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Ile de Mainau, sur le lac de Constance, en Allemagne 36 Prix Nobel appellent à une action urgente contre le changement climatique
COMMUNIQUÉ DE PRESSE / 3 JUILLET 2015
Trente-six
lauréats du prix Nobel, réunis sur l’île de Mainau, sur le lac de
Constance, en Allemagne, ont signé une déclaration dite « de
Mainau » sur le changement climatique vendredi 3 juillet.
Cinq mois avant la Conférence de l’ONU sur les changements climatiques
(COP21), lors de laquelle 195 Etats pourraient adopter le premier
accord universel sur le climat, le texte appelle « à prendre des
mesures décisives afin de limiter les futures émissions mondiales de
gaz à effet de serre ».
Nous
soussignés, scientifiques lauréats du prix Nobel, avons rejoint les
rives du lac de Constance dans le sud de l’Allemagne afin d’échanger
nos points de vue avec de jeunes chercheurs prometteurs qui viennent
comme nous du monde entier. Il y a près de soixante ans, ici, à Mainau,
une assemblée similaire de lauréats du prix Nobel de sciences a publié
une déclaration sur les dangers inhérents à la nouvelle technologie des
armes nucléaires — une technologie résultant des avancées dans les
sciences fondamentales.
Jusqu’ici, nous sommes parvenus à éviter une guerre nucléaire, même si
la menace demeure. Nous pensons que notre monde est aujourd’hui
confronté à une autre menace d’une ampleur comparable. Des générations
successives de chercheurs ont contribué à créer un monde de plus en
plus prospère. Cette prospérité s’est faite au prix d’une augmentation
rapide de la consommation des ressources de la planète. En l’absence de
maîtrise, notre demande sans cesse croissante en produits alimentaires,
en eau et en énergie finira par dépasser la capacité de la terre à
satisfaire les besoins de l’humanité, et mènera à une tragédie humaine
générale. Déjà, les scientifiques qui étudient le climat de la terre
constatent l’impact des activités humaines.
En réponse au changement climatique généré par l’homme, l’Organisation
des Nations unies a créé le Groupe d’experts intergouvernemental sur
l’évolution du climat (GIEC) afin de fournir aux décideurs mondiaux un
résumé de l’état actuel des connaissances scientifiques pertinentes.
Bien que loin d’être parfaits, les efforts qui ont conduit à l’actuel
cinquième Rapport d’évaluation du GIEC représentent, à notre avis, la
meilleure source d’information concernant l’état actuel des
connaissances sur le changement climatique. Nous ne le disons pas en
tant qu’experts dans le domaine du changement climatique, mais plutôt
comme un groupe diversifié de scientifiques qui ont un profond respect
et une compréhension de l’intégrité du processus scientifique.
Bien qu’il subsiste une incertitude quant à l’étendue exacte du
changement climatique, les conclusions de la communauté scientifique
contenues dans le dernier rapport du GIEC sont alarmantes, en
particulier concernant le maintien de la prospérité humaine, en cas
d’une augmentation de plus de 2 °C de la température moyenne
mondiale. Le rapport conclut que les émissions anthropiques de gaz à
effet de serre sont la cause probable du réchauffement climatique
actuel de la Terre. Les prévisions formulées à partir des modèles
climatiques indiquent que ce réchauffement va très probablement, au
cours du prochain siècle, augmenter la température de la Terre de plus
de 2 °C par rapport à son niveau préindustriel, à moins que des
réductions spectaculaires ne soient faites dans les émissions
anthropiques de gaz à effet de serre au cours des prochaines décennies.
D’après les évaluations du GIEC, le monde doit faire de rapides progrès
dans la réduction des émissions actuelles et futures de gaz à effet de
serre afin de minimiser les risques importants de changement
climatique. Nous pensons que les nations du monde doivent profiter de
l’occasion donnée par la Conférence sur les changements climatiques des
Nations unies à Paris, en décembre 2015, pour prendre des mesures
décisives afin de limiter les futures émissions mondiales. Cet effort
exigera la coopération de toutes les nations, développées ou en
développement, et il devra être poursuivi à l’avenir, en accord avec
les évaluations scientifiques actualisées. L’inaction soumettra les
générations futures de l’humanité à un risque inadmissible et
inacceptable.
Peter Agre, Michael Bishop,
Elizabeth Blackburn, Martin Chalfie, Claude Cohen-Tannoudji, Steven
Chu, James Cronin, Peter Doherty, Gerhard Ertl, Edmond Fischer, Walter
Gilbert, Roy Glauber, David Gross, John Hall, Stefan Hell, Serge
Haroche, Jules Hoffmann, Klaus von Klitzing, Harold Kroto, William
Moerner, Ferid Murad, Ei-Ichi Negishi, Saul Perlmutter, William
Phillips, Richard Roberts, Kailash Satyarthi, Brian Schmidt, Hamilton
Smith, George Smoot, Jack Szostak, Roger Tsien, Harold Varmus, Robin
Warren, Arieh Warshel, Robert Wilson, Torsten Wiesel.
6 Juillet 2015
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