Elie Wiesel, Prix Nobel de la paix 1986, est décédé à 87 ans
Par AFP et LePoint.fr
L'écrivain
et philosophe était un rescapé de la Shoah, il a beaucoup écrit et
oeuvré pour parler de cette période terrible de l'histoire.
C'est
une mémoire de l'histoire qui est décédée ce samedi 2 juillet. Élie
Wiesel, qui résidait aux États-Unis, est mort à l'âge de 87 ans. Cet
écrivain juif qui avait survécu aux camps de la mort avait été honoré
du prix Nobel de la paix en 1986 pour son engagement. Reconnu comme un
des plus grands militants des droits de l'homme, il avait perdu la
quasi-totalité de sa famille lors de la déportation organisée par
l'Allemagne nazie et avait raconté cette tragédie personnelle dans La
Nuit.
Elie Wiesel a vécu en France durant plusieurs années, avant de
s'expatrier de l'autre côté de l'Atlantique. Son décès a été annoncé
par le mémorial de l'Holocauste Yad Vashem à Jérusalem. Un porte-parole
de ce mémorial a confirmé la mort de l'écrivain juif américain
d'origine roumaine, sans donner plus de précisions. Selon le New
York Times, Elie Wiesel est décédé chez lui à Manhattan à l'âge de 87
ans.
Honoré en France par la Légion d'honneur - il avait été élevé au titre
de grand-croix -, il avait aussi été honoré par la médaille d'or du
Congrès américain et était également commandeur de l'ordre de l'Empire
britannique. Il laisse une oeuvre comprenant plus de 50 livres écrits
en français et plusieurs autres publiés en anglais, Élie Wiesel a reçu
de nombreux prix littéraires durant sa carrière.
« Un rayon de lumière pendant l'Holocauste », selon Netanyahu
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a dans un communiqué
salué sa mémoire, estimant qu'il était un « rayon de lumière et un
exemple d'humanité qui croit en la bonté de l'homme ». « L'État
d'Israël et le peuple juif pleurent avec amertume la mort de Elie
Wiesel », a ajouté Benjamin Netanyahu.
« Durant les années sombres de l'Holocauste, au cours desquelles ont
péri six millions de nos frères et soeurs, Elie Wiesel était un rayon
de lumière et un exemple d'humanité qui croit en la bonté de l'homme »,
a souligné le Premier ministre à propos de celui qui a sillonné le
monde pour perpétuer la mémoire de la Shoah.
« Un grand humaniste, inlassable défenseur de la paix », pour Hollande
Le président de la République François Hollande a salué samedi soir la
mémoire d'Elie Wiesel, « un grand humaniste, inlassable défenseur de la
paix », dans un communiqué transmis par l'Élysée. « De cette expérience
au bout de l'horreur qui l'a laissé orphelin, il a aidé à ouvrir les
yeux du monde sur l'indicible blessure de l'extermination des juifs
d'Europe », a souligné le chef de l'État au sujet de ce prix Nobel de
la paix et rescapé de la Shoah.
Elie Wiesel était « un grand témoin du siècle écoulé », lui qui est «
né dans une famille juive roumaine en 1928 (...), fut déporté avec ses
soeurs et ses parents à l'âge de 15 ans » et a « connu l'enfer des
camps d'extermination, la mort omniprésente, la tyrannie de la faim,
l'humanité dépouillée de tout », selon le communiqué. Cet « homme
universel avait une relation particulière avec la France, où il fit ses
études après la guerre, où il a publié la première édition de La Nuit
grâce à Jérôme Lindon, où il avait créé en 1992 l'Académie universelle
des cultures », a aussi souligné le président français.
« Un mémorial vivant » pour Barack Obama
« Triste journée quand nos mémoires vivantes s'éteignent... La Shoah,
l'exigence d'Elie Wiesel : ne jamais oublier », a réagi sur Twitter le
Premier ministre Manuel Valls, dans une allusion au décès également
samedi de l'ancien Premier ministre Michel Rocard. De son côté,
l'ancien chef de l'État Nicolas Sarkozy a estimé que cet « homme de
combats » a « profondément marqué cette seconde moitié du XXe siècle ».
« Elie Wiesel incarnera à jamais cette force de l'écrivain, cette
confiance dans l'homme, ce courage de ne jamais renoncer », a-t-il
ajouté dans une déclaration.
Aux États-Unis, où résidait Elie Wiesel, Barack Obama lui a aussi rendu
hommage : « Elie n'était pas seulement le plus célèbre survivant
de la Shoah, il était un mémorial vivant », a déclaré le président
américain. « Sa vie et la force de son exemple nous poussent à être
meilleurs. »
Engagé dans de multiples causes
« L'oubli n'est pas une maladie individuelle mais collective »,
estimait Elie Wiesel. Pour « empêcher l'oubli » de la Shoah et
favoriser la compréhension entre les peuples, ce « messager de
l'humanité », comme l'a qualifié le comité Nobel, a créé la Fondation
Elie Wiesel pour l'humanité, avec son épouse, et l'Académie universelle
des cultures. Elie Wiesel a souvent dénoncé la responsabilité des
dirigeants qui « savaient » le sort des juifs déportés, notamment
Roosevelt et Churchill. En 1979, le président Carter lui avait montré
les photos prises, fin 1942, par des avions militaires américains
survolant Auschwitz.
Il s'est engagé pour de multiples causes, car il avait « fait un voeu
après la guerre : que toujours, partout où un être humain serait
persécuté, je ne demeurerais pas silencieux ». Né le 30 septembre 1928
à Sighet, en Roumanie (alors Transylvanie), dans une famille pauvre,
Elie Wiesel est déporté à 15 ans à Auschwitz-Birkenau où sa mère et sa
plus jeune soeur sont assassinées. Son père meurt devant lui à
Buchenwald où ils ont été transférés.
À sa sortie du camp, en 1945, il est recueilli en France par l'OSE
(Oeuvre juive de secours aux enfants) et y vit jusqu'à l'âge de 28 ans
en 1956. Après des études de philosophie à la Sorbonne, il devient
journaliste et écrivain.
Une vie entre les États-Unis, la France et Israël
Citoyen américain depuis 1963, Elie Wiesel a occupé longuement la
chaire en sciences humaines de l'université de Boston et partagé sa vie
entre les États-Unis, la France et Israël. Elie Wiesel, qui, en 2006,
avait refusé la présidence de l'État d'Israël, soulignant qu'il n'était
« qu'un écrivain », avait confirmé, six ans plus tard, un projet de
livre avec le président Obama.
Il était revenu à Auschwitz en 2006 avec la star de la télévision
américaine Oprah Winfrey. Il avait aussi accompagné Barack Obama et la
chancelière allemande Angela Merkel à Buchenwald. « Après que nous
avons marché ensemble parmi les fils de fer barbelés et les miradors de
Buchenwald, Elie m'a dit des mots que je n'ai jamais oubliés : La
mémoire est devenue un devoir sacré pour tous les hommes de bonne
volonté », a déclaré samedi Barack Obama.
3 Juillet 2016
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