Centrafrique : «La France avait sous-estimé les anti-balaka», selon un humanitaire
Chroniques d'un sautevage
Par Elisa Perrigueur
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000 Sélékas désarmés à Bangui et une situation «apaisée», selon le
chef du dispositif militaire français, le général Francisco
Soriano. Les observateurs notent une réelle baisse des tensions en
Centrafrique, depuis le début de l'opération Sangaris, le 5 décembre
dernier.
Ce vendredi, François Hollande se rend à Bruxelles où il évoquera
le rôle des pays européens dans cette mission délicate au sein de ce
pays africain en plein chaos.
Peter Bouckaert, l'un des dirigeants de Human Rights Watch (HRW), vient
de passer une dizaine de jours à Bossangoa, ville de 36 000 habitants
et épicentre des violences entre Séléka et anti-balaka, au nord -ouest
du pays. Ce dernier reste prudent, notamment sur la situation.
Comment a évolué la situation en Centrafrique ces derniers jours ?
PETER BOUCKAERT. Lorsque les soldats français sont arrivés à
Bossangoa (Ndlr : nord-ouest du pays, le 9 décembre dernier), ils ont
immédiatement embarqué et désarmé les Séléka puis les ont consignés
dans les casernes.
Ces derniers n'ont pas le droit de sortir sans l'autorisation de
l'armée française. Les Séléka ont semé la terreur pendant longtemps
dans cette partie nord ouest du pays, assurément la plus dangereuse.
Mais les forces françaises et l'action des ONG sur place ont
aujourd'hui effrayé les Séléka. A HRW, nous sommes allés à leur
rencontre dans les villages alentours, nous leur avons fait comprendre
que s'ils continuaient d'agir ainsi, ils pourraient être envoyés devant
la Cour internationale des droits de l'Homme. Mais la situation reste
très instable.
Quel est le plus gros défi des forces françaises aujourd'hui ?
P. B.- Le problème, c'est que l'armée française, si elle s'était
bien préparée au désarmement des Séléka, n'avait pas anticipé les
attaques des anti-balaka, très nombreuses. Ils s'attaquent à l'ensemble
communauté musulmane et sont violents. Avec les anti-balakas, les
militaires français doivent faire face à une entité sans structure
commune et donc très difficilement identifiable. On les trouve partout
: ce sont des villageois, des enfants, des femmes, on en trouve dans
les églises... Il y a beaucoup d'enfants de bas âge armés, des
militaires du gouvernement précédent (Ndlr: sous François Bozizé
Yangouvonda, actuellement réfugié au Cameroun) ont rejoint les rangs
des anti-balakas et sont lourdement armés avec des kalachnikov...
Aujourd'hui, l'armée
française possède 1 600 hommes sur place, qui s'ajoutent aux 3 200
hommes de la force africaine Misca. Est-ce assez pour combler les
opérations ?
P.B.- C'est une très bonne chose que la France soit intervenue car il
s'agissait d'une situation d'extrême urgence. Mais il est
nécessaire d'envoyer des renforts. La France est face à un énorme défi
et a besoin des forces européennes pour y faire face.
Anti-balaka contre Séléka
Les Séléka, qui signifie Alliance, sont majoritairement musulmans et se
sont constitués en 2012 en vue de renverser le président en place,
François Boizizé. Depuis plusieurs mois, ils sèment la terreur auprès
des chrétiens de Centrafrique, environ 80% de la population. En
réaction, des villageois du pays se sont improvisés en milice de
défense, les anti-balaka, «anti-machettes». Ces derniers, qui n'ont
cessé de croître avec l'intensification du conflit, sont également à
l'origine de nombreuses exactions.
19 Décembre 2013
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