COP28 : Dernière chance pour l’humanité ?
Publié 26 novemvre 2023 - à 15h58, Initialement Publié le 24/11/2023 par TV5 MONDE À 15H35 (TU) Par Margot Hutton
Quels enjeux autour de l’organisation de la COP 28 aux Émirats arabes unis ?
La COP 28 s'ouvre ce 30 novembre 2023 à Dubaï, aux Émirats arabes unis. Le choix du lieu de cette COP a été dénoncé par de nombreuses ONG. De leur côté, les Émirats ont avancé plusieurs arguments pour défendre leur cause. Décryptage. Une Conférence de l’ONU pour le Climat peut-elle se tenir dans un pays qui tire plus de la moitié de ses revenus des énergies fossiles, à savoir le pétrole et le gaz, selon le think thank Carbon tracker ? La COP 28 est organisée du 30 novembre au 12 décembre à Dubaï, aux Émirats arabes unis. Le choix de ce pays hôte, septième réserve mondiale de pétrole, peut surprendre en raison de l’importance de la place des énergies fossiles au sein de son économie.
Comment est choisie la ville organisatrice de la COP ?
• L’organisation des COP dépend d’un principe de rotation géographique.
• Chaque année, elle tourne entre les cinq groupes régionaux de l’ONU, à savoir l’Europe de l’Ouest, l’Afrique, l’Asie Pacifique, l’Europe de l’Est, l’Amérique Latine et les Caraïbes.
• Chaque groupe décide en interne quel pays présentera sa candidature à la présidence de la COP.
• L’agence des Nations unies qui organise les COP chaque année, la CCNUCC, valide ensuite la candidature proposée par le groupe.
• Initialement, la Corée du Sud avait proposé sa candidature mais s’est désistée en 2021 au profit des Émirats arabes unis.
• De par leurs moyens financiers et leurs infrastructures existantes, les Émirats ont paru aptes à organiser la COP 28, qui est un événement qui requiert une logistique énorme.
Un choix critiqué par des responsables d’entreprises, ONG et climatologues
Le choix de la ville de Dubaï pour organiser ce sommet est critiqué de manière plutôt véhémente par plusieurs organismes. Le 30 septembre, dans une tribune publiée dans le quotidien français Le Monde, 180 responsables d’entreprises engagés dans la lutte pour le climat appellent au boycott de la COP 28. “Il est clair que le pays vit “par et pour” le pétrole, et y organiser une conférence des Nations unies sur le climat est non seulement absurde, mais dangereux”, estiment les signataires de la tribune.
“Dubaï, c’est vraiment un mauvais symbole, estime Vincent Huault, paléontologue à l’université de Lorraine, dans une interview à la radio France Bleu. C’est l’un des pays qui est le plus responsable du changement climatique. On va envoyer des gens en avion là-bas.” Selon lui, “on devrait plutôt aller dans un pays victime de la montée des eaux.” Dimanche 22 octobre, sur la place Stanislas à Nancy, il participait à un rassemblement du collectif “Scientifiques en rébellion” afin de dénoncer l’inaction climatique avant la COP28. Ce même groupe organise une COP alternative à Bordeaux du 30 novembre au 3 décembre pour sensibiliser les Français aux problématiques climatiques.
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De leur côté, de nombreuses ONG des droits humains dénoncent la politique de zéro tolérance des Émirats envers toute forme de critique. "Je ne pense pas que ce soit possible que la société civile puisse s'exprimer si les conditions restent les mêmes, explique Nathalie Godard, responsable du plaidoyer à Amnesty International, dans une interview à France Info. On espère qu'il y aura des changements d'ici la COP 28, pour que la COP puisse être réellement un forum de la société civile comme elle doit l'être."
Dubaï défend sa légitimité “Nous devons commencer à penser les COP autrement”, déclare Majid Al Suwaidi, directeur général de la COP 28 pour les Émirats arabes unis dans une interview accordée au quotidien économique français Les Échos. “Nous invitons tout le monde à venir à la table des négociations avec leurs solutions, leurs idées, leur contribution pour résoudre le problème, et à travailler ensemble.” Selon lui, les acteurs du gaz et du pétrole sont “les mieux placés” pour prendre les décisions susceptibles d'améliorer qui peuvent faire avancer le secteur.
“Nous sommes un pays qui est en partie un pays en voie de développement, mais qui a su se développer très rapidement, poursuit Majid Al Suwaidi dans son interview aux Échos. Nous comprenons donc la problématique des pays en développement comme celles des pays donateurs dont nous faisons partie”. Il estime que les Émirats arabes unis sont “un pays intermédiaire entre ces différents acteurs.”
Par ailleurs, l’invitation lancée par Sultan Al-Jaber, président de la compagnie pétrogazière émiratie Adnoc mais aussi président de la COP 28, aux “décideurs du secteur financier”, “personnalités du secteur technologique”, mais aussi aux “dirigeants de tous les secteurs industriels importants de l’économie mondiale” a été vivement critiquée. Selon Sultan Al Jaber, “l’inclusivité est un facteur fondamental de la COP 28.” Il ajoute également que “plus de 20 compagnies pétrolières et gazières ont répondu à l’appel de la COP28 pour mettre fin aux émissions de méthane d’ici 2030.”
26 Novembre 2023
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