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Villes d'Afrique : humaniser l'avenir
par
Jeune Afrique
En
marge du 4e Sommet mondial des dirigeants locaux et régionaux, qui se
tient à Rabat du 1er au 4 octobre, s'est tenue, mardi, la
conférence-débat "Améliorer l’attractivité des villes d’Afrique",
organisée par Rabat 2013, l'Organisation des cités et gouvernements
locaux unis d'Afrique (CGLUA) et "Jeune Afrique". Au coeur de cette
journée de réflexion, une question : comment rendre les villes
africaines attractives, aux investisseurs et aux touristes, mais aussi
et surtout à leurs habitants ?
"Le
monde juge et jugera l’Afrique sur l’état de ses villes", constate au
pupitre Jacqueline Moustache-Belle, maire de Victoria, la capitale des
Seychelles, devant un public d’experts de la vie urbaine. Ce 1er
octobre à Rabat, dans l’auditorium du ministère marocain des Affaires
étrangères, des élus, des hauts fonctionnaires et des décideurs du
continent et au-delà participent à la Conférence-débat "Améliorer
l’attractivité des villes d’Afrique".
Organisée en marge du 4e Sommet mondial des dirigeants locaux et
régionaux qui se tient dans la capitale chérifienne du 1er au 4
octobre, la journée se concentrait sur ce défi particulier à l’Afrique
: rendre ses villes attractives, aux investisseurs et aux touristes,
mais aussi et surtout à ses habitants.
Fathallah
Oualalou, le maire de Rabat, constate les "efforts des grandes villes
et régions du monde développé, mais aussi de plus en plus de pays
émergents, de se présenter comme des milieux de vie offrant des
conditions favorables à l’accueil des entreprises et des populations".
Le cas de Bilbao où la magie du musée Guggenheim a fini par rendre
beauté et prospérité économique à la cité espagnole, fait référence en
la matière. "Les villes d'Afrique figurent dans le peloton de queue des
nombreux classements sur le climat des affaires, la cherté, la qualité
de vie, etc. Elles ne se sont pas préoccupées de promouvoir leur
attractivité jusqu’ici", poursuit l’élu marocain, dont la ville a été
classée deuxième destination à absolument visiter en 2013 par CNN en
janvier 2013.
Le
citoyen "habité par sa ville"
Directeur exécutif du Groupe Jeune Afrique, Amir Ben Yahmed constate
justement que c'est seulement "au Maroc et en Afrique du sud (que) les
pouvoirs publics locaux ont compris qu’il fallait devancer l’État dans
les stratégies de décentralisation et de mise en valeur des
territoires". Autres préalables pour atteindre l’objectif
d’attractivité : mettre en œuvre des visions à long terme, définir
clairement le positionnement marketing de la ville sur le continent et
dans le monde et engager des politiques de communications ciblées et
soutenues. "On parle de l’attrait d’une ville à l’extérieur, mais on
constate que les villes les plus attractives, Paris, New York ou
Londres, cherchent à l’être pour leurs citoyens avant tout", ajoute
Amir Ben Yahmed. Un débateur observe qu’il faut "construire avec la
population et non pas pour elle". Le géographe marocain et président de
la Commission régionale des droits de l'homme d'Agadir, Mohammed
Charef, souligne pour sa part qu’en plus d’habiter sa ville, le citoyen
"doit être habité par sa ville, car l’attractivité ce n’est pas
seulement l’attrait économique ; c’est aussi le patrimoine, le social
et l’engagement de la population dans la vie de la cité".
Constat unanime, l’humanisation des villes est un enjeu majeur pour
bâtir un avenir meilleur. C’est ce qui a notamment guidé l’Office
chérifien des phosphates dans la réalisation de la Cité verte Mohammed
VI, à proximité de la petite ville minière et agricole de Benguérir
entre Casablanca et Marrackech. Bâtie autour d’un cœur universitaire,
mille hectares d’aménagements accueilleront 100 000 habitants à
l’horizon 2040. Les premiers bâtiments du campus sont sur le point
d’être livrés. Les équipements serviront aux deux villes qui seront
jointes par un long couloir végétal. "Les espaces verts occuperont
vingt mètres carrés pour un habitant, le double des recommandations de
l’OMS, souligne Kenza Abbad Andalussi, directeur de la stratégie et du
développement au sein du groupe OCP. Nous avons conçu une ville
polycentrique avec des centres de vie dans chaque quartiers pour
limiter l’automobile et privilégier les déplacements à pieds".
Un acte très concret a conclu ce débat d’idées et d’expériences, la
signature d’un accord de partenariat entre Microsoft et l'Organisation
des cités et gouvernements locaux unis d'Afrique (CGLUA). Le géant
américain de l’informatique apportera son savoir-faire aux villes en
pleine mutation et dont la gestion du trafic, de la sécurité, des
systèmes de communication est de plus en plus en plus compliquée.
Citant Lamartine, le géographe Mohammed Charef a rappelé que "les
utopies sont des vérités prématurées".
2
Octobre 2013
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