Le chef du PKK appelle à une trêve, la Turquie ouverte au dialogue
Avec Le Monde.fr avec AFP et Reuters
Le
chef rebelle kurde Abdullah Ocalan a appelé, jeudi 21 mars, les
rebelles du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) à déposer les
armes et à quitter la Turquie, affirmant que le temps était venu de
"faire prévaloir la politique".
"Nous
sommes arrivés à une phase dans laquelle les armes doivent se taire
[...] et les éléments armés doivent se retirer en dehors des frontières
de la Turquie", a indiqué M. Ocalan dans une lettre lue à Diyarbakir
(sud-est) devant des centaines de milliers de personnes par un député
du Parti pour la paix et la démocratie (BDP). "Je le dis devant les
millions de personnes qui écoutent mon appel, une nouvelle ère se lève
où la politique doit prévaloir, pas les armes", a-t-il ajouté.
"La période de la résistance armée a ouvert une porte à un processus de
politique démocratique. Les sacrifices n'ont pas été faits en vain, les
Kurdes y ont gagné leur véritable identité, a ajouté le chef kurde,
actuellement emprisonné, en faisant référence aux quelques 45 000 morts
causées depuis 1984 par le conflit kurde. Ce n'est pas la fin, c'est un
nouveau départ, ce n'est pas la fin du combat, c'est le début d'un
nouveau combat."
"LE LANGAGE UTILISÉ EST CELUI DE LA PAIX"
Le premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan, a souligné l'importance
de la mise en œuvre de l'appel d'Ocalan, qualifié de "développement
positif". Le chef du gouvernement a ajouté que la Turquie cessera ses
opérations militaires contre les Kurdes si le PKK cesse les siennes.
"S'il n'y a plus d'actions militaires, nos troupes n'entreprendront
plus d'opérations militaires". Le commandant militaire du PKK, Murat
Karayilan, a affirmé que la rébellion allait "s'inscrire avec
détermination dans les faits le processus".
"L'année 2013 sera celle d'une solution, par la guerre ou par la paix,
a-t-il ajouté, le PKK ne veut pas la guerre dans n'importe quelle
circonstance".
A quatre reprises déjà depuis le début de sa rébellion en 1984,
Abdullah Ocalan a proclamé des cessez-le-feu unilatéraux. Jamais
jusque-là ils n'ont permis de déboucher sur une solution. Cette fois,
le gouvernement comme les rebelles semblent déterminés à parvenir à la
paix.
Malgré
ce climat favorable, les obstacles sur le chemin d'une paix restent en
effet nombreux. A commencer par le sort réservé à M. Ocalan. Ankara a
écarté toute idée d'amnistie générale mais les Kurdes insistent pour sa
remise en liberté ou, à défaut, son assignation à résidence. Le
processus de paix ne fait pas non plus l'unanimité. Une majorité de
Turcs rejettent l'idée d'une négociation directe avec Abdullah Ocalan,
largement considéré comme un "terroriste" ou un "tueur d'enfants".
Signe que l'appel à la paix suscite des tensions y compris dans ses
propres troupes, des affrontements ont opposé jeudi matin les forces de
l'ordre et des manifestants kurdes dans la ville de Sirnak, près de la
frontière irakienne.
21 mars 2013
Abonnez vous au Monde
Retour à la Résolution des Conflits
Retour
au Sommaire