Remettre sur pied la Somalie
par William Hague, ministre des affaires étrangères britannique
La
Grande-Bretagne a accueilli, jeudi 23 février, une conférence
internationale majeure sur la Somalie à laquelle assistaient des chefs
de gouvernement et de hauts représentants de plus de cinquante pays et
organisations parmi lesquels le Secrétaire général des Nations-Unies,
Ban-Ki Moon, la secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton, le
ministre des affaires étrangères français, Alain Juppé, ainsi qu'une
importante délégation de dirigeants somaliens.
Nous sommes convenus ensemble
que le moment était venu de mettre en œuvre une série de mesures
pratiques destinées à aider la Somalie à se redresser.
Tout d'abord, nous avons affirmé que le gouvernement transitoire
somalien devra mettre fin à ses activités en août prochain, et qu'il ne
devra plus être reconduit dans ses fonctions. C'est le peuple somalien
qui doit déterminer la forme de ses futures institutions politiques –
aussi nous avons insisté sur le fait que le processus politique doit
être inclusif et représentatif. Nous avons également convenu que ledit
processus devait être ouvert à tous ceux qui sont prêts à rejeter la
violence, même s'ils se trouvent dans des zones actuellement contrôlées
par Al-Shahaab. Nous avons également donné suite à la décision prise
par les chefs d'Etat africains d'instituer un Conseil conjoint pour la
gestion financière afin d'améliorer la gestion des finances publiques.
Notre but est d'aboutir à la mise en place d'un mécanisme permettant de
réduire la corruption, de restaurer la confiance et de faire en sorte
que les fonds tant somaliens qu'étrangers soient utilisés de façon
appropriée et transparente pour fournir des services au peuple
somalien. Rétablir la sécurité est essentiel si l'on veut enregistrer
des avancées politiques. C'est pourquoi la communauté internationale a
convenu d'aider l'AMISOM (Force de maintien de la paix de l'Union
africaine) à se déployer en dehors de Mogadiscio afin de mieux contenir
la menace que représente actuellement Al-Shahaab. Une nouvelle
résolution de l'ONU a prévu une augmentation des personnels militaires,
qui passeront de 12 000 à 17 731 hommes, ainsi qu'un nouvel effort
financier pour leur équipement.
Nous avons également pris des mesures pour aider les régions
somaliennes où règne une relative stabilité, convenu des principes qui
doivent régir l'aide, et créé un fonds pour résoudre les querelles au
niveau local, proposer les emplois et les services de base dont les
habitants ont besoin et contribuer au développement des autorités
locales. Le gouvernement britannique a annoncé une contribution de 15
millions de livres (18 millions d'euros) et plusieurs pays ont promis
une participation financière.
La conférence s'est également penchée sur le problème du terrorisme –
une menace qui pèse tout à la fois sur le peuple somalien, la région et
le monde dans son ensemble. Elle a fixé comme objectifs prioritaires
d'enrayer le système de financement des terroristes et de les empêcher
d'entrer et de sortir de Somalie.
Nous allons également aider le système judiciaire somalien. Concernant
la piraterie, le gouvernement britannique et celui des Seychelles vont
mettre en place un centre régional anti-piraterie avec le soutien des
autres partenaires. Ce centre aura pour tâche de poursuivre les chefs,
les négociateurs de rançon et les intermédiaires afin de briser le
cycle lucratif de la piraterie. Des accords ont par ailleurs été
conclus entre différents pays afin de pouvoir traduire plus facilement
les suspects de piraterie devant les tribunaux de la région avant leur
transfert dans des prisons somaliennes.
La Somalie a subi l'année dernière une terrible famine. La conférence a
insisté pour que les donateurs du monde entier continuent de répondre
généreusement à la crise – et de fournir de l'aide sur la base du seul
besoin. En dépit de l'annonce rassurante faite par l'ONU, selon
laquelle les conditions ayant provoqué la famine ont désormais disparu
en Somalie, la situation humanitaire y reste profondément préoccupante.
Plus de deux millions de personnes sont toujours en situation précaire.
L'ensemble de ces mesures constitue une tentative d'infléchir la
dynamique en Somalie afin de faire passer le pays d'une situation
d'inexorable déclin à une situation de stabilité et de sécurité
croissantes.
Nous ne devons entretenir aucune illusion sur le temps qu'il faudra
pour y parvenir, et notre approche doit être réaliste et modeste. Nous
ne pouvons transformer radicalement la Somalie par une simple
conférence, et l'avenir du pays repose en dernier ressort entre les
mains des Somaliens eux-mêmes. Ils ne pourront toutefois réussir
seuls ; c'est pour cette raison que nous avons convoqué cette
conférence – afin de galvaniser le soutien international à la Somalie
et dire au peuple somalien que nous nous tiendrons à ses côtés. Et pour
rappeler à tous ceux qui importent et perpétuent délibérément la
violence et le terrorisme qu'ils ne doivent pas sous-estimer notre
résolution.
Traduit de l'anglais par Gilles Berton
Février 2012
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