Demain, César du Film Documentaire 2016 Par Weronika Zarachowicz à propos du Documentaire réalisé en 2015 par Mélanie Laurent, Cyril Dion
Fervents
défenseurs de la nature, Cyril Dion et Mélanie Laurent voyagent avec
leur équipe à travers une dizaine de pays et enquêtent pour comprendre
quelles sont les solutions qui pourraient permettre de tenter d'éviter
les crises écologiques, économiques et sociales qui menacent
l'humanité. Au cours de leur périple, ils rencontrent de nouveaux
acteurs de l'agriculture, de l'énergie, de l'économie, de la démocratie
et de l'éducation qui œuvrent au moyen d'initiatives nouvelles et
positives afin de préserver le monde demain…
De l'écologie sur grand écran, on a longtemps connu des visions
cataclysmiques — cris d'alarme et discours culpabilisants. Demain,
documentaire cosigné par l'actrice-réalisatrice Mélanie Laurent et
Cyril Dion, cofondateur du mouvement Colibris (avec Pierre Rabhi) et du
magazine Kaizen, adopte le parti inverse. Sus au sentiment
d'impuissance né de la multiplication des constats dramatiques —
raréfaction des ressources, crise des écosystèmes, péril du
réchauffement climatique...
Il est, pour une fois, question de redonner espoir, d'inspirer, de
semer des graines dans les esprits car « partout dans le monde, des
solutions existent ». Des solutions portées par des femmes et des
hommes, français, islandais, américains ou indiens, qui créent des
monnaies locales, des jardins communautaires, des entreprises
coopératives, de nouveaux types de gouvernance démocratique ou
d'éducation bienveillante. Ils prouvent que chacun a sa place dans le
changement social. Financé (en partie) par la plate-forme
participative KissKissBankBank, Demain nous entraîne à la découverte
de ces bouts d'utopies.
Passons sur une esthétique pub parfois agaçante, l'efficacité du propos
l'emporte. Il y a cinq chapitres : et si l'on réinventait la
nourriture, l'énergie, l'économie, la démocratie, l'éducation ? Le
puzzle éclaté des milliers d'initiatives prend forme et permet de
croire que c'est possible. Et puis il y a les « héros » : pas de bon
documentaire sans bons personnages. Parmi eux, le Britannique Rob
Hopkins impose son humour et son esprit aussi incisif que constructif.
En 2006, ce professeur de permaculture a lancé le mouvement Villes en
transition à Totnes, dans le sud de l'Angleterre, pour sensibiliser ses
habitants au problème du pic pétrolier et organiser, sur place, un
basculement dans une autre ère énergétique et économique.
Sorte de détox à l'usage de citoyens abreuvés à l'idéologie de la
croissance, une telle « transition », aujourd'hui présente dans plus de
cinquante pays, répand un nouvel optimisme autour de délibérations
locales, de révolutions minuscules et de micropolitiques qui permettent
d'avancer loin des radars... Autant de « Nous pouvons le faire ! » qui
infusent le film de bout en bout. — Weronika Zarachowicz
Deux livres paraissent parallèlement chez Actes Sud, dont Demain, Un nouveau monde en marche, de Cyril Dion.