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Bruxelles veut refonder la relation économique avec l'Afrique
GABRIEL GRESILLON Le 16/09 à 14:35Mis à jour le 17/09 à 17:27
La Commission veut soutenir l'investissement sur le continent. Le but : généraliser la pratique de l'effet de levier.
Faire
plus et mieux pour l'Afrique. En présentant, vendredi, son projet de
partenariat avec le Continent voisin, la Commission européenne a tenté
de convaincre qu'elle abordait le sujet avec une philosophie nouvelle.
Derrière la formule de son président Jean-Claude Juncker, qui propose
de bâtir une relation « d'égal à égal », il s'agit
en particulier de mettre l'accent sur l'investissement plutôt que sur
les subventions.
Arrière-pensées
La crise migratoire n'est pas pour rien dans cette nouvelle impulsion.
Alors que l'évolution démographique de l'Afrique fait craindre à
certains une déferlante migratoire en Europe d'ici à 2050, un consensus
émerge quant à la nécessité d'aider les économies africaines. Les vents
sont favorables : en 2018, parmi les dix pays affichant la plus
forte croissance dans le monde, six sont situés en Afrique (Côte
d'Ivoire, Djibouti, Ethiopie, Ghana, Sénégal et Tanzanie).
Un autre facteur incite les Européens à rehausser leur niveau de jeu
sur le continent africain : la concurrence chinoise . Même
si, précise Federica Mogherini, la haute représentante européenne pour
les Affaires étrangères, l'Union européenne est encore, de loin, le
partenaire principal de l'Afrique. Elle représente 36 % de son
commerce extérieur et 40 % des investissements directs étrangers
sur le continent. A comparer à respectivement 16 % et 5 %
pour la Chine, avance la commissaire italienne. Mais pris isolément,
les pays européens ne font plus le poids face à Pékin.
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Le plan Juncker, encore lui
Reste à trouver les moyens. Bruxelles propose de généraliser la
méthode testée avec le plan Juncker : l'utilisation de fonds
européens pour rassembler des acteurs publics et privés autour de
projets d'investissements. Le but étant de créer un effet de levier et,
avec 1 euro du budget de l'Union, de mobiliser entre 6 et
11 euros d'investissements, selon les cas de figure. Alors que
l'Union européenne aura mobilisé 42 milliards d'euros pour
l'Afrique sur la période 2014-2020, essentiellement sous forme de
subventions, Bruxelles propose de porter ce chiffre à 61 milliards
entre 2021 et 2027. Mais en accordant, cette fois, la part
belle aux investissements par effet de levier. De quoi espérer plus de
400 milliards d'euros d'investissements sur cette période.
A la Commission, on fait remarquer que les fonds européens représentent
entre 20 % et 25 % de tout ce que mobilise l'Europe pour
l'Afrique, compte tenu des contributions des Etats
membres. « Si les Etats membres nous suivent sur cette
logique, nous avons donc les moyens de faire la différence en
volume », plaide un officiel.
La balle dans le camp des Etats
La perspective reste toutefois encore lointaine : non seulement la
négociation du budget européen 2021-2027 s'annonce épique ,
faisant planer un doute sur les 61 milliards avancés par
Bruxelles. Mais il est peu probable que les Etats membres, souvent sous
forte contrainte budgétaire, suivent la Commission qui souhaite
augmenter de 45 % son financement à l'Afrique. « J'en
appelle aux Etats membres pour qu'ils soient cohérents quand ils disent
que l'Afrique doit être LA priorité », plaide Federica Mogherini.
Gabriel Grésillon
18 Septembre 2018
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