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SOMMET EUROPE-AFRIQUE
L'UE pousse les accords de libre-échange avec l'Afrique
Par Anne Cheyvialle
Un sommet réunit à Bruxelles une quarantaine de chefs d'État africains. Au menu, un accord avec la Cedeao.
Pour
doper la croissance, l'Union européenne espère s'appuyer sur le
commerce et négocie tous azimuts une série d'accords de libre-échange.
Si le partenariat transatlantique avec les États-Unis occupe le devant
de la scène, elle pousse aussi ses pions en Afrique.
Lors du sommet UE-Afrique, qui s'ouvre ce mercredi à Bruxelles en
présence d'une quarantaine de chefs d'État africains, il sera question,
au-delà du sujet central de la sécurité avec une session consacrée à la
République centrafricaine, des accords de partenariat économique
(APE). Ces accords, que Bruxelles essaie de négocier depuis 2002 avec
les sous-régions du continent, prévoient le démantèlement progressif
des droits de douane. Ils ont jusqu'ici suscité beaucoup d'opposition,
notamment des ONG, car ils instituent un régime de réciprocité. Ainsi,
en échange d'une ouverture progressive des marchés africains au «made
in Europe», l'UE s'engage à éliminer tout tarif douanier dès l'entrée
en vigueur de l'APE.
Les principaux blocages portent sur la période de transition et sur la
part des produits européens libres de droits. L'accord le plus avancé
concerne la Cedeao, en Afrique de l'Ouest, qui comprend quinze pays,
dont ceux de la zone franc - Côte d'Ivoire, Mali, Sénégal… -
plus quelques pays anglophones dont le Nigeria, État le plus peuplé
d'Afrique. Il était sur le point d'être signé à Bruxelles par les chefs
d'État, mais le Nigeria a invoqué le week-end dernier des détails
techniques pour retarder le processus.
Poussée des émergents
Un assouplissement, du côté de Bruxelles poussé par Paris, a permis
d'accélérer les pourparlers. L'UE, qui visait une libéralisation de
85 % de ses exportations, a transigé sur 75 % et sur une
période plus longue, de vingt ans. Elle a fixé une échéance, octobre
2014, pour finaliser ces APE, au risque pour les pays africains de
perdre les régimes préférentiels mis en place dans l'intervalle. «Par
exemple, les importations de bananes en UE pourraient perdre leur
exonération», illustre Étienne Giros, président délégué du Conseil
français des investisseurs en Afrique (Cian).
Dans la balance, l'UE a également mis une enveloppe de
6,5 milliards d'euros pour aider les États africains à financer
les réformes nécessaires à ces nouveaux défis. Les baisses de droits de
douane s'appliqueront au départ sur les produits européens entrant dans
les unités de transformation. «L'objectif est de faciliter
l'industrialisation du continent», explique l'expert du Cian.
Côté européen, l'enjeu est de freiner la poussée des grands pays
émergents, très implantés en Afrique. Point important, l'UE a obtenu la
clause de la nation la plus favorisée: en clair, si la Cedeao venait à
signer un accord plus favorable avec un autre État, par exemple la
Chine, elle devrait l'appliquer à l'Europe.
Enfin, cet accord donnera un coup d'accélérateur aux autres
négociations en cours, en Afrique centrale et de l'Est, et au-delà
devrait faciliter l'intégration régionale du continent, facteur clé de
son développement.
4 Avril 2014
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