Palestine : le Hamas et l'OLP ont conclu un accord de réconciliation
Par Le Monde.fr avec AFP
Une
délégation de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP) a
conclu, dans la nuit du mardi 22 au mercredi 23 avril, avec le Hamas, à
Gaza, un accord sur la formation d'un gouvernement d'union « d'ici
à cinq semaines ».
Selon
un communiqué lu par le chef du gouvernement du mouvement islamiste au
pouvoir à Gaza, Ismaïl Haniyeh, le futur exécutif sera « dirigé
par le président Mahmoud Abbas ». Il devrait être composé de
technocrates.
Cet accord intervient à une semaine de l'échéance fixée pour les
négociations de paix entre l'Autorité palestinienne et Israël, le 29
avril, qui paraissent compromises. L'aviation israélienne a effectué
une frappe sur le nord de la bande de Gaza dans la foulée de la
déclaration, ont indiqué les autorités du Hamas. Six civils
palestiniens ont été blessés, dont un très grièvement, d'après le
porte-parole du ministère de l'intérieur du parti au pouvoir dans le
territoire côtier, qui ne reconnaît pas Israël.
Un peu plus tôt, mercredi, le chef de la diplomatie israélienne,
Avigdor Lieberman, estimait qu'un tel arrangement reviendrait à
« signer la fin des négociations entre Israël et l'Autorité
palestinienne ». Le premier ministre israélien, Benyamin
Nétanyahou, s'était lui interrogé au sujet de Mahmoud Abbas :
« Veut-il la paix avec le Hamas ou la paix avec
Israël ? »
LE PROCESSUS DE PAIX DANS L'IMPASSE
Ces négociations avaient atteint une impasse à la fin du mois de mars,
avec le refus d'Israël de libérer un dernier contingent de prisonniers
palestiniens. L'autorité palestinienne avait répliqué en demandant
son adhésion à une série de traités internationaux.
Dans la foulée, Israël avait annoncé des sanctions financières. Le
secrétaire d'Etat américain, John Kerry, avait tenté de relancer le
processus, jusqu'à la date butoir du 29 avril. Entre-temps, et
augmentant les enjeux, Mahmoud Abbas avait annoncé qu'il pourrait
dissoudre l'OLP, ce qui signifie qu'Israël aurait dû administrer
elle-même les territoires palestiniens.
Cette réconciliation est-elle une nouvelle tentative de Mahmoud Abbas
pour faire pression sur les Etats-Unis et Israël dans le cadre des
négociations, ou est-ce un constat d'échec ? La décision de M. Abbas de
poursuivre ces négociations était de plus en plus critiquée ces
dernières semaines parmi les Palestiniens. Face à un risque d'échec
réel, il pourrait avoir cédé à sa base en décidant de cette
réconciliation.
QUEL COMPROMIS SÉCURITAIRE ?
Les deux mouvements palestiniens sont en conflit depuis 2007. Une
rupture qui avait abouti à la partition entre la Cisjordanie, contrôlée
par l'Autorité palestinienne, dirigée par l'OLP, et la bande de Gaza,
dirigée par le Hamas. Le 4 mai 2011, un précédent accord de
réconciliation avait été signé au Caire, sous l'égide de l'Egypte. Il
n'avait jamais été mis en application.
Pour que ce nouvel accord soit suivi d'effets, il faudra que le Hamas
et l'OLP s'entendent sur les noms des participants à un futur
gouvernement d'union nationale. De nouvelles élections à venir
donneront lieu à d'autres négociations. A terme, se posera enfin la
question de l'appareil sécuritaire des territoires palestiniens.
L'accord du Caire prévoyait de réintégrer des forces du Fatah, le parti
de Mahmoud Abbas, à Gaza, et des membres du Hamas en Cisjordanie. Reste
également à savoir si le Hamas accepterait de réintégrer l'OLP, censée
rassembler l'ensemble des factions politiques palestiennes.
Des scènes de liesse ont éclaté dans la bande de Gaza après l'annonce
de l'accord. Des milliers de personnes sont spontanément descendues
dans les rues de la ville de Gaza, ainsi que dans les principales
agglomérations et les camps de réfugiés de l'enclave palestinienne, en
brandissant des drapeaux et aux cris d'« Unité palestinienne
! ».
23 Avril 2014
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