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J-72 des Présidentielles: Un nouveau visage pour l’Algérie ?
L'algérie se cherche un nouveau chemin
par Fella Bouredji de Slate Afrique
Des
joues pleines sur lesquelles se dessine le même teint blême depuis un
an. Le front haut et lisse contraste toujours avec ses cheveux
clairsemés. Ses sourcils en accent circonflexe ne sourcillent
plus. Ses yeux clairs, écarquillés et brillants se creusent encore
dans ce visage rond immobile mais ne fixent plus personne. Juste un
point vague dans le néant.
Cruauté
de la médecine, de Ain Naâdja (hôpital militaire algérois) au
Val-de-Grâce (hôpital français où se soigne Bouteflika) : les limites
sont les mêmes. Le pouvoir du temps défie les progrès de la modernité
et tous les jeux de pouvoirs. Son heure (politique) semble avoir sonné.
A moins de trafiquer son bulletin de santé pour les Présidentielles. Ce
qui est loin d’être évident.
Bouteflika, 76 ans, actuellement en convalescence, briguera-t-il un quatrième mandat ?
Bien qu’affaibli et absent de la scène médiatique depuis des mois, le
chef de l’Etat (ou plutôt son clan) laisse encore planer le doute.
Plus de 80 prétendants à la magistrature suprême, venus de partout et
sortis de nulle part (pour certains), ont tous en tête un seul
adversaire : un Président sortant, qui après 14 ans au pouvoir, refuse
de dire son dernier mot. Il n’a toujours pas révélé ses intentions et
plus les jours passent, plus ses opposants croient voir le bout du
tunnel.
A J-72 des Présidentielles, — prévues pour le 17 avril 2014 —
l’Etat Algérien s’apprête-t-il à, enfin, changer de visage ? Avec un
peu de chances.
Quatre mandats et un enterrement ?
Il reste à savoir quel autre visage, que celui de l’inamovible
Abdelaziz Bouteflika, pourrait prendre le régime Algérien. 85
prétendants à la candidature auraient retiré les formulaires de
souscription auprès du ministère de l’Intérieur, à peine une semaine
après la convocation du corps électoral, le 17 janvier 2014.
Haut gradé de l’armée, chefs de partis, écrivain, commerçant,
universitaires, émigrés, la liste est aussi longue que variée. Et
pourtant une seule question tient en haleine 39 millions d’Algériens et
fait vaciller les espoirs de tous ces prétendants au palais d’El
Mouradia : Bouteflika briguera-t-il un quatrième mandat? Comme si ses
14 ans à la tête de l’Etat avaient bien démontrer que cette possibilité
empêchait toute autre alternative.
Le suspense est sciemment maintenu et les différents clans au pouvoir
multiplient les jeux médiatiques, les manoeuvres et les ballons-sondes
accentuant un flou déjà insoutenable. Mêmes les analystes les plus
avertis sont dans l’incertitude. Dans une déclaration récente à la
presse où il témoignait d’un affaiblissement des services secrets
Algériens (DRS), Rachid Grim, politologue, a imaginé deux scénarios:
« Le premier, et plus probable, est le suivant : Bouteflika
se représente et sera élu. Il révise la Constitution et nomme un
vice-Président. Le deuxième interviendra dans le cas où Bouteflika ne
pourrait pas briguer un quatrième mandat. Il y aura donc un consensus
autour d’un autre candidat. Mais, le DRS n’aura bien évidemment pas son
mot à dire. »
Si le Président Bouteflika désire briguer un quatrième mandat, il a
jusqu’au 3 mars, date limite de dépôt de candidature, pour se décider.
Cette élection qualifiée de « mascarade » par tant
d’observateurs n’a pas encore livré « toutes ses
surprises ». Mais selon certaines indiscrétions, les jeux
sont faits. Les taux aussi.
13 Février 2014
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