Ban Ki-moon : «Il y aura un accord à Copenhague» Par Propos recueillis par Richard Heuzé à Rome
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De
passage à Rome pour assister au sommet mondial sur la sécurité
alimentaire, le secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon a
répondu aux questions de quelques journalistes européens, dont le
correspondant du Figaro.
Le sommet de Rome qui ne comporte aucun engagement chiffré pour combattre la faim est-il un échec ? Il
faut voir comment mettre en œuvre les décisions qui seront prises. Lors
du sommet du Millénaire en l'an 2000, nous étions convenus de diminuer
de moitié la pauvreté extrême d'ici 2015. L'an prochain, en septembre,
je convoquerai à New York un sommet spécial sur cet objectif, que je
considère encore valide. La sécurité alimentaire reste en tête de notre
agenda. | |
Y a-t-il un lien avec la lutte contre le changement climatique ? Très
étroit. Sans sécurité climatique, il ne peut y avoir de sécurité
alimentaire. Les sécheresses prolongées, les pluies torrentielles, les
restrictions à l'accès à l'eau potable affectent la productivité
agricole. Un milliard d'êtres humains souffrent la faim. Il faut
interrompre ce cercle vicieux.
Craignez-vous un échec du sommet de Copenhague, le mois prochain ? Il
y aura un accord politiquement contraignant et substantiel. Nous
devrons conclure un nouveau traité (succédant en décembre 2012 au
protocole de Kyoto) qui soit global, équitable et juridiquement
contraignant. C'est notre but. Ce sera fait. Je m'attends que tous les
leaders s'engagent à Copenhague. Washington devra se conformer à ce
traité dès que possible.
Quand ? D'ici juin 2010 ? Faudra-t-il attendre un autre sommet à Mexico ? Les
leaders devront convenir d'un délai. Il ne nous reste pas beaucoup de
temps. Le réchauffement climatique s'accélère plus vite qu'on ne
pensait. Tous conviennent de l'urgence de décisions. Des progrès
significatifs ont été faits. On partage le point de vue que la
température ne doit pas augmenter de plus de deux degrés (NDLR :
par rapport à l'ère préindustrielle). Les pays industrialisés sont
d'accord pour se fixer des objectifs ambitieux à moyen terme.
L'adaptation (aux changements climatiques) est très importante. Une
convergence se fait aussi sur la nécessité de soutiens substantiels,
financiers et technologiques, pour les pays en développement. Au moins
dix milliards de dollars par an d'ici 2012, pendant la phase de
transition. Puis, après la ratification du nouveau traité, il faudra
songer à un paquet de 100 milliards de dollars par an jusqu'en 2020.
Vous attendez-vous à un refus du Sénat américain ? La
semaine dernière, j'ai rencontré les leaders démocrates et républicains
au sénat américain. J'ai obtenu de leur part un très large soutien.
S'ils n'adopteront formellement aucun accord global avant Copenhague,
ils disent pouvoir envisager de reconnaître un cadre politique, ce qui
aiderait beaucoup. Au sommet sur le climat que j'avais convoqué en
septembre à New York, une centaine de leaders du monde entier s'étaient
déclarés en faveur d'un accord. J'ai bon espoir d'y parvenir.
Comment se comportera la Chine ? A
New York, le président Hu Jintao avait affirmé que son pays réduirait
de manière significative ses émissions de gaz et augmenterait le niveau
d'énergie renouvelable. Je suis allé en Chine et j'ai été impressionné
par l'effort qui y est fait.
Que pensez-vous de la situation en Iran ? Je
suis profondément déçu et préoccupé. Je pense que les dirigeants
iraniens ont perdu une occasion importante. Ils ont maintenant la
responsabilité de prouver qu'ils poursuivent leur programme
d'enrichissement de l'uranium à des fins exclusivement pacifiques. Il
leur faudra appliquer les résolutions du Conseil de Sécurité, au nombre
de cinq. Trois comportent des sanctions. Au Conseil de sécurité de
décider que faire. Je crois qu'il faut continuer de négocier. C'est le
meilleur choix.
Le retrait du personnel de l'ONU d'Afghanistan est-il définitif ? Ce
n'est pas un retrait, c'est un redéploiement temporaire. Une partie du
personnel ira dans les pays voisins. Les autres seront regroupés. Après
l'assassinat de cinq d'entre eux, nous devons renforcer la sécurité.
Nous étions déployés dans 91 endroits différents, à Kaboul et en
province. Il n'était pas pensable de continuer dans ces conditions..
Novembre 2009
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