Le réchauffement climatique lié aux activités humaines est connu depuis 40 ans !
Par Stéphane Foucart - Le Monde - Publié hier à 18h00, mis à jour à 06h03
La
communauté internationale et les politiques ont ignoré les
avertissements des scientifiques, et des entreprises ont sciemment semé
le doute dans l’opinion.
Sur la question climatique, tout regard rétrospectif sur l’accumulation
du savoir depuis un demi-siècle ne peut produire que deux
réactions : regret et consternation d’une part, effroi d’autre
part. Regret et consternation car, bien que la science sache fermement,
depuis au moins la fin des années 1970, que les émissions humaines de
gaz à effet de serre modifient profondément le climat terrestre, rien
n’a été entrepris à temps pour infléchir le cours des choses. Effroi,
car les nouvelles connaissances conduisent presque toujours à aggraver
les diagnostics précédents.
Mi-septembre 2019, les deux grandes institutions scientifiques
françaises impliquées dans des travaux de modélisation du climat
terrestre – le Centre national de recherches météorologiques et
l’Institut Pierre-Simon-Laplace – ont rendu publique la mise à jour de
leurs projections : dans le pire des scénarios de développement,
fondé sur une croissance économique soutenue par la combustion des
ressources fossiles, la température moyenne mondiale pourrait s’élever,
d’ici à 2100, de 6 °C à 7 °C par rapport au climat
préindustriel.
Les
dernières simulations de ces deux équipes, utilisées dans le dernier
rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du
climat (GIEC), sous-estimaient donc l’élévation de la température de
près de 1 °C. Comment imaginer l’adaptation des sociétés et des
économies dans un monde oppressé par une telle hausse des
températures ? Cette question est dangereusement ouverte.
Incendies et canicules
Car,
aujourd’hui, le thermomètre terrestre ne pointe qu’à environ 1 °C
de réchauffement, mais la situation est déjà difficilement gérable dans
les régions du monde les plus exposées aux risques de sécheresses, de
canicules ou d’inondations. A 1 °C de réchauffement, les océans se
sont en moyenne déjà élevés de 20 cm environ, l’acidité de leurs
eaux de surface s’est accrue de 25 % environ et l’avenir réserve
d’autres surprises, plus sombres encore. Chaque saison estivale charrie
désormais un lot croissant de catastrophes.
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