En Ouganda, la loi antihomosexualité annulée par la justice
Par Le Monde.fr avec AFP




Le 24 février, le président ougandais, Yoweri Museveni, promulguait une loi durcissant la répression de l'homosexualité. Elle a été annulée, vendredi 1er août, par la Cour constitutionnelle ougandaise, qui a estimé que le quorum exigé par la Constitution lors du vote au Parlement n'avait pas été atteint. « La loi est nulle et non avenue », a résumé le président de la Cour.



Cette loi, qui ajoutait notamment la répression de la « promotion de l'homosexualité » et l'obligation de dénoncer les homosexuels à une législation punissant déjà depuis plus d'un demi-siècle les relations homosexuelles de la prison à vie, avait suscité l'indignation au niveau international. Plusieurs bailleurs de fonds avaient suspendu certaines de leurs aides au gouvernement ougandais.

Face au tollé international que la loi avait suscité, le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a salué la décision de la Cour constitutionnelle ougandaise de l'annuler. « C'est une victoire du droit », a-t-il précisé dans un communiqué vendredi, en appelant à la poursuite des efforts « pour décriminaliser les relations homosexuelles », dans le pays où prévaut encore de nombreuses discriminations.

« Je ne suis plus une criminelle »

L'annulation de la loi a été rapidement saluée par les défenseurs de la cause homosexuelle, même si la précédente législation — l'article 145 du code pénal, datant de 1950 et remontant au régime colonial britannique, qui punit de la prison à vie les « relations charnelles contre nature » — reste en vigueur.

« Jugement final : je ne suis plus une criminelle aujourd'hui. Nous avons fait l'histoire pour les générations à venir », a exulté Jacqueline Kasha, figure de la cause homosexuelle en Ouganda.

Le pasteur Martin Ssempa, pourfendeur radical de l'homosexualité, a réagi en affirmant que « les Etats-Unis [avaient] insufflé la sodomie dans notre pays », en référence aux récentes sanctions contre l'Ouganda prises en réaction à cette loi par Washington. Le pasteur, qui avait dénoncé ces derniers jours par avance un « avortement judiciaire de notre loi », attribué, selon lui, aux pressions internationales exercées sur l'Ouganda, s'est dit « déterminé à faire appel devant la Cour suprême ».

Selon des ONG, le durcissement de la législation réprimant l'homosexualité en Ouganda a provoqué une hausse des abus contre les homosexuels : arrestations arbitraires et racket policier, licenciements, expulsions de leurs logements et agressions. La nouvelle loi avait également réduit l'accès des homosexuels aux services de santé et de prévention contre le sida, en raison des craintes d'arrestation, selon ces ONG.


5 Août 2014

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