Barack Obama rompt avec la politique de George Bush sur l'environnement
Par Sylvain Cypel
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Avec
Barack Obama, les Verts américains s'installent à la Maison Blanche.
Non pas le parti vert, quasi inexistant (sa candidate a recueilli moins
de 0,2 % des suffrages à la dernière élection présidentielle), mais les
convictions environnementalistes, incarnées par certains des plus
éminents scientifiques du pays.
Le président élu a, en effet,
nommé comme son premier conseiller scientifique après son entrée à la
Maison Blanche, le 20 janvier, l'une des personnalités les plus
critiques de la politique menée durant huit ans par l'administration
Bush dans le domaine de l'environnement.
Physicien renommé de
l'université Harvard, John Holdren, 64 ans, est très actif sur les
questions de politique scientifique, du réchauffement planétaire aux
risques de prolifération nucléaire. Il s'était élevé avec virulence
contre la décision de l'Agence américaine de protection de
l'environnement (EPA), prise en juillet, de renoncer définitivement à
adopter toute législation contraignante pour abaisser le volume des
émissions de gaz à effet de serre aux Etats-Unis (qui sont, avec la
Chine, le plus gros émetteur mondial de CO2).
VIRAGE À 180 DEGRÉS
L'administration
Bush avait motivé sa décision par la "complexité" scientifique du
problème. M. Holdren avait dénoncé sa propension à éluder les études
qui ne lui convenaient pas. De fait, trois jours avant la décision de
l'EPA, le vice-président, Dick Cheney, avait obtenu qu'un témoignage
devant une commission du Sénat concernant l'impact du réchauffement
climatique sur les maladies infectieuses soit retiré d'un rapport
officiel. Motif : M. Cheney avait émis des "réserves sur sa validité
scientifique".
En présentant son équipe, M. Obama a donc rappelé
qu'il "est temps de remettre la science au sommet de l'agenda" de son
pays et que tous les progrès dans ce domaine ont été obtenus par "des
dirigeants qui respectent l'intégrité des processus scientifiques".
La
désignation du professeur Holdren, survenant après celle, il y a
quelques jours, du prix Nobel de physique Steven Chu comme secrétaire à
l'énergie, un homme très alarmiste sur le réchauffement climatique et
partisan avéré des énergies renouvelables, apparaît comme un signe fort
de l'intention du président élu de faire de ces thèmes une priorité de
son mandat. Et ce d'autant qu'il a également désigné la biologiste Jane
Lubchenco pour diriger l'Administration océanique et atmosphérique
nationale (NOAA). Cette spécialiste des milieux marins est membre de la
direction de la Société écologique américaine.
Ces nominations
constituent un virage à 180 degrés par rapport à la politique de
l'administration Bush, "la plus anti-science que j'ai jamais vue",
selon l'ancien Prix Nobel de médecine David Baltimore.
Mais leur
enjeu est autant social que scientifique. Devant l'aggravation rapide
de la situation de l'emploi au Etats-Unis, M. Obama a indiqué, dimanche
21 décembre, qu'il entend augmenter l'effort prévu pour créer de
nouveaux emplois, dont un tiers environ devraient être des "cols verts".
Avril 2009
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