Compte rendu
Le roi Abdallah, promoteur du dialogue interreligieux
Par Stéphanie Le Bars
Le roi Abdallah d'Arabie saoudite devait présider, mercredi 16 juillet,
l'ouverture d'une conférence mondiale sur le dialogue interreligieux
qui se tient à son initiative pendant deux jours à Madrid. Le roi Juan
Carlos devait être présent, aux côtés du secrétaire général du Congrès
juif mondial, Michael Schneider, et du cardinal Jean-Louis Tauran,
responsable du dialogue avec l'islam pour le Vatican.
Cette rencontre constitue un pas supplémentaire du souverain saoudien
dans la promotion du dialogue entre l'islam, le christianisme et le
judaïsme. Un sujet d'intérêt récent mais constant pour ce représentant
d'un pays marqué par la doctrine la plus rigoriste de l'islam, le
wahhabisme, une variante de l'école hanbalite, et où sont toujours
proscrits les lieux de culte autres que musulmans.
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La
conférence de Madrid était organisée à l'initiative du roi Abdallah
d'Arabie saoudite, un pays pourtant réputé par son extrême rigidité
vis-à-vis des religions autres que l'islam.
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Le
6 novembre 2007, sa rencontre historique, à Rome, avec le pape Benoît
XVI s'inscrivait déjà dans cette volonté de rapprochement. Le mois
suivant à La Mecque, à l'occasion de l'Aïd el-Adha, qui marque la fin
du pèlerinage, le roi avait invité, le 20 décembre, les musulmans à se
rappeler "ce qui réunit les religions, les croyances et les cultures".
Soucieux
d'améliorer l'image de l'islam, le souverain souhaite "contrer les
défis de l'enfermement, de l'ignorance et de l'étroitesse de vue, pour
que le monde comprenne les préceptes de l'islam sans animosité".
Organisée par la Ligue islamique mondiale (LIM), une organisation basée
à La Mecque et proche du pouvoir saoudien, la rencontre de Madrid, qui
devrait rassembler quelque 220 représentants des trois monothéismes,
vise aussi à "promouvoir la justice et la paix, préserver la structure
familiale et faire face aux fléaux du terrorisme, de l'injustice et des
stupéfiants". En juin, le souverain saoudien avait défendu son idée
devant des centaines de savants musulmans, sunnites et chiites, réunis
à La Mecque. Il leur avait rappelé que les valeurs communes aux trois
monothéismes "répugnent la traîtrise, rejettent le crime, combattent le
terrorisme". Depuis son accession au trône, en 2005, le roi Abdallah,
"gardien des saintes mosquées" de La Mecque et Médine, s'efforce aussi
d'atténuer les antagonismes entre les deux grands courants de l'islam
que sont le sunnisme et le chiisme.
L'initiative
saoudienne a été condamnée par un responsable d'Al-Qaida en
Afghanistan, qui, dans un enregistrement diffusé sur Internet en mai, a
estimé qu'un rapprochement entre les religions conduirait à la présence
d'églises au coeur de la péninsule Arabique. Alors qu'il existe de tels
édifices au Koweït et aux Emirats arabes unis, la première église
construite au Qatar, qui observe également les préceptes du wahhabisme,
a été inaugurée en mars. Sans citer le roi Abdallah, le responsable
d'Al-Qaida a appelé à affronter "le tyran malveillant", ajoutant que
ses partisans n'accepteraient "aucun rapprochement, aucune coopération
avec les autres religions".
S'il ne fait pas l'unanimité dans
une partie du monde musulman, le dialogue interreligieux intéresse
visiblement les cercles intellectuels, suscitant même des projets
concurrents. L'initiative du roi saoudien, après les conférences
annuelles déjà organisées au Qatar, s'ajoute en effet à celle du prince
jordanien Ghazi ben Mohammad ben Talal, lancée en octobre 2007 pour
tenter de renouer des relations apaisées avec les catholiques après le
discours controversé tenu par le pape à Ratisbonne (Allemagne) en 2006
sur les liens supposés entre islam et violence. Après un échange de
lettres entre le Vatican et 138 dignitaires musulmans (aujourd'hui
255), originaires de 40 pays (dont l'Arabie saoudite) et de divers
courants de l'islam, le principe d'un forum catholiques-musulmans a été
arrêté. Une première rencontre, à laquelle assistera le pape, est
prévue début novembre à Rome. Mais la présence de La Mecque et de
Médine en terre saoudienne confère à l'initiative d'Abdallah un
prestige sans égal.Juillet 2008
La conférence interreligieuse de Madrid dénonce le terrorisme
Par AFP
Les
représentants des trois grandes religions monothéistes, réunis à Madrid
du mercredi 16 au vendredi 18 juillet, ont conclu leurs travaux par un
appel à combattre "les causes profondes du terrorisme (...), un
phénomène universel qui doit être combattu sérieusement, de manière
juste et responsable, grâce à un effort international commun".
La
conférence de Madrid était organisée à l'initiative du roi Abdallah
d'Arabie saoudite, un pays pourtant réputé par son extrême rigidité
vis-à-vis des religions autres que l'islam. Le cardinal Jean-Louis
Tauran, chargé au Vatican du dialogue avec l'islam, y a pris part, de
même que le secrétaire général du Congrès juif mondial, Michael
Schneider, et de nombreux rabbins, y compris israéliens, comme David
Rosen, responsable du dialogue interreligieux au sein du Grand
Rabbinat. Des représentants du bouddhisme ont également assisté aux
travaux. Dans son discours d'ouverture, mercredi, le roi Abdallah avait
lancé un appel à la tolérance en assurant que "les différences ne
doivent pas conduire à des conflits". "Les tragédies que nous avons
connues n'ont pas été causées par la religion mais par l'extrémisme de
certains croyants, dans toutes les religions et dans tous les systèmes
politiques", avait-il ajouté.
La conférence de Madrid a souhaité
l'organisation d'une session spéciale de l'Assemblée générale des
Nations unies consacrée au dialogue interreligieux. Abdullah Al-Turki,
secrétaire général de la Ligue islamique mondiale et organisateur de la
conférence, a annoncé de nouvelles rencontres, dont l'une pourrait se
tenir au Japon. - (AFP, Arab News.).
Juillet 2008
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