Soudan du Sud : le cessez-le-feu signé
Par Le Monde
Le
gouvernement sud-soudanais et les rebelles menés par
l'ex-vice-président Riek Machar ont signé jeudi 23 janvier un accord de
cessez-le-feu, qui doit être appliqué sous vingt-quatre heures. Mais sa
mise en application posera la question de la capacité de M. Machar à
faire obéir ses troupes, dont une partie est autonome.
L'accord destiné à mettre fin à cinq semaines d'affrontements
qui ont fait plusieurs milliers de morts et plus d'un demi-million de
déplacés dans ce jeune Etat a été signé devant des diplomates étrangers
et des journalistes dans la capitale éthiopienne, Addis-Abeba.
« PREMIÈRE ÉTAPE CRUCIALE »
Le texte prévoit un arrangement concernant la question des détenus, sur
laquelle avaient achoppé les discussions. Les rebelles exigeaient la
libération de onze détenus accusés d'avoir fomenté un coup d'Etat à
Juba.
Selon Seymoun Mesfin, le médiateur en chef de l'IGAD — l'autorité
intergouvernementale sur le développement, qui regroupe sept pays
est-africains et qui a négocié le texte — les deux parties se sont
entendues sur le sujet, mais les onze partisans de Riek Machar devront
malgré tout passer devant la justice sud-soudanaise.
Les rebelles, qui demandaient également le départ des troupes
ougandaises du pays, ont obtenu satisfaction sur ce point. Le texte de
l'accord prévoit, selon Mar Nyot, porte-parole de la délégation des
rebelles, « le retrait des forces alliées invitées par les deux
camps ».
La Maison Blanche a qualifié cette signature de « première étape
cruciale » dans le règlement de cette crise meurtrière et
souhaitait voir « les deux parties appliquer rapidement et
pleinement » les clauses de cet accord. Les Etats-Unis, parrains
de l'indépendance du Soudan du Sud en 2011, ont multiplié les pressions
ces dernières semaines pour tenter d'éviter son éclatement.
L'ONU MENACÉE
Ces derniers jours, l'armée sud-soudanaise loyale au président Salva
Kiir a repris le contrôle de toutes les capitales régionales tombées
aux mains des partisans de M. Machar, notamment Bor, capitale de l'Etat
oriental du Jonglei, le plus étendu du pays, le 18 janvier, et Malakal,
capitale de l'Etat pétrolier du Haut-Nil, le 20. Les forces
fidèles à M. Machar semblaient néanmoins contrôler toujours de vastes
zones rurales dans plusieurs régions.
Lire l'entretien avec Gérard Prunier, ancien directeur du Centre
français des études éthiopiennes : « Le problème du Soudan du Sud n'est
pas ethnique mais politique ! »
L'ONU a indiqué mercredi soir qu'elle hébergeait désormais 72 000
personnes dans ses huit bases du pays, vers lesquelles le flot de
civils fuyant les violences a encore augmenté. Les relations entre les
autorités sud-soudanaises et l'ONU se sont tendues, Juba accusant
l'Organisation des Nations unies de donner refuge à des rebelles, ce
que celle-ci nie, assurant de son côté que son personnel est
« menacé et harcelé » par les troupes sud-soudanaises. Le
président Kiir a récemment accusé l'ONU de vouloir établir un
« gouvernement parallèle » au Soudan du Sud.
23 Janvier 2014
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