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COP 21 La COP 21 s'apprêterait à saborder 10 ans de finance climat
Par Aline Robert
Avec
ses 8000 projets dans les pays en développement, le Mécanisme pour
un Développement Propre, issu du protocole de Kyoto, vivote
encore. L'Accord de Paris risque de l'achever.
L’accord
de Paris doit relancer les négociations climatiques. Ce qui passe par
un grand ménage des dispositifs onusiens contre le changement
climatique. A commencer par les
rejetons du protocole de Kyoto. L’accord signé au Japon en 1997 a en
effet mis en œuvre des dispositifs complexes de réductions d’émissions
de CO2. Au niveau des Etats, comme au niveau des entreprises, il était
possible de financer des projets de réduction d’émissions de CO2 dans
les pays du Sud (ou pays de l’annexe II) et de les prendre à leur
compte.
Une idée qui a fait du chemin.
Depuis 2005, 7900 projets dans 107 pays ont émis 1,6 milliard de
crédits. Le tout pour un investissement total de près de 100
milliards d’euros. Soit une réduction théorique de 1,6 milliard de
tonnes de CO2. Un montant modeste au regard des 10 milliards de tonnes
de CO2 émises par la Chine chaque année.
Un système moribond
L’accord de Paris devrait
achever le système moribond, qui survit depuis la fin du protocole, en
2012. « Avec la fin de la séparation des pays en Annexe I et
Annexe II, le mécanisme de développement propre n’existera plus de
facto », constate Antoine Guillou, coordinateur du pôle énergie et
climat de Terra Nova.
Les erreurs de méthode de
départ sont à l’origine de la déconfiture du système, qui a accueilli
des projets au profil contestable, comme les producteurs de gaz
industriels (protoxyde d’azote, gaz réfrigérants) ou les barrages.
Des secteurs qui ont représenté la grande majorité du total de crédits
MDP. « Au point que certains projets de fabrication de gaz
industriels ont été construits dans le seul but de récupérer des
crédits » rappelle Antoine Guillou.
Une minorité de projets a
néanmoins permis d’investir dans des énergies renouvelables, comme ces
éoliennes à Essaouira au Maroc, des fours solaires en Afrique, ou
encore la fabrication de méthane au Népal (Voir photo). Mais comme
pour le programme équivalent de Mise en Œuvre Conjointe ( MOC),
dédié à l’ex-URSS, les scandales à répétition ont décrédibilisé le
mécanisme.
Tant et si bien que plus
personne n’a souhaité acheter ces crédits. L’Union européenne a
restreint puis fermé son marché du CO2, qui représentait le principal
débouché du MDP.
Bilan, le prix des crédits
d’émission s’est effondré. De 22 dollars par tonne en 2011, il a sombré
à quelques centimes actuellement. Faute de demande, les projets ont
tout simplement été mis à l’arrêt.
Recyclage dans l’aviation et le transport maritime
Pourtant, l’administration du
MDP fonctionne toujours, avançant mécaniquement comme un poulet sans
tête. Ainsi, son conseil exécutif se réunira du 23 au 27 novembre
à Paris, au siège de l’Unesco, pour…préparer la COP21.
Les plus optimistes tentent en effet de recycler le Mécanisme de
Développement propre en essayant de ranimer la demande. L’UNFCCC a
ainsi créé une plate-forme qui permet d’annuler des crédits directement
sur son site internet. Mais même cette démarche, lancée en septembre
dernier, a échoué : très peu de parties prenantes ont fait
l’effort de s’inscrire. L’UNFCCC reconnait d’ailleurs avoir souvent
perdu les coordonnées des initiateurs de projets.
Pour relancer la demande,
l’organisme a aussi démarché le secteur de l’aviation, qui s’est engagé
à réduire ses émissions de CO2 à partir de 2020, celui du transport
maritime, qui n’est pour l’heure contraint à rien, ou encore le Fonds
vert pour le Climat pour pouvoir recycler leurs projets. Sans
grand succès pour l’instant.
De son côté, le Fonds Vert pour
le climat, qui vient de lancer ses 8 premiers projets, semble au
contraire garder ses distances. Malgré sa petite taille, il bénéficie
d’une meilleure crédibilité grâce à l’engagement des pays du Nord
d'apporter 100 milliards de dollars par an à la lutte contre le
réchauffement climatique dans les pays en développement, dont il devra
gérer une partie.
CONTEXTE
Pour parvenir à un nouvel
accord universel sur le climat, applicable à tous, les délégués des 195
pays-parties à la Convention-cadre des Nations unies sur les
changements climatiques (CCNUCC) se sont régulièrement réunis pour
avancer sur le texte qui sera voté à Paris en décembre.
Lors de la première session de
négociations, du 8 au 13 février à Genève (Suisse), ils ont
poursuivi les travaux à partir des premiers éléments déjà produits lors
de la COP20 de Lima (Pérou), du 1er au 14 décembre 2014. Au terme
d’une semaine de travail, les délégués se sont mis d’accord sur un
texte de 86 pages devant servir de base pour les sessions suivantes au
nombre de quatre. La dernière session a eu lieu du 19 au 23 octobre à
Bonn (Allemagne), siège de la CCNUCC. Les 1 300 délégués ont
finalisé le texte qui sera discuté lors de la COP21
En parallèle du processus de
négociation, le ministre des Affaires étrangères et du Développement
international et futur président de la COP21 Laurent Fabius a organisé
deux réunions de consultations ministérielles informelles, en
juillet (en savoir plus) et en septembre (en savoir plus), à
Paris. L’objectif de ces séances de travail a été de trouver des
compromis pour permettre d’avancer dans les négociations. Plus d’une
cinquantaine de ministres ont répondu à chaque fois à l’invitation.
Cette année de négociations a
été marquée par la publication du rapport de l’OCDE avec le think tank
Climate Policy Initiative sur les financements climat le 7 octobre.
D’après le rapport, 62 milliards de dollars ont été mobilisés en 2014
par les pays développés en faveur des pays en développement pour les
aider à faire face aux changements climatiques (en savoir plus).
Une annonce qui a permis constater que l’objectif des 100 milliards de
dollars par an d’ici 2020, pris par les pays développés à Copenhague en
2009 (en savoir plus), est à portée de main.
En plus du volet financier,
l’autre temps fort a été la publication du rapport de synthèse de la
CCNUCC sur les contributions nationales le 30 octobre. Les pays avaient
jusqu’au 1er octobre pour publier leur feuille de route sur leur
politique de réduction des émissions de gaz à effet de
serre (GES), afin qu’elles soient comptabilisées dans la synthèse.
La CCNUCC a étudié l’impact de 146 contributions nationales. En l’état,
la trajectoire mondiale des émissions de GES dessinée par les
contributions publiées nous situeraient en 2030 sur une trajectoire
menant à environ 3°C à la fin du siècle, comprise entre 2,7 et 3,5°C.
Le scénario du pire, avec un réchauffement proche des 4,5 voire 6°C,
qui correspond aux trajectoires actuelles d’émissions et jusqu’ici
considéré par les scientifiques comme le plus probable, s’éloigne.
Grâce à ces contributions, l’objectif des 2°C d’ici 2100 peut être
atteint, à condition d’accélérer la dynamique . Un des enjeux de
l’accord de Paris sera de mettre en place un mécanisme de révision
périodique, idéalement tous les cinq ans, pour relever l’ambition de
chacun et d’améliorer progressivement la trajectoire collective.
Le dernier rendez-vous avant la COP21 a eu
lieu à Paris du 8 au 10 novembre à Paris. Plus de 60 ministres venus du
monde entier ont répondu à l’invitation du ministre des Affaires
étrangères Laurent Fabius pour la pré-COP.
18 Novembre 2015
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