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L'accélération du réchauffement dépasse toutes les prévisions
Par Marielle Court
Dans
une tribune publiée par l'ONG Universal Ecological Fund, six
climatologues internationaux alertent sur les risques d'emballement des
températures et l'impossibilité de respecter l'engagement des 2°C.
À
la veille de la nouvelle conférence sur le climat (COP 22) qui se
tiendra du 7 au 18 novembre à Marrakech au Maroc, six climatologues
s'inquiètent de la dérive que connaît la hausse des températures dans
une tribune cosignée et publiée par l'ONG Universal Ecological Fund
(FEU-US). Un texte de sept pages baptisé «la vérité sur le changement
climatique». La hausse des températures sur la Terre s'accélère et «il
est nécessaire de doubler, voire tripler les efforts» pour limiter les
émissions de gaz à effet de serre, alertent-ils.
Alors que les signataires de l'Accord de Paris lors de la conférence
climat de 2015 se sont engagés à ne pas dépasser une hausse des
températures de plus de 2°C, voire de tout faire pour maintenir cette
hausse en deçà de 1,5°C, les climatologues originaires des États-Unis
du Brésil, d'Argentine et d'Europe (Italie, Autriche, Grande-Bretagne)
estiment ainsi que la température moyenne sur la planète pourrait
grimper de deux degrés Celsius par rapport à l'ère préindustrielle dès
2050.
L'objectif de ne pas aller au-delà de cette limite a été fixé pour
éviter les pires effets du changement climatique, comme une forte
montée du niveau des océans et une plus grande fréquence des événements
météorologiques extrêmes. Le nombre de phénomènes climatiques liés au
réchauffement comme les sécheresses, incendies de forêt, inondations et
ouragans, a déjà doublé depuis 1990 relèvent les experts. Or, en 2015,
la température moyenne sur le globe est déjà montée 1°C au-dessus de
celle de l'ère préindustrielle au XIXe siècle, selon l'Organisation
Météorologique Mondiale. En 2012, la progression n'était que de 0,85°C.
«Le réchauffement se produit maintenant et beaucoup plus vite que
prévu», insiste Robert Watson, ancien président du Groupe d'experts
intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC), et porte-parole
des six scientifiques.
Le risque américain
Certes tous les pays signataires de Paris se sont engagés sur des
mesures dans leurs pays pour limiter la hausse des températures. Mais
quand bien même ces engagements seraient tous respectés - ce qui est
loin d'être acquis dans la mesure où il n'y a pas de mécanisme
contraignant - les émissions globales de gaz à effet de serre ne
diminueront pas assez rapidement au cours des quinze prochaines années
préviennent les scientifiques. L'objectif le plus ambitieux de
maintenir la hausse des températures sous 1,5°C est «presque
certainement impossible et pourrait même être atteint au début des
années 2030», selon ces scientifiques.
De surcroît, «des mesures politiques seront requises dans tous les pays
pour entériner ces engagements ainsi que l'adoption de réglementations
et d'incitations pour les mettre en œuvre au niveau national», a
souligné l'Italien Carlo Carraro, coprésident du Groupe de travail III
du Giec. Mais ce que les experts redoutent le plus est un possible
désengagement des États-Unis (deuxième plus gros émetteur de gaz à
effet de serre derrière la Chine). Donald Trump, s'il devait accéder à
la Maison-Blanche ne cache pas ses positions climatosceptiques, et si
c'est Hillary Clinton, la possibilité que «les deux chambres du Congrès
restent contrôlées par les républicains, posera un vrai problème pour
l'accord de Paris», a estimé le professeur Robert Watson dans un
entretien avec l'AFP. «La plate-forme politique des républicains veut
défaire l'accord de Paris et produire et exporter plus de charbon»,
s'est-il alarmé. «Cela encouragerait les autres pays à renoncer à leurs
engagements».
Pour rester sous les 2°C, les émissions globales de CO2 devront être
nulles d'ici 2060 à 2075, rappellent ces scientifiques, un objectif qui
paraît compliqué étant donné que 82% de toute l'énergie mondiale
provient à l'heure actuelle de la combustion du pétrole (31%) du
charbon (29%) et du gaz naturel (22%).
2 Octobre 2016
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