Amorce de dialogue entre Niamey et les rebelles touaregs

Par Jean-Pierre Tuquoi



Un dialogue va-t-il s'ouvrir au Niger entre les rebelles touaregs et les autorités ? Rien n'est acquis, mais deux initiatives récentes pourraient déboucher sur des négociations entre le Mouvement des Nigériens pour la justice (MNJ), en dissidence dans le nord du pays, et le pouvoir.


La première vient d'un groupe de notables touaregs dont les tribus vivent entre le Niger, le Mali et la Libye. Appuyés par le président libyen Mouammar Kadhafi, ils sont venus récemment à Niamey proposer leur médiation dans une crise qui, depuis un an, a fait une centaine de morts et accentué la paupérisation du nord du Niger, pays parmi les plus pauvres du continent.

Recevant, mercredi 28 mai, la délégation, qui arrivait du Mali, également confronté à une dissidence touarègue, le président nigérien, Mamadou Tandja, leur a indiqué qu'il entendait privilégier, dans un premier temps, un autre canal pour amorcer avec les rebelles du MNJ un dialogue qu'il avait jusqu'à présent refusé. Le chef de l'Etat veut s'appuyer sur une commission nationale composée de députés, de chefs de tribus et de notables locaux.

Cette commission de paix a pris langue avec les rebelles du MNJ. "On a eu des contacts indirects avec eux", confirme le numéro deux du Mouvement, le capitaine Mohammed Acharif.

Joint par téléphone, le vice-président du MNJ, installé dans les montagnes au nord du pays, assure que, pour qu'un dialogue effectif s'ouvre, il faut, en préalable, que soit levé l'"état de mise en garde" (état d'urgence) imposé dans le nord. "L'état de mise en garde pénalise les populations locales. Il faut les rassurer. Le lever sera un signe positif et on pourra s'asseoir entre nous ; sinon, il n'y aura aucun contact entre le régime et notre mouvement", estime le numéro deux du MNJ.

A l'inverse des rebelles présents sur le terrain, les représentants du MNJ en Europe continuent à camper sur une ligne plus radicale. "Le dialogue suppose aussi la reconnaissance officielle du MNJ et la désignation d'un médiateur international qui pourrait être la France. Aucun dialogue n'est possible avant de réunir ces conditions", affirment-ils. Ce qui pourrait être un signe d'ouverture de la frange du mouvement installé dans le nord du Niger intervient alors que le Mouvement accuse les militaires nigériens d'avoir assassiné, il y a quelques jours, neuf civils au cours d'une opération présentée par l'armée comme une offensive victorieuse contre le MNJ.

Juin 2008


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