Afrique : la révolution numérique est en marche
Par IDRISS AYA / Responsable Commercial Le 02/08 à 11:22

Dès 2014, Alassane Ouattara, président de Côte d’Ivoire avait prévenu ses compatriotes : "L’Afrique a raté la seconde révolution industrielle, elle n’a pas le droit de rater la troisième ?" Et il semble bien avoir été entendu.

Pour Jean-Michel Huet, associé BearingPoint, l'Afrique se prépare à une transformation digitale sans précédent. Et celle-ci devrait concerner aussi bien les États que les entreprises et les citoyens.

L'auteur du livre "Le digital en Afrique" prévoit cinq "étapes majeures" du développement de la capacité africaine de produire, stocker et échanger de l'information. Le premier saut, qui a déjà commencé, est celui du développement des télécoms. Alors qu'elle a traditionnellement affiché un faible taux de pénétration des accès téléphoniques, l'Afrique devrait se rattraper sans passer par la ligne fixe.

Deuxième saut, celui du paiement par mobile. Il est en train de se mettre en place plus vite qu'en Europe ou en Amérique, et ce alors que les pays africains restent peu bancarisés. Troisième saut : le e-commerce, un secteur auquel le continent africain offre une toute nouvelle voie de développement. "Les sites à succès tel Jumia sont plus des places de marché ne gérant pas leur stock", s'enthousiasme M. Huet. Il évoque un modèle qui "s'adapte à la spécificité locale" tout en permettant d'enrichir le catalogue.

Quatrième saut : l'introduction du digital dans le secteur public grâce à des projets e-gouvernement, e-santé, e-éducation, etc. Enfin, cinquième saut, le développement de l'économie des plateformes et des smart cities à l'africaine.



Les jeunes, clé de la révolution

L'Afrique semble ainsi décidée à ne pas rater la révolution numérique. Comme le prouve également l'Africa Code Week, puissant vecteur d'alphabétisation numérique visant à "mettre entre les mains des jeunes Africains les outils et compétences dont ils ont besoin pour réussir au 21e siècle et contribuer activement à l'essor économique de l'Afrique".

Lors de la deuxième édition, en 2016, plus de 426 000 jeunes de 30 pays ont appris les bases de la programmation informatique. Forts de ce succès retentissant, les organisateurs espèrent former 500 000 jeunes sur 35 pays africains lors de l'édition 2017, qui se tiendra entre les 18 et 25 octobre prochains.

"En les accompagnant dans l'apprentissage de cette nouvelle langue vivante qu'est le code, Africa Code Week permet aux jeunes Africains de saisir les opportunités sans précédent que leur réserve la révolution numérique et de devenir acteurs de l'économie mondiale du savoir", explique Claire Gillissen-Duval, directrice de la responsabilité sociétale d'entreprise en Europe, Moyen-Orient et Afrique chez SAP et chef de la délégation Africa Code Week.



Le numérique au secours des plus fragiles

Tout le continent africain se prépare aux transformations à venir. Même le Rwanda, pays pourtant dévasté par le génocide de 1994, "mise aujourd'hui résolument sur l'avenir et investit massivement dans Internet", rapportent Les Échos. Pour le quotidien économique, le Rwanda est tout simplement en train de devenir l'"épicentre" de l'Afrique numérique grâce à "de solides politiques publiques, des investissements privés internationaux et sa position géographique", des atouts lui permettant d'offrir aux entrepreneurs "les meilleures opportunités du continent".

L'Afrique, nouvelle terre promise du numérique ? Peut-être bien. Pour Rima le Coguic, responsable de la division Transport, Télécoms et Énergie Durable à l'Agence française de développement (AFD), "l'innovation numérique permet de faire sauter des étapes aux trajectoires de développement de l'Afrique en renforçant l'inclusion sociale et financière et en devenant un moteur de croissance et d'emploi".

Alors que les pays africains doivent encore relever des défis importants en matière de réduction de la pauvreté et croissance inclusive, le numérique pourrait être l'opportunité pour les pouvoirs publics, les entreprises et les citoyens de transformer le fonctionnement de la société au bénéfice des plus fragiles.

2 Août 2017

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