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Risques climatiques : L’Afrique grâvement menacée
Par Hicham Benjamaa
800
catastrophes naturelles ont été recensées dans le continent en 2013 et
2014, générant une perte de 4% du PIB. 600 millions d’hectares de
terres fertiles ont été desséchées et abandonnées du fait du
tarissement des ressources en eau.
«Résilience
africaine face aux risques climatiques et aux catastrophes naturelles»
était le thème de la 2e conférence organisée, le 28 avril à Rabat, par
le think thank «Africa 2025». Cette rencontre, qui a été marquée par la
participation d’un grand nombre d’experts marocains et d’autres pays
africains, a pour principal objectif de «sensibiliser et d’informer les
populations, les élus et les dirigeants sur le risque de catastrophes
naturelles» ainsi que de «développer les actions de prévention et de
mesure des risques de catastrophes» en vue d’en minimiser les impacts
humanitaires.
Ce qui fait dire à Hakima El Haite, ministre chargée de
l’environnement, qu’«aujourd’hui, lorsqu’on parle de climat, on parle
aussi d’agenda de développement, de stabilité des populations et de
sécurité». Et d’estimer que «l’Afrique est le continent qui a souffert
et continue de souffrir de l’impact des changements climatiques». A ce
titre, la ministre a indiqué qu’en 2013 et 2014, 800 catastrophes
naturelles ont été recensées au niveau africain, générant une perte de
4% du PIB. Ce qui signifie, selon elle, que «l’Afrique est le continent
qui concentre toutes les vulnérabilités» et que «les catastrophes
naturelles qui étaient jadis des exceptions sont devenues la norme».
Quant à Wassalké Boukari, ministre de l’environnement et du
développement durable de la République du Niger, il constate que «le
plus grand nombre de réfugiés ne sont pas des réfugiés de guerre, mais
des réfugiés climatiques». Et de préciser que «ce que nous attendons de
la COP22, c’est la mise en œuvre pratique des engagements que nous
avons pris à Paris».
Les changements climatiques poussent vers le choix d’un modèle de développement durable
Bien qu’ils génèrent à peine 4% des émissions mondiales de gaz à effet
de serre, les pays africains demeurent les plus touchés par le
réchauffement climatique et leurs ressources en eau ne cessent de
diminuer. Ce qui fait qu’aujourd’hui 300 millions d’Africains n’ont pas
accès à l’eau potable. A cela s’ajoute la dégradation des terres
agricoles. Le continent compte en effet 600 millions d’hectares de
terres fertiles qui ont été desséchées et abandonnées à cause de
l’absence d’eau.
Par ailleurs, au cours de ces dix dernières années, 48 millions de
personnes ont migré du Sud vers le Nord, en raison du climat et de la
pauvreté. Les changements climatiques ont également eu pour conséquence
le rehaussement du niveau des mers, ce qui est susceptible d’entraîner
la disparition de territoires tout entiers. Le Royaume, qui dispose de
3 500 km de côtes maritimes, n’est pas non plus épargné par ce risque.
Il n’en reste pas moins que, malgré toutes les vulnérabilités et le
retard de développement qu’accuse le continent, celui-ci affiche une
croissance inégalée et constitue un réservoir d’opportunités pour les
investisseurs étrangers et un marché de consommateurs important.
C’est ainsi qu’en 2050, 80% de la population africaine sera une
population de standing moyen. De même que les changements climatiques
représentent une opportunité pour faire le choix d’un modèle de
développement durable, d’autant plus que les fonds pour financer la
croissance verte sont disponibles. A titre d’exemple, lors de la COP21,
les pays développés se sont engagés à octroyer 100 milliards de dollars
par an à partir de 2020 aux pays les plus vulnérables. Pour bénéficier
de ces fonds, l’Afrique devra renforcer ses capacités afin de préparer
les plans nationaux d’adaptation et les contributions des pays. Pour sa
part, le Maroc, dont l’ambition est d’exporter un jour de l’énergie
verte, dispose d’un savoir-faire qu’il est prêt à partager avec les
autres pays africains. D’ailleurs, le succès de la COP22 de Marrakech
dépendra, en grande partie, de «l’opérationnalisation des mesures» qui
permettront aux pays africains et aux Etats les plus vulnérables de
faire face aux changements climatiques.
8 Mai 2016
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