Carlos Lopes : "L'aide n'est plus une panacée pour le développement de l'Afrique"
Par Malick Diawara|

Au 9e Forum pour le développement économique de l'Afrique, le secrétaire exécutif de la CEA* a encore rué dans les brancards.

"Commencé lundi dernier à Marrakech, le 9e Forum pour le développement économique de l'Afrique se tient pour la première fois hors du siège de la CEA à Addis-Abeba (Éthiopie). Il vise à renforcer la capacité du Continent à rechercher des mécanismes de financement novateurs comme alternative réelle pour financer le développement qui transformera l'Afrique.
 
Intervenant dans le cadre de ce forum dont le thème porte sur "Les modes de financement innovants pour la transformation de l'Afrique", Carlos Lopes a déclaré que "notre capacité de renforcer, mobiliser et préserver les capitaux en Afrique correspond à la recherche de mécanismes de financement innovants sur ce continent". Et de rappeler que "ces dernières années, les gouvernements africains ont contribué activement à la modification des possibilités d'investissement, indiquant que l'aide n'est plus la panacée..."

L'Afrique progressivement une destination de choix pour les capitaux ?

Pour Carlos Lopes, "à mesure que la réputation de l'Afrique grandit sur les marchés des capitaux au niveau mondial, chaque initiative particulièrement réussie fait de l'Afrique une destination de choix pour les flux mondiaux de capitaux". Aussi les gouvernements dotés d'une vision stratégique devront-ils se servir de ces capitaux, plutôt que de l'aide, pour financer des projets de transformation.
 "La réalité est que l'Afrique ne peut compter sur l'aide au développement pour se transformer ; elle s'oriente donc vers l'investissement privé et la mobilisation des ressources nationales !" a poursuivi le secrétaire exécutif de la Commission économique pour l'Afrique, pour qui le vrai critère reste "la confiance que les capitaux accorderont à l'Afrique, en résistant à la tentation d'une expérience sans lendemain".
 
Des perspectives d'investissement

À côté des infrastructures telles que le transport routier et ferroviaire qui représentent l'élément clef du programme de transformation, il existe en Afrique des perspectives d'investissement dans des secteurs tels que l'énergie, l'eau, l'exploitation des ressources minières, l'agro-alimentaire et le développement industriel. À cet égard, pour le secrétaire exécutif de la CEA, "la possibilité offerte aux investisseurs de diversifier leur portefeuille n'est pas négligeable, mais elle demeure un défi, compte tenu de l'absence marquée de liquidités et l'accès limité aux marchés de capitaux". Conséquence : "Les organismes de réglementation africains doivent instaurer un véritable dialogue avec les fonds d'investissement pour bien comprendre les règles à respecter sur les plans juridique et réglementaire, pour promouvoir un écosystème dynamique en Afrique." "Les gouvernements africains doivent assumer leurs responsabilités afin de créer un environnement porteur", a-t-il conseillé.

Des progrès enregistrés

Note de satisfecit de la CEA : "L'Afrique a fait des progrès considérables et son environnement économique et politique est de plus en plus stable et prévisible. La réduction des risques politiques et économiques renforce la confiance des investisseurs. Les initiatives prises par les gouvernements en matière de transformation structurelle s'appuient sur un nombre croissant d'individus ayant la formation requise et l'esprit d'entreprise."

De quoi ouvrir le chemin vers l'Objectif du forum, à savoir établir des liens entre la mobilisation des ressources et la réduction des barrières commerciales, économiques, institutionnelles et politiques, pour faire avancer les objectifs de développement post 2015. Pour rappel, le 8e forum s'était déroulé en octobre 2012 à Addis-Abeba (Éthiopie) sous le thème : "Gestion et mobilisation des ressources naturelles au service du développement de l'Afrique."

*CEA : Commission économique des Nations unies pour l'Afrique.

20 Octobre 2014

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