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Pour sauver le climat, un tiers du pétrole devra rester dans le sol
Par Laurent Sacco, Futura-Sciences
Le
réchauffement climatique est un phénomène inquiétant mais la
raréfaction des sources d’énergie fossiles l'est tout autant. Le manque
de pétrole devrait impacter sérieusement notre civilisation en tout
premier lieu. Le mieux pour lutter contre le changement climatique
serait encore de laisser une bonne partie des énergies fossiles
restantes dans le sol.
Le défi climatique : Objectif: +2ºC !
La
crise de l’énergie semble plus préoccupante à court terme que celle du
réchauffement climatique. C'est pourtant bien ce dernier qui reste le
plus menaçant pour l’humanité. En effet, l’utilisation des énergies
renouvelables, en particulier de l’énergie solaire, devrait finalement
nous permettre de continuer à faire fonctionner nos sociétés. Dans la
seconde moitié du XXIe siècle l’exploitation industrielle de la fusion
contrôlée sera même peut-être passée du rêve à la réalité.
En revanche, les observateurs risquent d'être beaucoup moins optimistes
quant au changement climatique si la température moyenne globale de la
Planète augmente de deux degrés. Au-delà, il semble que plus rien ne
garantisse la stabilité du climat qui pourrait changer de façon
catastrophique et durable, notamment si l’on prend en compte la bombe
climatique que représentent peut-être les suintements de méthane. Des
techniques sont pourtant en cours de développement pour capter et
séquestrer le gaz carbonique et limiter ainsi l’effet de serre
qu’engendrent les rejets de CO2 par l’industrie.
Une limite de mille milliards de tonnes de CO2 dans l'atmosphère
Mais, même ainsi, si l’on en croit une étude parue dans Nature et
réalisée par Christophe McGlade et Paul Ekins, deux membres de
l’Institute for Sustainable Resources du célèbre University College
London (UCL), il n’est pas possible d’atteindre l'objectif fixé par les
experts du Giec — limiter le réchauffement climatique à une
augmentation de la température globale de deux degrés —, sans refuser
de toucher à une partie du stock des énergies fossiles encore dans les
entrailles de la Planète. C’est ce que clame Christophe McGlade quand
il affirme : « les hommes politiques doivent réaliser que leur instinct
consistant à recourir aux énergies fossiles disponibles sur leur
territoire est incompatible avec leur engagement à tenir l’objectif de
2°C ».
En effet, selon le Giec, les Hommes ne peuvent plus se permettre
d’injecter dans l’atmosphère qu’une quantité de gaz carbonique
inférieure à celle qui porterait son contenu en CO2 à environ 1.000
milliards de tonnes de ce gaz à effet de serre. Or, l’exploitation des
hydrocarbures et du charbon encore dans le sol de la Terre conduirait à
la libération de 3.000 milliards de tonnes de CO2 environ.
Selon les deux hommes, il faut donc que les producteurs de pétrole au
Moyen-Orient renoncent à exploiter près de 40 % de leurs réserves
pétrolières et la Chine, les États-Unis et la Russie, l’essentiel de
leur charbon. À l’échelle de la Planète, il faudrait même refuser
d'exploiter un tiers des réserves pétrolières, la moitié des réserves
de gaz et plus de 80 % du charbon. Et ce jusqu'en 2050. La nécessité de
trouver des alternatives aux énergies fossiles se fait donc de plus en
plus pressante.
15 Janvier 2015
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