème évoqué au forum Aspen Europe-Afrique réuni aujourd’hui et demain
à Paris.
Hello Doctor, une start-up de Cape Code qui met en relation quelques
centaines de milliers de patients sud-africains avec des services de
santé, soit par téléphone, soit par des applications Internet, soit
encore par ses programmes télévisés, s’apprête à se lancer à la
conquête d’autre pays africains. Cyril F. Benoit, président de
l’institut Aspen France qui inaugure, ce mercredi, la 11e édition
de « Aspen Europe-Afrique », cite cet exemple comme l’un des
« développements désintermédiés » qu’est en train de connaître le
continent africain.
L’idée même de ce forum, réunissant une centaine de personnes,
entrepreneurs, universitaires et leaders politiques dont le président
ivoirien Alasanne Ouattara, est de parvenir à « imaginer un système de
développement qui soit spécifique à l’Afrique », soulignent ses
promoteurs. Car l’Afrique, avec d’immenses différences d’un pays à
l’autre, est en train de passer directement à l’ère de la communication
mobile et du numérique. Selon une étude de McKinsey réalisée pour ce
forum, l’Afrique a certes en moyenne moins de personnes connectées
à Internet (21 internautes pour 100 personnes) que la
Russie (61), le Brésil (52) ou la Chine (46). Mais les pays africains
les plus avancés (Maroc, Egypte, Afrique du Sud) ont des taux nettement
plus élevés (allant de 56 à 49).
Paiements
par mobile
De même, l’accès au téléphone mobile connaît un développement
exponentiel avec un taux de croissance de 37 % par an au cours des dix
dernières années. Plus de 62 Africains sur 100 ont aujourd’hui un
mobile, comparé à 89 % en moyenne pour les BRIC (Brésil, Russie, Inde,
Chine). Une véritable révolution. Ainsi, souligne Cyril F. Benoit, sur
un continent où le taux de bancarisation est relativement faible, on
est en train de passer directement aux paiements par mobile. « Mais,
affirme Karim Tadjeddine, directeur-associé de McKinsey & Compagny
en France, il faut nuancer cela : « il existe “quatre Afrique” » :
une des pays exportateurs de matières premières, une des économies
diversifiées, une des pays en transition vers ce modèle et une, enfin,
de la « pré-transition ».
La croissance africaine est de plus en plus soutenue par les dépenses
de consommation émanant des classes moyennes urbanisées, et moins par
les matières premières. Depuis 2000 l’Afrique est la région qui a crû
le plus vite au monde, plus vite que l’Asie. La croissance, cette
année, devrait être encore de 5 % en dépit des chocs violents. Car,
souligne Karim Tadjeddine, nombre d’entrepreneurs s’interrogent sur les
trois grandes crises touchant le continent : l’épidémie d’Ebola, le
terrorisme et la violente chute des cours du pétrole.
7
Décembre
2014
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