L'Afrique brille à Hollywood
Par Jacques-Alexandre Essosso et Slate Afrique
Si le cinéma africain peine encore à se développer, les acteurs du continent noir n'ont aucun mal à se lancer à l'international.
Le
rêve américain n'a pas de frontières. Qu'ils soient africains ou issus
de la diaspora, nombre d'acteurs sont parvenus à se faire une place à
Hollywood. Par ambition ou par manque d'opportunités dans leur pays,
ils ont décidé de se lancer aux Etats-Unis.
Si, pour les Anglo-saxons d’origine africaine, le passage à Hollywood
paraît logique, pour les Africains francophones, le départ pour les
Etats-Unis permet avant tout d’accéder à des personnages plus
riches. Portraits de six acteurs qui ont percé dans la capitale
mondiale du cinéma.
David Oleyowo
Né à Oxford (Angleterre) en 1976, David Oyelowo est originaire du
Nigeria. C'est au théâtre que le Britannique fait ses armes. L’acteur
devient même le premier noir à interpréter le rôle titre dans Henri VI,
une pièce de William Shakespeare.
En 2006, il apparaît dans Le dernier roi d’Ecosse aux côtés de Forest
Whitaker, qui incarne le dictateur ougandais fou Idi Amin Dada, mort en
2003.
A l’affiche du blockbuster La Planète des singes: les origines, qui a
fait le plein tout l’été, Oleyowo a d’autres projets à Hollywood. En
janvier 2012, il devrait créer l’événement dans Red Tails, la dernière
production de l’Américain George Lucas (réalisateur de Star Wars) sur
les traces des Tuskegee Airmen, une unité de pilotes de chasse
Africains-Américains qui s’est illustrée lors de la Seconde Guerre
mondiale.
Chiwetel Ejiofor
Né
le 10 juillet 1977 à Londres, la famille de Chiwetel Ejiofor est elle
aussi d’origine nigériane. Et à l'instar de son compatriote Oleyowo,
Chiwetel Ejiofor débute au théâtre en jouant des classiques tels
Othello, de Shakespeare. Alors qu’il brille sur les planches, l’Anglais
décide d’ajouter une corde à son arc en se lançant dans le cinéma. Sous
la direction de Steven Spielberg, le comédien fait ses premiers pas à
Hollywood avec Amistad, en 1997, film inspiré de l'histoire vraie
d'esclaves africains qui décident, au XIXe siècle, de se retourner
contre leurs maîtres.
Depuis, Ejiofor a eu l’occasion de travailler avec des réalisateurs
comme Spike Lee ou encore John Singleton. En 2007, il collabore avec le
metteur en scène britannique Ridley Scott sur le film American
Gangster. Deux ans plus tard, il sauve le monde dans 2012, un film de
Roland Emmerich. L’année prochaine, on le retrouvera aux côtés de
l’acteur américain Jim Caviezel dans Savannah, un drame d’Annette
Haywood-Carter sur l'amitié entre un aristocrate blanc et un esclave
affranchi dans le sud des Etats-Unis, au début du XXe siècle.
Charlize Theron
En quelques années, elle a mis Hollywood à ses pieds. Avant d’arpenter
les tapis rouges, Charlize Theron débute une carrière dans le
mannequinat à l’âge de 16 ans et quitte l’Afrique du Sud. Rapidement,
elle délaisse ce métier qui ne l’intéresse plus pour se lancer
dans la danse. Mais une blessure au genou l’oblige, une fois de plus, à
se réorienter.
La belle blonde se tourne alors vers le cinéma. En 1997, Charlize
Theron commence à se faire remarquer. Dans L’associé du diable, elle
donne la réplique à Al Pacino et Keanu Reeves. La carrière de l’actrice
prend un nouveau tournant. L’ancien top côtoie les acteurs qui
comptent, de Robert De Niro à Will Smith, en passant par Matt Damon.
Mais c’est en 2004 que l’actrice entre au panthéon du cinéma. En 2003,
elle incarne dans Monster Aileen Wuornos, une tueuse en série qui sévit
aux Etats-Unis entre 1989 et 1990. Le 29 février 2004, Charlize Theron
décroche l’Oscar de la Meilleure actrice pour ce rôle et entre dans
l’histoire en devenant la première actrice africaine à soulever la
fameuse statuette. Pour interpréter Wuornos, la star n’a pas hésité à
s’enlaidir et à prendre 15 kilos.
En Afrique du Sud, Charlize Theron est hissée au rang d’icône
nationale. Elle rencontre même Nelson Mandela, qui tient à saluer sa
contribution au rayonnement du pays. Après son Oscar, l’actrice de 36
ans mène sa carrière avec brio. L’année prochaine, elle sera à
l’affiche du très attendu Prometheus de Ridley Scott, dans la lignée de
la saga Alien.
Saïd Taghmaoui
Cantonné aux mêmes rôles cliché dans le cinéma
français, Saïd Taghmaoui décide de s’exiler dès la fin des années 90.
L’année dernière, il déclarait dans l’Express:
«On ne me proposait que des caricatures d'Arabes et les seuls projets
intéressants dans lesquels j'étais impliqué se sont faits sans moi.
J'ai compris que l'égalité des chances n'existait pas en France quand
on est basané et étranger.»
Pourtant, tout avait bien commencé en France pour ce Marocain
d'origine. C'est dans La Haine, un film de Mathieu Kassovitz, que
l'acteur se révèle. Taghmaoui partage l’affiche avec Vincent Cassel et
Hubert Koundé (un autre acteur de la diaspora que l’on retrouvera en
2005 aux côtés de Ralph Fiennes et Rachel Weisz dans The Constant
Gardener de Fernando Meirelles).
Le film connaît un grand succès. Récompensé par un Prix de la mise en
scène à Cannes et nommé à plusieurs reprises lors des César, il permet
à Saïd Taghmaoui et ses deux compères de figurer dans la catégorie
du Meilleur espoir masculin.
Après le succès de La Haine, le français jouit d’un nouveau
statut. Mais les rôles qu’on lui propose en France ne sont pas toujours
intéressants. Déterminé à réussir, il décide de se lancer à
l’international.
Ainsi, en 1998, il donne la réplique à George Clooney, Mark Wahlberg et
Ice Cube dans Les rois du désert. Tout au long de sa carrière, le
comédien de 38 ans alterne projets hollywoodiens et films français,
passant du Petit Poucet à G.I. Joe. Cet été, il était à l’affiche de
Conan.
Djimon Hounsou
A 47 ans, Djimon Hounsou vit une véritable success story. Né à Cotonou,
il quitte son Bénin natal dès l’âge de 13 ans pour Paris. Les débuts
sont durs pour le jeune qui, sans ressources, doit vivre dans la rue.
Tout bascule lorsque le SDF est repéré dans la rue par un employé de la
maison Thierry Mugler (un styliste). Hounsou débute une carrière de
mannequin qui lui permet de voyager à travers le monde.
Dans les années 90, le Béninois se reconvertit dans le cinéma. En 1994,
on peut l’apercevoir dans Stargate, film de science-fiction de Roland
Emmerich. Trois ans plus tard, Spielberg lui offre le rôle de l’esclave
Cinque dans Amistad, l’occasion pour lui de travailler avec Ejiofor. En
2000, Ridley Scott le dirige dans Gladiator, il y donne la réplique à
Russell Crowe. La carrière de l’ancien mannequin est lancée.
Les tournages s’enchaînent pour lui. En 2006, l’acteur retourne en
Afrique pour un film d’Edward Zwick avec Leonardo DiCaprio. Blood
Diamond lui permet d’obtenir une nomination aux Oscars, la deuxième
après In America, de Jim Sheridan. Neuf ans après Le Boulet, Djimon
Hounsou fera son retour dans le cinéma français le 2 novembre avec
Forces Spéciales.
Isaach de Bankolé
LNé le 12 août 1957 à Abidjan (Côte d’Ivoire), Isaach de Bankolé a
tourné son premier film américain en 1991. Avant cela, il s’était rendu
populaire en France grâce à des comédies grand public.
Le comédien débarque à Paris en 1975 pour étudier les mathématiques.
Mais rapidement, l’étudiant attrape le virus du théâtre et entre au
Cours Simon. Après quelques petits rôles, il accède à la notoriété en
1980 grâce à son rôle de Lemmy dans Black Mic-Mac. Sa performance dans
le film lui vaut le César du Meilleur espoir masculin.
En 1988, la réalisatrice Claire Denis lui confie un rôle dans Chocolat,
qui marque le début d’une longue collaboration. Grâce à elle, Isaach de
Bankolé rencontre le célèbre réalisateur américain Jim Jarmusch. C’est
donc en 1991 qu’il entame sa carrière américaine avec Night on Earth.
Les deux artistes retravailleront ensemble, notamment dans Ghost Dog.
A l’image de son parcours français, l’acteur enchaîne grosses
productions et films plus intimistes. Quand il ne tourne pas avec le
réalisateur danois Lars Von Trier (Manderlay, 2005), c’est devant la
caméra de Martin Campbell que l’Ivoirien exerce ses talents d’acteur
(Casino Royale, 2006).
Récemment, le comédien a retrouvé ses réalisateurs fétiches dans The
Limits of Control de Jim Jarmusch et White Material, mis en scène par
Claire Denis.
Octobre 2011
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