Afrique : le dur parcours vers les Objectifs du développement
Par Afrique Renouveau
En dépit d'une évolution d'ensemble difficile, des signes de progrès
existent.
SELON
PLUSIEURS RAPPORTS DE L'ONU et d'autres organisations,* l’Afrique fait
face à d'importants défis pour atteindre les Objectifs du Millénaire
pour le développement (OMD). Globalement les statistiques ne sont pas
reluisantes, mais dans certains pays les indicateurs sont très
encourageants. Tour d'horizon.
OBJECTIF 1:
Réduire
l'extrême pauvreté et la faim
Même si certains pays africains devraient atteindre l'objectif de
réduction de la pauvreté de moitié d'ici à 2015, la pauvreté et la faim
s'étendent sur le continent, aggravées par la récente crise économique
mondiale. Sur la base de projections établies par la Banque mondiale,
l'Afrique subsaharienne n'est pas en bonne voie pour réduire le taux
d'extrême pauvreté de moitié d'ici à 2015. Rien n'indique une baisse
des taux de chômage ni du nombre d' "emplois vulnérables" (les
activités des travailleurs indépendants et des membres d'une famille
qui travaillent sans être rémunérés.).
De
2001 à 2007, le Nigéria a doublé sa production alimentaire. Au Ghana le
nombre de personnes souffrant de malnutrition a été réduit de 74 %
entre 1991 et 2004. Grâce à un programme national de subvention des
intrants agricoles, le Malawi a obtenu un surplus de 53 % de sa
production alimentaire en 2007. En 2005, la production agricole du pays
connaissait un déficit de 43 %.
OBJECTIF 2:
Assurer
l'éducation primaire pour tous
L'Afrique subsaharienne a enregistré ces dernières années la croissance
mondiale la plus rapide du nombre d'inscriptions à l'école primaire,
passant de 58 % en 1999 à 76 % en 2008. Le continent a cependant
toujours du retard sur les autres régions en développement et la
cadence des progrès est insuffisante pour que d'ici à 2015, toutes les
filles et tous les garçons soient en mesure d'achever un cycle complet
d'études primaires. En 2008, on comptait 69 millions d'enfants non
scolarisés dans le monde. Près de la moitié (31 millions) vivaient en
Afrique subsaharienne.
Au Kenya, l'abolition des frais de scolarité en 2007 a fait augmenter
le nombre d'élèves du primaire de près de 2 millions. Au Burundi, une
mesure similaire a multiplié par trois, depuis 1999, les inscriptions à
l'école primaire qui ont atteint 99 % de la population scolarisable en
2008. En Tanzanie, la mesure, mise en œuvre en 2001, a permis d'obtenir
en 2006 un taux de scolarisation de 98 % dans le primaire, soit une
augmentation de 97 % par rapport aux chiffres de 1999. La Zambie a
également dépassé le seuil des 90 % d'accès à l'école primaire.
OBJECTIF 3:
Promouvoir
l'égalité des sexes et l'autonomisation des femmes
Même si l'on note quelques progrès, les inégalités entre les sexes
restent importantes en Afrique, notamment dans les domaines de
l'éducation et de l'emploi. Dans la région subsaharienne, le nombre de
garçons dans l'enseignement universitaire dépasse de loin celui des
filles. On ne compte à ce niveau que 76 filles inscrites pour 100
garçons. Au primaire la différence est de 91 filles pour 100 garçons.
Quatre-vingt-quatre pour cent des femmes travaillent à leur compte ou
au sein de leur famille sans être rémunérées contre 71 % des hommes.
Le Rwanda a élu en 2008 une majorité de femmes
(56 %) à la chambre basse de son parlement. C'est aussi le pays qui
compte le plus de femmes au sein de sa représentation nationale. En
Tanzanie, les lois sur la propriété foncière votées en 1999
garantissent aux femmes la possibilité d'en hériter en déclarant
notamment illégales toute discrimination fondée sur le genre.
OBJECTIF 4:
Réduire la
mortalité des enfants
Depuis 1990 la mortalité des enfants de moins de cinq ans a baissé de
22 % en Afrique subsaharienne. La région a ainsi obtenu certains des
meilleurs résultats dans ce domaine. En 2008, 76 % des enfants âgés
d'un an étaient vaccinés contre la rougeole en Afrique, alors qu'en
1990 le pourcentage était de 58 %. En 2008 cependant, les plus hauts
taux de mortalité infantile dans le monde restaient concentrés en
Afrique subsaharienne où l'on dénombre la moitié du total mondial de
8,8 millions de décès. Les 36 pays qui ont des taux de mortalité des
enfants de moins de cinq ans supérieurs à 100 pour 1000 naissances se
trouvent en Afrique subsaharienne, à l'exception de l'Afghanistan et du
Myanmar.
L'Erythrée a réduit son taux de mortalité infantile d'au moins 50 %
depuis 1990. Au Malawi, ce taux de mortalité a baissé de 56 % entre
1990 et 2008. Au cours de la même période la mortalité infantile a
chuté de 25 % en Guinée équatoriale et de 14 % en Zambie. Depuis 1990,
l'Éthiopie, le Mozambique et le Niger ont vu des réductions en chiffres
absolus de plus de 100 décès pour 1000 naissances. La moyenne annuelle
de la baisse des décès parmi les enfants de moins de cinq ans à
progressé de plus de 4 points de pourcentage au Botswana, au Ghana, au
Lesotho, au Rwanda et au Swaziland.
OBJECTIF 5:
Améliorer
la santé maternelle
Bien que l'objectif de réduction de la mortalité maternelle soit celui
sur lequel on constate le moins de progrès, des gains remarquables ont
été obtenus en Afrique du Nord où le pourcentage de femmes ayant vu au
moins une fois un travailleur de la santé qualifié au cours de leur
grossesse a augmenté de 70 %. En Afrique subsaharienne, le pourcentage
de femmes en zones urbaines ayant reçu des soins anténatals au moins
une fois est passé de 84 % en 1990 à 89 % en 2008. Pour les femmes des
régions rurales, les pourcentages correspondants sont respectivement de
55% et de 66 % — ce qui indique que la couverture s'est améliorée plus
rapidement dans les campagnes.
Au Rwanda, la proportion d'accouchements en présence de personnels
qualifiés est passée de 39 à 52 % entre 2005 et 2008 ; et l'utilisation
de contraceptifs parmi les femmes mariées âgées de 15 à 49 ans a fait
un bond de 9 à 26 % entre 2005 et 2008. L'utilisation de contraceptifs
parmi les femmes mariées âgées de 15 à 49 ans au Malawi a plus que
doublé depuis 1992 pour atteindre 33 % en 2004. Entre 1990 et 2009, des
gains de plus de 20 points de pourcentage ont été enregistrés au
Burkina Faso en ce qui concerne les naissances en présence d'assistants
qualifiés.
OBJECTIF 6:
Combattre
le VIH/sida, le paludisme et d'autres maladies
Des années de campagnes d'information et de sensibilisation ont
contribué à une baisse du nombre annuel de nouvelles infections en
Afrique subsaharienne (25 % depuis le milieu des années 1990). Fin
2008, on estimait que 2,9 millions de personnes recevaient un
traitement antirétroviral en Afrique subsaharienne, contre 2,1 millions
en 2007. Cependant l'Afrique subsaharienne reste la région la plus
gravement touchée et comptait 72 % de toutes les nouvelles infections
par le VIH en 2008. Les actions de prévention du paludisme
s'élargissent et dans 26 pays d'Afrique l'utilisation de moustiquaires
pour les enfants est passée de 2 % à peine en 2000 à 22 % en 2008.
En Ouganda, le taux de prévalence du VIH chez les adultes est tombé de
8 % en 2001 à 5,4 % en 2007. Au Botswana, le nombre de nouvelles
infections parmi les enfants a considérablement baissé passant de 4600
en 1999 à 890 en 2007.
OBJECTIF 7:
Préserver
l'environnement
L'Afrique enregistre une perte nette de superficie forestière, 3,4
millions d'hectares de forêts ayant disparu chaque année au cours de la
période 2000-2010. Bien que les émissions de dioxyde de carbone par
habitant restent faibles en Afrique subsaharienne par rapport à celles
des autres régions, des habitats clés pour la préservation d'espèces
menacées ne sont pas adéquatement protégés et le nombre d'espèces
menacées d'extinction augmente tous les jours. Entre 1990 et 2008,
l'accès à l'eau potable a progressé de 22 % en Afrique subsaharienne
mais jusqu'à présent seulement 60 % de la population en bénéficie.
L'Afrique du Nord a pour sa part déjà atteint la cible concernant
l'accès à l'eau.
En 2006, 80 % de la population rurale du Ghana avait accès à une source
d'eau potable améliorée. Au Mali, le pourcentage de la population qui
bénéficie d'au moins un point d'accès à un assainissement amélioré est
passé de 35 % en 1990 à 45 % en 2006. Au Sénégal, le pourcentage de
gens vivant dans les villes qui ont accès à une source d'eau potable
améliorée a atteint 93 % en 2006.
OBJECTIF 8:
Mettre en
place un partenariat mondial pour le développement
L'aide publique au développement (APD) reste inférieure à la barre de
0,7 % du revenu national brut des donateurs fixée par l'ONU. En 2009,
les seuls pays ayant atteint ou dépassé cette barre étaient le
Danemark, le Luxembourg, la Norvège, les Pays-Bas et la Suède. Le
déficit touche plus particulièrement l'Afrique. Au sommet des pays
industrialisés de Gleneagles de 2005, les membres du Groupe des 8
avaient prévu que leurs engagements, combinés à ceux des autres
donateurs, permettraient de doubler l'APD vers l'Afrique à l'horizon
2010. Pourtant, en 2010 l'Afrique ne recevra que 11 des 25 milliards de
dollars supplémentaires annoncés à Gleneagles.
Les espoirs du continent de mieux profiter des échanges internationaux
restent hypothétiques, faute d'avancées dans le cycle de négociations
de Doha à l'Organisation mondiale du commerce. La conclusion de ces
négociations permettrait d'améliorer l'accès aux marchés internationaux
des produits africains. Mais certains avertissent cependant que leur
issue pourrait aussi éroder les avantages préférentiels dont
bénéficient actuellement les pays les moins avancés dont beaucoup se
trouvent en Afrique.
L'Afrique a des Atouts extraordinaires
1er Octobre 2013
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