Les compagnies pétrolières dépensent chaque année 200 millions de dollars en lobbying contre le climat
Par Libération - Par Savinien de Rivet — 28 mai 2019 à 07:03
Selon
une étude de l'organisation InfluenceMap, les géants pétroliers sont
très impliqués dans le lobbying pour bloquer les mesures de lutte
contre le réchauffement climatique.
Les
principales sources de financement du lobbying contre les mesures
favorables au climat viennent des géants pétroliers, indique
l’organisation influenceMap. Cette dernière a compilé les données
issues des registres des lobbys, des rapports annuels, communiqués et
documents internes, ainsi que les campagnes sur les réseaux sociaux.
D’après le rapport, ces compagnies dépensent chaque année environ 200
millions de dollars pour leur lobbying. Depuis l’accord de Paris de
2015, leurs dépenses totales de lobbying climatique avoisinent le
milliard de dollars.
InfluenceMap
a également évalué, pour chaque compagnie pétrolière, le degré
d’opposition aux mesures favorables au climat. Sur une échelle de
A à F (A étant très favorables, F très opposé), les entreprises
Chevron, BP et Exxon Mobil sont les plus agressives quant au climat.
Shell et dans une moindre mesure Total ont légèrement adouci leur
position et se voient donc gratifiées d’un D.
Dépenses de Lobbying en millions de dollars
BP dépense le plus, Chevron est la plus agressive
Les organisations ont de plus en plus tendance à sous-traiter le lobbying climatique
Par le passé, le lobbying de compagnies telles qu’Exxon Mobil et ses
filiales consistait principalement à semer le doute sur la réalité
changement climatique. Cette position est devenue de moins en moins
tenable face au large consensus scientifique. Le lobbying des
compagnies pétrolières est aujourd’hui plus subtil. Il s’agit soit de
souligner l’impact négatif en termes d’emploi des lois favorables au
climat. Soit d’évoquer d’hypothétiques solutions technologiques dans le
futur, telles la décarbonisation.
Mais les compagnies pétrolières choisissent de plus en plus de
sous-traiter leur lobbying à des organisations tierces telles
l’influent American Petroleum Institute. Ce dernier a par exemple lancé
une campagne victorieuse en 2018 pour déréguler les activités issues du
pétrole et du gaz, et notamment les standards d’émission de méthane
(l’un des gaz à effets de serre les plus nocifs pour le climat).
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