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Panafricanisme et renaissance africaine
par Nkosazana Dlamini-Zuma
Aujourd’hui
nous envisageons l’avenir avec calme, confiance et courage… Tels furent
les mots des fondateurs de l’Organisation de l’Unité Africaine, il y a
de cela cinquante ans.
Si nous
nous retournons sur ces cinquante dernières années, nous devons nous
souvenir que notre première priorité était d’obtenir l’indépendance
politique et d’éradiquer le régime de l’apartheid. Notre continent
s’est rassemblé autour de ces causes, a consenti des sacrifices et a
mutualisé ses ressources et ses efforts dans un élan de solidarité des
mouvements anticoloniaux et de libération. Sous le leadership de
l’Organisation de l’Unité africaine, l’Afrique a fait front uni sur ces
questions, a émis un message clair et a parlé d’une seule voix. Cette
unité d’objectif et d’esprit de sacrifice et de solidarité du
continent, qui a amplifié les efforts des mouvements de libération, a
conduit à la décolonisation et au démantèlement de l’Apartheid.
Le thème de cette année du jubilé
d’or, « Panafricanisme et renaissance africaine »,
est donc tout à fait adapté. Car l’esprit du panafricanisme et les
idéaux de la renaissance africaine nous ont amenés où nous sommes
aujourd’hui et nous ont propulsés vers une Afrique en paix avec
elle-même, intégrée, attentive aux individus et prospère. C’est cet
esprit et ces idéaux qui ont inspiré l’adoption du Plan d’action de
Lagos en 1980, le traité d’Abuja en 1990 et le NEPAD en 2001.
À cette occasion solennelle, il est donc approprié de rappeler les mots
d’un des combattants panafricanistes de la liberté, le Sud- Africain
Pixley Ka Isaka Seme : « L’Africain a déjà conscience que la position
qu’il occupe est une anomalie, et il souhaite en changer. Un jour plus
clair se lève sur l’Afrique. Je vois déjà ses chaînes se dissoudre ;
ses déserts produire des récoltes fécondes ; son Abyssinie et son
Zululand devenir des centres scientifiques et religieux, où la
splendeur du soleil se reflète sur les clochers des églises et les
toits des universités, son Congo et sa Gambie blanchis par le commerce
; ses villes dégager un bourdonnement affairé ; et tous ses fils (et
j’ajouterais ses filles) se battre pour les victoires de la paix… Oui,
cette ère nouvelle et pleine de promesses est celle de la régénération
de l’Afrique. » Nous devons garder à l’esprit ces mots, murmurés en
1906 ; notre situation actuelle et nos cinquante dernières années nous
appellent à croire que cette ère nouvelle et pleine de promesses est
bien celle de la régénération de l’Afrique.
LE TEMPS DE L’AFRIQUE EST VENU
Pourquoi sommes-nous si sûrs que le temps de l’Afrique est venu et que
nous pouvons réaliser nos rêves en cinquante ans, voire avant ?
Six des dix économies qui connaissent la plus forte croissance dans le
monde sont africaines, et le continent se développe à un rythme annuel
moyen de 5 % depuis plus d’une décennie, malgré la crise financière et
économique mondiale. Nous disposons d’une population jeune, en
expansion, dynamique et plein de ressources. Ces jeunes acquièrent
aujourd’hui des compétences cruciales, celles nécessaires à accomplir
la transformation de l’Afrique. Les Africains, en particulier les
jeunes, se sont emparés de la révolution que constituent les nouvelles
technologies, et qui a encouragé des approches innovantes de
l’information, de la micro-finance, et de la mobilisation des
producteurs ruraux grâce aux réseaux de téléphonie mobile. Le
développement de la classe moyenne africaine, actuellement estimée à
355 millions de personnes, va nécessairement entraîner des changements
dans de nombreux domaines, notamment une expansion du secteur privé et
de l’économie de la connaissance. Notre continent est riche en
ressources naturelles : des ressources minérales et marines, mais aussi
de vastes étendues de terres arables. Il s’agit de facteurs critiques
pour les processus de développement industriel et agricole qui doivent
nous amener vers la croissance de l’activité économique et des
échanges, mais aussi vers la transformation de nos sociétés.
Nous avons aussi institutionnalisé la bonne gouvernance et la
responsabilisation des dirigeants dans de nombreux pays, grâce à
l’Architecture africaine de gouvernance, et à travers la participation
de trente trois pays au Mécanisme africain d’évaluation par les pairs
(MAEP). Près de 90 % des pays africains ont traversé la décennie
écoulée dans la paix et la stabilité, et poursuivent sur leur lancée.
Parallèlement, notre continent renforce continuellement sa capacité à
faire face aux conflits qui le traversent.
L’Afrique doit donc s’affirmer et faire valoir son rôle planétaire, en
tant que pôle de la croissance mondiale. Nous avons le devoir de faire
valoir nos arguments et de remettre en cause les modes de pensée et les
paradigmes conventionnels. Il nous revient aussi de remettre au goût du
jour la passion panafricaniste de nos pères et de nos peuples, dans
l’unité, l’autonomie, l’intégration et la solidarité.
ÉTENDRE ET CONSOLIDER LA PAIX ET LA SÉCURITÉ
Bien qu’optimistes, nous restons conscients des énormes défis qui se
dressent devant nous. On ne rappellera jamais assez les besoins
fondamentaux que sont la paix et la sécurité. Sans paix et sans
sécurité, aucun pays, aucune région ne peut prétendre à la prospérité
pour tous ses habitants. Même si nous sommes fiers des progrès
accomplis sur le continent, nous devons aussi reconnaître qu’il reste
beaucoup à faire pour résoudre les situations conflictuelles qui
persistent ou qui se font ou refont jour dans certains pays.
Le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine a poursuivi ses
efforts pour traiter les cas de la Somalie, de la Guinée-Bissau, des
régions orientales de la République démocratique du Congo, de la
République centrafricaine, du Darfour, des Comores, du Soudan et du
Sud-Soudan, de Madagascar, du Sahara occidental, et plus récemment du
Mali et du Sahel. Nous continuons à soutenir ces pays en situation de
post-conflit, pour consolider leurs efforts de reconstruction et de
pacification.
Nous devons aussi faire face à une résurgence des tentatives de
renversement, par des groupes rebelles, des gouvernements
démocratiquement élus. L’Union doit absolument rester ferme sur
son mot d’ordre : « pas de
changement inconstitutionnel de
gouvernement ». Nous devons rehausser notre capacité à défendre les
gouvernements démocratiquement élus ainsi que leur intégrité
territoriale. Il nous faut pour cela accélérer la mise en place de la
Force africaine en attente et de tous les autres mécanismes qui nous
permettent d’intervenir rapidement lorsque le besoin s’en fait sentir.
La communauté internationale en général et les Nations Unies en
particulier ont apporté un concours et un soutien constants aux efforts
africains pour résoudre les conflits sur le continent.
Même si la négociation d’accords de paix représente une tâche urgente
et cruciale dans la résolution des conflits, il ne s’agit que de la
première étape. La garantie d’une paix et d’une stabilité durables ne
peut être obtenue que par une reconstruction post-conflit tous azimuts
et en s’attaquant aux racines des différends. Nous devons donc faire
plus pour accorder l’Architecture africaine de paix et de sécurité
(AAPS) avec l’Architecture africaine de gouvernance (AAG) et donner un
élan, apporter un soutien et une direction aux efforts actuels de
l’Union africaine et des groupes régionaux dans la recherche de
solutions durables aux conflits.
RELEVER LES DÉFIS DE LA TRANSFORMATION DE L’AFRIQUE
En renouvelant notre engagement pour le panafricanisme et la
renaissance africaine, nous prenons le temps de relever d’autres défis
qui se présentent sur notre route de réforme. Il ne s’agit pas
simplement des menaces anciennes ou nouvelles sur la paix et la
sécurité. La lenteur des progrès obtenus dans la diversification de nos
économies est problématique, de même que nous avons besoin de
développer rapidement les échanges interafricains et un meilleur accès
aux marchés mondiaux. Nous devons aussi concrétiser notre quête de
stratégies innovantes et alternatives pour la mobilisation de
ressources et, dans la droite ligne du panafricanisme, exhorter les
mieux dotés d’entre nous, sur quelque domaine ou ressource que ce soit,
à faire preuve de solidarité envers ceux qui sont encore défavorisés.
Nous ne pouvons rester indifférents au fait que notre continent, qui
est le plus faible contributeur au réchauffement planétaire, soit celui
qui subisse pourtant les plus fortes conséquences du changement
climatique. Nous en appelons à l’équité et à la justice, pour ce qui
est de la mutualisation, l’adaptation et la gouvernance (y compris le
financement) des conséquences du réchauffement climatique.
Même si nous disposons de cadres de travail et de stratégies établies
dans presque tous les domaines essentiels à notre développement, nous
devons encore considérablement renforcer notre capacité à mettre
réellement en œuvre les décisions prises. Nous devons donc nous assurer
que nos institutions travaillent avec efficacité, et qu’elles soient
réactives et appliquées à la mise en œuvre des orientations que nous
adoptons. L’Union et ses différents organes doivent s’adresser
véritablement aux citoyens africains, aux diverses tendances de la
société civile et à la diaspora, afin que nous unissions nos forces et
que nous mobilisions le continent pour sa renaissance.
UN CONTINENT D’ESPOIR ET D’OPPORTUNITÉS
Pour ma part, comme de nombreux autres Africains, je crois fermement et
sincèrement que ce rêve d’Afrique est non seulement réalisable, mais
peut prendre corps plus tôt qu’on ne le pense souvent. Il existe de
nombreux exemples de nations qui se sont métamorphosées en moins de
cinquante ans, passant du statut de pays pauvre du tiers monde à celui
d’État prospère à hauts revenus. Ces pays jouissent aujourd’hui de
niveaux de vie qui rivalisent, voire dépassent ceux des nations
développées : pensons aux pays du golfe Persique, à Singapour, à la
Corée du Sud, à la Turquie, à la Malaisie ou encore à la Chine.
Le développement économique sans précédent qui a propulsé la Chine au
deuxième rang des économies mondiales était en gestation dès les années
1970. En 1978, le produit intérieur brut (PIB) chinois n’était que de
147,3 milliards de dollars. En 2009, il s’élevait à 4,9 trillions.
L’année dernière, il atteignait le niveau phénoménal de 7,298
trillions. En 1978, les indicateurs sociaux et économiques de la Chine
n’étaient pas si éloignés de ceux de l’Afrique d’aujourd’hui. Ainsi, 63
% de la population chinoise vivait sous le seuil international de
pauvreté. En 2007, ce chiffre était tombé sous les 4 %.
Nous pouvons donc être optimistes et enthousiastes : en cette année de
50e anniversaire de notre institution, notre continent est
porteur d’espérances et d’opportunités, et il s’est mis en marche. Dans
toute une série de domaines cruciaux pour notre développement, nous
avons pris notre destin en mains et nous nous sommes accordés sur la
marche à suivre. À la sueur de notre front, qui irrigue tous les jours
nos terres, nous relancerons le Programme détaillé de développement de
l’agriculture africaine (PDDAA). Nous devons utiliser ce programme pour
améliorer la productivité de nos agricultures et faciliter la
transformation des produits agricoles, en nous appuyant sur les
communautés économiques régionales et leurs États membres. Grâce à ce
programme et à d’autres actions coordonnées, nous garantirons notre
sécurité alimentaire et nutritionnelle, pour que tous les enfants du
continent mangent à leur faim et soient mieux nourris. Au bout du
compte, nous prendrons la mesure de notre avantage compétitif, et nous
deviendrons exportateurs nets de produits alimentaires vers le reste du
monde. Tout ceci permettra à l’Afrique de s’affirmer et de faire valoir
sa voix pour la fixation des cours des denrées alimentaires qui doivent
être plus équitables. Nous assurerons ainsi un accroissement des
revenus des paysans, tout en transformant les conditions de vie de nos
populations, notamment dans les zones rurales.
Pour assurer des conditions de vie décentes et la liberté de mouvement
à nos concitoyens, nous devons accélérer l’intégration et les
interconnexions. Les progrès que nous observons dans le développement
des projets d’infrastructures prioritaires du Programme de
développement des infrastructures en Afrique (PIDA) dans les secteurs
du transport, de l’énergie et des TIC sont donc encourageants. D’autant
plus que des avancées notables sont visibles, là où nous faisons appel
à des ressources domestiques. Le cabinet Deloitte and Touche a ainsi
souligné dans son rapport « Adressing Africa’s
Infrastructure Challenges » («
Relever les défis des
infrastructures de l’Afrique ») que « les gouvernements africains,
historiquement, ont financé une part notable du développement des
infrastructures sur le continent ». Étant donné l’ampleur de nos
besoins en infrastructure, la mobilisation des ressources et la
diversification des modèles de financement représentent des axes clés
du PIDA, en collaboration avec l’agence du NEPAD et les communautés
économiques régionales (CER). Les couloirs de transport envisagés dans
le cadre de cette initiative permettront aux jeunes de Mogadiscio de
s’arrêter à Tombouctou, en route vers Gorée, et ouvriront la
possibilité de transporter des produits du Cap au Caire.
Les infrastructures réseau à haut débit permettront à nos concitoyens
de se connecter à partir des endroits les plus reculés du continent, et
d’avoir accès à des services publics ou privés, ainsi qu’à toutes
sorties d’opportunités. Nos jeunes entrepreneurs, poètes, écrivains et
linguistes alimenteront le cyberespace africain et modèleront ses
contenus, afin de pouvoir partager et promouvoir notre culture, nos
langues, nos savoirs indigènes et notre développement. L’Afrique pourra
ainsi composer sa propre histoire.
Le développement de l’éducation et de la formation se trouve au cœur de
nos efforts de régénération. L’Université panafricaine et plus
généralement l’expansion de notre système d’éducation supérieure
apportera à nos jeunes les compétences critiques pour s’investir dans
l’innovation, les sciences, l’entreprenariat, la recherche, le
développement social et l’industrialisation.
La Conférence des ministres de l’intérieur et des autres ministres en
charge de l’état civil et des statistiques vitales exprime l’espoir que
des recommandations seront émises pour mettre fin au scandale de
l’invisibilité de millions d’Africains, dont la naissance et l’identité
ne sont recensés nulle part, ce qui les empêche de faire valoir leurs
droits ou d’accéder aux services publics. Le déficit en termes de
statistiques gêne les efforts de planification et de prévision. Et le
manque de registres d’état civil exacts et fiables mine la sécurité et
les efforts accomplis pour mettre en place des systèmes de gestion des
migrations qui donneraient une plus grande liberté de mouvement aux
citoyens de tous les pays.
Remercions tous les champions continentaux qui ont établi des
performances dans les principaux domaines programmatiques de l’Union,
en particulier celui des infrastructures et qui, par leur dévouement et
leurs prises de position, contribuent à une prise de conscience, à une
diffusion des success stories africaines, et à favoriser leur
reproduction. L’Afrique a encore besoin de nombreux champions de cette
trempe, de tous les coins du continent, et dans un éventail de domaines
encore plus grand.
Les femmes représentent plus de la moitié de la population africaine.
Elles donnent naissance à l’autre moitié. Elles constituent aussi les
trois quarts de la main d’œuvre agricole. Ou encore la majeure partie
des commerçants transfrontaliers. Et elles assurent aussi le bien- être
et la reproduction des familles, des communautés, des travailleurs et
de nos sociétés.
Notre continent a pris de nombreuses décisions qui vont vers
l’émancipation des femmes et l’égalité des sexes, au rang desquelles la
déclaration de la Décennie des femmes ; il ne reste plus qu’à les
mettre en œuvre, et nous devons mettre l’accent sur la nécessité de
donner corps aux décisions prises. Samora Machel, le président du
Mozambique, disait : « l’émancipation des femmes n’est pas un geste de
charité, ou le résultat d’une démarche humanitaire ou compassionnelle.
La libération des femmes est un besoin fondamental de la révolution, la
garantie de sa poursuite et une condition sine qua non de la victoire ».
Nous avons pris des mesures pour améliorer la coordination des
communautés économiques régionales (CER), qui sont des blocs essentiels
de notre Union ; la Commission de
l’UA travaille étroitement avec les CER et planifie son
action avec elles. Nous collaborons aussi étroitement avec la
Commission économique des Nations Unies pour l’Afrique, la Banque
africaine de développement et l’agence du NEPAD pour assurer une
meilleure coordination de nos efforts, pour nous appuyer sur nos rôles
respectifs, différents, mais complémentaires, afin de faire progresser
l’agenda africain.
Lorsque ces programmes et ces efforts continentaux porteront leurs
fruits, les Africains — qu’ils soient jeunes ou vieux, hommes ou
femmes, citadins ou ruraux — seront, de la périphérie au centre, les
acteurs de la renaissance de notre continent et les capitaines de leur
propre destinée.
Les programmes continentaux peuvent largement s’appuyer sur les
soutiens que nous apportent des partenaires des quatre coins du monde.
Nous savons apprécier à sa juste valeur leur apport inestimable, alors
que l’Afrique prend aujourd’hui en charge son destin.
ACCÉLÉRER LA MARCHE DE L’AFRIQUE VERS L’INTÉGRATION, LA PROSPÉRITÉ ET LA PAIX
Au cours de cette année du jubilé d’or, alors que nous renouvelons
notre engagement envers le panafricanisme et la renaissance africaine,
nous devrions prendre le temps d’échanger sur ce qu’il nous faut encore
faire pour que prenne forme une vision africaine de l’intégration, de
la prospérité et de la paix.
Nous devons nous demander si les modèles de croissance que nous suivons
aujourd’hui pourront nous amener à un développement durable et qui
prenne en compte tout le monde. Et si oui, jusqu’à quel point ? Quel
cadre devons-nous poser pour faire place à un changement qualitatif ?
Quels rôles — distincts, mais complémentaires — doivent jouer l’État,
le secteur privé, la société civile et la diaspora dans nos économies ?
Comment faciliter la création de capital indigène et le développement
d’un secteur privé viable et dynamique, qui soit non seulement capable
d’investir dans l’industrie lourde en Afrique — y compris dans les
infrastructures — mais aussi d’être compétitif et reconnu sur les
marchés mondiaux ? Comment l’Afrique peut-elle mobiliser ses ressources
pour s’assurer qu’elle finance et donc maîtrise son
programme de développement ?
Comment pouvons-nous renforcer nos institutions et
autres ressources pour assurer la mise en œuvre de nos décisions et de
nos politiques ? Que pouvons-nous encore faire, ou comment améliorer ce
que nous avons déjà fait ?
Ces interrogations ne sont que quelques-unes des questions que nous
devons nous poser, et auxquelles nous devons répondre en toute candeur
— en cette année de cinquantième anniversaire — si nous voulons
réaliser notre rêve dans les cinquante années à venir. Alors que nous
ravivons l’esprit du panafricanisme et les idéaux de la renaissance
africaine, je souhaite citer les mots d’un de nos écrivains, Ben Okri,
dans son livre Ways of Being Free (Chemins de liberté) : « ils me
disent que la nature veut la survie des plus forts. Et ils observent de
merveilleux poissons dorés évoluer entre les rochers silencieux des
fonds de l’océan, pendant que les requins sillonnent les eaux dans
leurs rêves inatteignables de domination océanique et alors que les
baleines disparaissent (…) combien de papillons et d’iguanes prospèrent
alors que les éléphants s’éteignent et que même les lions feulent dans
une solitude toujours plus grande. Il n’y a pas de peuple impuissant.
Il n’y a que ceux qui n’ont pas vu et pas mis en action leur force et
leur volonté. Ce serait peut-être un exploit inespéré à certains yeux,
mais ceux qu’on sous-estime peuvent tout à fait contribuer à
l’avènement d’une nouvelle ère de l’histoire humaine. Un nouvel élan
doit venir de ceux qui souffrent le plus, et qui sont le plus attachés
à la vie. »
Ce n’est qu’en nous donnant une vision et un destin communs que nous
pourrons triompher et prospérer. Imprégnons-nous des mots de Ben Okri,
« il n’y a pas de peuple impuissant »…
Nkosazana Dlamini-Zuma
Ces réflexions de Nkosazana Dlamini-Zuma, Présidente de la Commission
de l’Union africaine, ont été formulées à l’occasion du cinquantième
anniversaire de l’Organisation panafricaine lors du débat d’Addis-
Abeba en janvier 2013.
4 Septembre 2013
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