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A Dakar, une biennale sans concessions
Par LE MONDE | 08.05.2018 à 09h15 • Mis à jour le 08.05.2018 à 10h03 | Par Philippe Dagen (Dakar)
La manifestation africaine, baptisée « L’Heure rouge », n’a rien d’une distraction pour amateurs d’exotisme.
Treizième
Biennale de Dakar, en abrégé Dak’art : depuis sa création, en
1990, elle a accru le champ de ses investigations, qui ne se limitent
plus au continent africain, mais s’étendent aux artistes dont les
origines, même lointaines, sont en Afrique : Nord et
Sud-Américains descendants d’esclaves, diasporas d’Europe et de l’océan
Indien. Si la manifestation officielle, nommée « L’Heure
rouge » par allusion à Aimé Césaire, ne compte que 76 noms, le
livret du « off » compte 251 événements pour la métropole
dakaroise, sans compter donc Saint-Louis et d’autres villes.
Collectifs, galeries, entreprises, hôtels et institutions variées sont
de la partie. Il y en a partout, jusque sur les trottoirs dans la
médina et dans les ruines d’un marché dont le collectif Agit’Art fait
le lieu d’exposition le plus étrange qui soit – sol de sable, murs
cassés, toits de toile. S’ajoutent trois pavillons nationaux :
Rwanda, Sénégal et Tunisie. Il faut du temps pour prendre la mesure de
ce qui est aujourd’hui la principale manifestation artistique de ceux
qui ne se bornent pas aux musées et au marché de l’art
occidentaux : un gisement unique d’informations et de nouveautés.
Son ampleur et sa richesse font oublier les difficultés administratives
et techniques qui ont retardé l’ouverture de l’exposition centrale.
Celle-ci se tient dans l’ancien palais de justice, bâtiment de 1958
magnifiquement dessiné, mais édifié sur un sol instable. Il était
promis à la destruction, il y a deux ans, quand il fut utilisé pour la
première fois. Il est toujours debout, avec ses espaces profonds et ses
délicieux courants d’air. Des salles inutilisables en 2016 sont
désormais ouvertes. C’est ici que se déploie
le« in »officiel, conçu par son directeur artistique, Simon
Njami, qui officiait déjà il y a deux ans. La sélection se compose, à
peu près par moitié, d’artistes qui ont fait acte de candidature –
autour de 400 – et d’artistes qu’il a invités.
8 Mai 2018
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