La "fracture numérique" se réduit rapidement entre le Nord et le Sud

Par Annie Kahn

Ces technologies de l'information et de la communication (TIC) sont emblématiques du basculement économique en cours. Le Rapport 2007-2008 sur l'économie de l'information, publié mercredi 6 février par la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (Cnuced), en dresse un tableau spectaculaire.

En 1996, les économies développées assuraient les deux tiers des exportations de produits et services de ce secteur, et les pays en développement, le tiers restant. Dix ans plus tard, les proportions se sont presque inversées. Les économies développées n'assurent plus que 47 % des exportations, les pays en développement s'arrogeant la plus grosse part du gâteau.

Chine et Inde sont les principaux acteurs de ce basculement. Pékin est désormais le premier exportateur mondial de produits du secteur des TIC, loin devant les Etats-Unis, suivis du Japon. Le premier pays européen, l'Allemagne, est 6e, le Royaume-Uni 11e et la France 13e. L'Inde s'est, elle, hissée au rang de 8e exportateur mondial de services relevant de ce secteur, avec un taux de croissance moyen annuel de plus de 37 % entre 2000 et 2005. Si cette croissance se poursuit, l'Inde se retrouvera parmi les tout premiers dans les années à venir.
Ces deux pays moteurs en ont entraîné d'autres dans leur sillage, car ils ont, à leur tour, commencer de sous-traiter une partie de leur production chez leurs voisins. Au Sri Lanka, le nombre d'informaticiens a ainsi presque triplé entre 2003 et 2008, indique le rapport de la Cnuced.

Logiquement le commerce Sud-Sud de biens du secteur des TIC a dépassé les échanges Nord-Sud en 2004.
Parallèlement, l'utilisation de ces nouvelles technologies a progressé dans toutes les parties du monde, mais avec des taux de croissance bien supérieurs dans les pays en développement : le nombre de téléphones mobiles pour 100 habitants a ainsi augmenté de 55 % dans les "économies en transition" entre 2002 et 2006, contre 9 % dans les pays développés. Les chiffres sont du même ordre de grandeur pour la pénétration d'Internet.

COÛTS D'ACCÈS PLUS RÉDUITS

Si les pays les moins développés continuent de rester à l'écart en matière de production de biens ou de services de haute technologie, ils progressent néanmoins en matière d'utilisation. "Le rythme des innovations dans le secteur des TIC a été si rapide que les coûts d'accès à ces technologies ont été considérablement réduits, ce qui a permis de démocratiser le recours aux TIC", affirme le rapport. En conséquence, la fracture numérique s'est réduite. La téléphonie mobile notamment s'est bien diffusée. Au Ghana, le nombre d'abonnés est passé de 8 % à 23 % entre 2002 et 2006. C'est le pays qui a connu la plus forte augmentation du nombre d'utilisateurs par habitant. Les connexions à Internet augmentent aussi dans ces pays, qui restent néanmoins encore peu équipés en réseau haut débit.

Cette diffusion sert aux particuliers mais aussi et surtout aux entreprises, ce qui dynamise l'économie de ces pays. Car Internet, mais aussi les services de transmissions de données sur téléphone mobile, permettent aux populations rurales d'être mieux informées.

Pour mesurer l'importance de ce phénomène dans les pays en développement, et inciter d'autres pays à en faire autant, les auteurs du rapport ont étudié avec attention le cas de la Thaïlande. Une augmentation de 10 % de la proportion de salariés utilisant des ordinateurs, dans ce pays, a permis une hausse de 3,5 % de la productivité, soit deux fois plus qu'en Finlande, pays réputé pour être en pointe à cet égard.

Février 2008

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