Vingt-et-un défis majeurs à la construction
d’une paix durable
Avec Africa Time
for Peace
Nous retranscrivons ici les remarques
fondamentales d'une conférence d'Africa Time for Peace.
Paix et droits de
l’Homme.
Les paix sans droits de l’Homme préparent toujours tôt ou tard des
retours prévisibles à la guerre. A la lumière des expériences passées -
tant positives que négatives - comment faire pour mieux promouvoir le
respect des droits de l’Homme ? Quelles stratégies pour faire
progresser la connaissance et la pratique des Droits de l’Homme ?
Quels sont les réseaux, les mécanismes et les programmes d’éducation
aux droits de l’Homme existants au niveau national, régional et
continental? Que faire pour les renforcer ?
La
gouvernance.
Longtemps stigmatisé par certains dirigeants comme une nouvelle
conditionnalité imposée par les partenaires de la coopération au
développement, le concept de gouvernance est aujourd’hui généralement
accepté par tous comme un moyen efficace pour rompre le cercle vicieux
de la pauvreté et de l’instabilité. Autour de quels piliers devrait
être fondée la gouvernance ? Autour de l’affirmation de la
légitimité, c’est-à-dire la mise en œuvre de règles explicites de
désignation et de contrôle de ceux qui exercent l’autorité ? De la
transparence ? De la responsabilité ? De la séparation des
pouvoirs législatif, exécutif et judiciaire ? De la
fonctionnalité ? De la participation ?
Instaurer
la légitimité de l'Etat.
L’Etat est souvent au centre des conflits. Comment restaurer la
légitimité de l’Etat ? Comment garantir le droit des
minorités ? Quelles réformes institutionnelles ? Quelle
reconstruction institutionnelle ? Quels nouveaux modes de
relations entre l’Etat et la société ? La reconstruction de l’Etat
est elle indissociable de la formation des cadres et de la
simplification des structures étatiques ? Peut-on faire l’économie
d’une décentralisation ? La création d’une gouvernance régionale
apparaît en même temps comme la voie de l’avenir. Quels sont les défis
à relever à ce niveau ?
Lutte
contre l'impunité et réconciliation. La
réconciliation nationale passe par la justice et non par l'oubli. Mais
comment concilier exigence de justice et impératifs de réconciliation
politique ? Comment rendre justice quand les appareils judiciaires
sont fragiles ?
La
mémoire. La
manipulation de la mémoire et de l’histoire officielle dans les pays en
conflits fait de certains peuples des ennemis héréditaires. Comment
construire une mémoire plus juste, qui tout en intégrant l'histoire des
massacres permettrait de bâtir des projets communs et non d’entretenir
la vengeance ?
Les
victimes. Il
est fondamental de panser autant que faire se peut les blessures des
victimes: créer des centres d'accueil et favoriser l'adoption des
orphelins, donner des compensations matérielles, accompagner tout
particulièrement les femmes victimes de viols. Quelles sont les bonnes
pratiques en la matière ? Quelles réhabilitations pour les
victimes ?
Les
réfugiés et les déplacés. La
plupart des pays en conflits sont à la fois des producteurs et des
récepteurs de réfugiés et de déplacés. La construction de la stabilité
passe par la réintégration et la réinsertion économique et sociale de
ces réfugiés et déplacés dans leurs pays. Quelles leçons tirer des
programmes et actions réalisées ?
La société civile. Le renforcement des associations de la société
civile est un chantier stratégique. Celle-ci pouvant favoriser
notamment la promotion d’une culture de la paix et la reconstruction du
tissu social.
Les
médias.
Les médias ont parfois jeté de l’huile sur les conflits qui ont déchiré
la région. Que faire pour transformer les médias en vecteurs de
paix ? Mieux former les journalistes ?
Ressources
naturelles. "Sang
du cacao", "diamants de sang", "pierres de la mort", ou autres "gemmes
de la guerre" ... la floraison de ces expressions reflète une réalité :
le contrôle des ressources naturelles (diamant, or, pétrole, etc.) est
au cœur d’un certain nombre de conflits et de la mort de millions
d'Africains. Quelles mesures envisager pour promouvoir la
responsabilité sociale des entreprises, notamment aux niveaux de la
transparence dans l’acquisition des concessions minières, dans les
relations avec les gouvernements ? Que faire pour développer une
meilleure coopération des banques afin de traquer les détournements de
fonds ?
Les
terres. La
terre est l'un des enjeux cruciaux au cœur de nombreux conflits.
Quelles politiques mettre en œuvre pour résoudre cette question ?
Quelles réformes ? Comment promouvoir l’accès de tous à la terre?
Le
partage pour la paix. Quatorze
pays africains font partie de la catégorie des Pays pauvres très
endettés (PPTE). Cette pauvreté a souvent fait le lit de la guerre. Il
n'y a pas de paix durable qui institutionnalise l'injustice ou qui
attribue les fruits de la rente à un camp victorieux. Quel projet
mettre en route pour assurer à tous un revenu minimum d’existence pour
la paix ?
L’environnement.
Les
dégradations environnementales peuvent être, tout à la fois, cause et
conséquence de situations conflictuelles. Comment à la fois assurer
l’exploitation des ressources naturelles afin de réduire la pauvreté
tout en préservant l’environnement ? La sécurité alimentaire. Les
situations de famine persistent dans certaines régions. Les conditions
climatiques, les invasions de criquets et autres "calamités" dont
souffre le continent n'expliquent pas à elles seules ces situations
extrêmes. Les situations de famine sont la plupart du temps, davantage
les conséquences des actions humaines que des aléas climatiques.
Comment assurer la sécurité alimentaire ?
Le
défi urbain. De
1959 à 1995 la population africaine a été multipliée par trois, celle
des villes par neuf. L'urbanisation accélérée de l’Afrique a un impact
sur la gestion des villes (question foncière, accès aux services de
base, étalement des bidonvilles). Elle pose également des questions
plus globales relatives à un certain apartheid sociale (cloisonnement
des espaces et des quartiers), à la gestion locale et aux liens
ville-campagne. Comment relever ces défis ?
Les
jeunes. 44%
des Africains sont âgées de moins de 15 ans. Cette réalité
constitue-t-elle un risque ou plutôt une opportunité. Si les cerveaux
des guerres sont toujours des adultes, les exécutants sont des jeunes
sans perspectives d’avenir. Quels politiques et programmes pour
combattre la marginalisation de la jeunesse africaine ?
Les
femmes.
Les femmes payent un lourd tribut pendant les conflits. Le viol étant
de plus en plus utilisé comme arme de guerre pour détruire des familles
et des communautés, il n’est pas rare que les femmes subissent des
violences d’ordre sexuelles. Comment prévenir ces actes ? Quelle
réhabilitation pour la victimes ? On a assisté ces dernières
années à l’émergence de mouvements de femmes pour la paix. Comment
valoriser leur participation aux processus de paix ? Comment
articuler les initiatives existantes des femmes en matière de
prévention et de résolution des conflits ?
La
prolifération et la circulation des armes légères. Dans
la plupart des conflits en Afrique les armes légères sont l’armement de
base des combattants. Elles sont également à l’origine de la majorité
des pertes en vies humaines. Quelles sont les sources de cette
prolifération ? Quels sont les facteurs et les activités
favorisant cette prolifération ? Quel cadre régional mettre en
place pour lutter contre cette prolifération ? Comment informer,
sensibiliser les populations à tous les niveaux (femmes, jeunes,
décideurs, leaders d'opinion, autorités religieuses coutumières,
militaires, médias, partenaires locaux et étrangers, etc.), sur le
phénomène de la circulation et la prolifération illégale des armes
légères ?
La
réinsertion sociale des anciens combattants.
Les programmes DDR constituent un instrument important de gestion des
sorties de conflits armés. Quels sont les enseignements que l’ont peut
tirer des expériences passées ou en cours ? Ces programmes
intègrent-ils suffisamment les données socioculturelles locales ?
Contribuent-ils à créer les conditions professionnelles et économiques
minimales au retour à la paix ? Quels sont les défis persistants à
relever dans ce domaine ? En quoi une base de données continentale
permettrait-elle de capitaliser les différentes expériences
nationales ?
Sécurité
collective.
La sécurité demeure l’une des questions majeures en Afrique. Dans son
effort de prévenir et de résoudre les conflits sur le Continent,
l'Union africaine a mis en place une nouvelle architecture pour la paix
et la sécurité. Cette nouvelle dynamique est une étape positive.
Quelles stratégies et politiques mettre en œuvre sur le court et le
long terme pour soutenir cette dynamique ? Le devoir de protéger
est aujourd’hui reconnu dans les textes internationaux. Comment faire
bon usage de l’accompagnement international ?
Les
frontières. Certains
conflits tiennent à des problèmes de frontières. La plupart de ces
frontières-lignes tracées par les puissances coloniales, elles ne
reflètent pas toujours ni la géographie, ni l’histoire des pays.
Conséquence : certains pays ont du mal à s’accorder sur leurs tracés.
Ils ont même parfois une lecture et une interprétation différente des
textes hérités de la colonisation régissant les frontières. Quelle est
la fonction de ces frontières ? Peuvent-elles évoluer ? Quelle solution
viable pour favoriser l’émergence de frontières pacifiées et sereines ?
21 mars
2013
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