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Cap sur l'Afrique : l'Allemagne s'y met
Par Malick DIAWARA
"Les
entreprises allemandes commencent actuellement à lorgner sur l'Afrique
et voient un grand potentiel dans les classes moyennes émergentes
africaines, qui n'ont pas besoin d'une troisième Porsche, mais de biens
et de services comme le logement adapté aux besoins de l'Afrique."
C'est le constat que
vient de livrer Saschsa Meyer, dirigeant du cabinet de consulting
allemand African Development Solutions (Adesol). Selon l'agence Ecofin,
le géant industriel allemand Siemens estime, en effet, qu'un "point de
basculement" démographique devrait se produire en 2035 en Afrique,
c'est-à-dire lorsque plus de la moitié de la population vivra dans les
villes. Conséquence : il y aura une explosion de la demande pour
l'énergie, l'eau, le transport et les soins de santé. "La hausse de la
consommation en Afrique va créer plus de demande pour les produits
locaux, suscitant un cycle de renforcement de la croissance interne",
indique ainsi le directeur financier de la filiale sud-africaine de
Siemens, Sabine Dall'Omo.
Le privé a déjà analysé la situation, le public marque sa volonté politique
Et il n'y a pas que le privé qui regarde le continent avec des yeux de
Chimène, les autorités politiques aussi. Fin mars dernier, la
chancelière allemande Angela Merkel a ainsi eu à déclarer que
l'Allemagne était en mesure d'être un "courtier honnête" des matières
premières produites en Afrique. Objectif : aider le continent à mieux
profiter de ses richesses. "Certains pays africains ont des matières
premières. Nous voulons qu'eux aussi en profitent. L'Allemagne peut ici
être un courtier honnête", a-t-elle ajouté dans son podcast
hebdomadaire. "Il faut repenser l'Afrique et se dégager d'une vision
trop tournée vers les besoins d'aide de certains pays du continent",
a-t-elle soutenu, ajoutant que "de nombreux pays africains ont du
succès". En guise de ponctuation, Angela Merkel a invité les
entreprises allemandes à investir sur le continent.
En retour, pour réduire les obstacles de communication, la chancelière
a encouragé les Africains à se mettre à la langue de Goethe pour
ensuite venir étudier en Allemagne. Un signe que les enjeux multiples
d'une meilleure coopération et d'échanges renforcés avec l'Afrique sont
bien compris à Berlin.
L'Allemagne part de loin, mais est déjà sur orbite
Où en est la situation aujourd'hui ? Le deuxième exportateur mondial a
totalisé quelque 60 milliards de dollars d'échanges avec l'Afrique en
2013, un niveau bien inférieur à celui du commerce sino-africain, qui a
dépassé la barre de 200 milliards de dollars. Côté investissements, un
effort sera à faire en quantité et en diversification, car, sur les 9
milliards d'euros d'investissements allemands en Afrique, 8 milliards
sont concentrés en Afrique du Sud, en Algérie et au Nigeria.
Quoi qu'il en soit, l'Allemagne prend date. De même que les Américains,
qui viennent d'annoncer leur volonté de renforcer leur présence sur le
continent ; les Chinois, qui trouvent l'Afrique "incontournable" ; sans
compter les pays traditionnellement présents pour des raisons
historiques : la France et la Grande-Bretagne, la première puissance
économique européenne révèle ses ambitions. Gageons qu'elle ne
s'arrêtera pas en si bon chemin.
30 Mai 2014
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