Cessez-le-feu entre le Cambodge et la Thaïlande
Avec AFP
BANGKOK
- Le cessez-le-feu annoncé par Bangkok et Phnom Penh après des
affrontements mortels à la frontière restait fragile samedi, alors que
le Premier ministre thaïlandais faisait face aux critiques du puissant
mouvement nationaliste des "chemises jaunes" réclamant sa démission.
Les
deux armées ont annoncé samedi un accord de cessez-le-feu mais un
général cambodgien a souligné que la situation était "toujours tendue".
"S'ils reviennent, les combats reprendront", a indiqué le général Srey
Deok.
Après des affrontements vendredi pendant environ deux heures,
des échanges de tirs ont à nouveau eu lieu samedi à l'aube pendant une
trentaine de minutes, toujours à proximité d'un temple disputé par les
deux pays.
Lors de ces combats à l'arme lourde, les plus
violents depuis 2008, cinq personnes ont été tuées: un soldat et un
villageois thaïlandais, et deux soldats et un civil cambodgiens.
Plusieurs soldats ont été blessés de chaque côté et des milliers de villageois ont dû fuir les zones de combat.
Plusieurs
secteurs de la frontière n'ont pas été délimités, ce qui alimente des
différends à l'origine de plusieurs incidents armés ayant fait
plusieurs morts en 2008 et 2009.
La dispute s'est cristallisée
autour du temple de Preah Vihear, ruines du XIe siècle classées par
l'Unesco en 2008 et qui relèvent de la souveraineté du Cambodge, selon
une décision de la Cour internationale de justice de 1962.
Mais les
Thaïlandais contrôlent ses principaux accès et de nombreux secteurs
n'ont pas été délimités, notamment une zone de 4,6 km2 en contrebas de
l'édifice.
Bangkok et Phnom Penh se sont rejeté la
responsabilité des incidents, chacun accusant l'autre d'"agression".
Alors que les Etats-Unis ont appelé les deux parties à un "maximum de
retenue", le ministère cambodgien des Affaires étrangères a écrit
samedi au Conseil de sécurité de l'ONU pour "attirer (son) attention
sur la situation explosive à la frontière".
Le Premier ministre
thaïlandais Abhisit Vejjajiva a de son côté assuré qu'il avait
"totalement soutenu l'opération militaire de la veille" qui répondait à
une violation de la "souveraineté" de son pays.
Mais ces
déclarations n'ont pas satisfait les "chemises jaunes", qui campent
depuis une dizaine de jours autour du siège du gouvernement pour
dénoncer sa gestion de la dispute frontalière. "Nous avons un dirigeant
faible et lâche", qui a "capitulé" devant le Cambodge, a déclaré
Chamlong Srimuang, un de leurs leaders. Quelque 5.000 manifestants
"jaunes", selon la police, ont ensuite réclamé en coeur, à la suite de
leurs leaders, la démission d'Abhisit: "Dehors! Dehors!".
Les
"jaunes", qui ont fait chuter plusieurs gouvernements depuis cinq ans,
avaient saisi l'occasion de l'arrestation fin décembre de sept
Thaïlandais qui avaient pénétré dans une autre zone frontalière
contestée pour mettre la pression sur Abhisit.
Deux d'entre eux,
dont un ex-leader du mouvement nationaliste et royaliste des
"chemises"jaunes", ont été condamnés mardi à Phnom Penh à de la prison
ferme pour espionnage.
Le vice-Premier ministre thaïlandais
Suthep Thaugsuban a accusé samedi les "jaunes" d'avoir aggravé la
situation après cet incident qui a ravivé les tensions entre les deux
pays.
"Un très petit groupe de "chemises jaunes" est déterminé à
maintenir les tensions avec le Cambodge en ébullition", a commenté
Michael Montesano, de l'Institut des études sur l'Asie du Sud-Est à
Singapour.
Le gouvernement thaïlandais pourrait "utiliser les
derniers affrontements" dans l'espoir de "calmer" les jaunes, a ajouté
Sombo Manara, historien à l'Université royale de Phnom Penh.
Février 2011
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