Quand les nouvelles technologies concourent aux objectifs de développement
Par Cécile Barbière
Les nouvelles
technologies de l’information et de la communication (TIC)
n’atteindront peut-être pas l’ambitieux objectif d’accès universel fixé
dans les OMD. Mais dans les pays en développement, elles
participent à l’amélioration de la santé, de l’éducation ou de la
sécurité alimentaire.
Les
avantages des nouvelles technologies, en particulier des technologies
de l’information et de la communication ne seront pas en accès
universel d’ici 2015. Reste que leur développement a apporté un relais
de croissance à d’autres objectifs de lutte contre la pauvreté.
Depuis 2011, l’AMREF, une ONG africaine dédiée à la santé publique a
lancé une campagne de formation de sages-femmes sur le continent.
L’objectif est de parvenir à former à un diplôme d’Etat
15 000 sages-femmes à l’horizon 2015. Une nécessité sur un
continent ou les décès liés à l’accouchement restent légion. « Sur
ces 15 000 futures sages-femmes, 75% suivront des cours en
e-learning pour la partie théorique de leur formation » explique
Silvia Tolve , responsable programmes et partenariats de l’ONG.
Les nouvelles technologies permettent d’accélérer l’accès à la
formation et de l’étendre à un plus grand nombre de personnes.
« En 2006, AMREF devait mettre à niveau 22 000 sages-femmes
au Kenya, le gouvernement s’étant rendu-compte des disparités de
formation et de compétence dans ce métier. Nous avions fait une
estimation du temps nécessaire avec une formation traditionnelle. Pour
former la totalité de ces 22 000 sages-femmes avec un enseignement
traditionnel, il nous aurait fallu 106 ans ! Grâce au aux TIC,
nous avons terminé la formation de 10 000 d’entre elles en 7
ans » souligne Silvia Tolve.
Du e-learning pour la formation médicale
D’autres formations médicales en e-learning permettent en Afrique de
former les médecins africains sur des thèmes aussi variés que la lutte
contre le paludisme, la gestion des centres de santé ou encore la
prévention de la transmission du sida de la mère à l’enfant.
Reste que l’accès à un ordinateur relié à Internet, ou même parfois à
l’électricité relève de la gageur dans certaines régions. En Afrique
subsaharienne, moins de 20 % de la population utilise internet, relève
le rapport 2013 de l’ONU sur les Objectifs du Millénaires pour le
Développement (OMD). La région enregistre ainsi le taux de pénétration
le plus faible du monde. La moyenne des pays en développement,
s’établie à 31 % de la population.
L’accès aux formations en ligne, qui nécessite une connexion internet
ainsi qu’un ordinateur est parfois un véritable défi. « Pour faire
face au manque d’équipement – voire parfois d’accès à l’électricité –
nous avons développé les formations sur CD-rom et également sur
téléphone mobile, qui est la technologie la plus développée en
Afrique » détaille Silvia Tolve.
Fracture numérique réduite
La pénétration mondiale de la téléphonie mobile (mesurée comme le
nombre d’abonnements par rapport à celui de la population totale)
atteindra 89 % dans les pays en développement à la fin de l’année 2013.
Un taux proche de la pénétration de pays développés, qui atteint 96 %.
Les pays en développement représentent maintenant plus de 77 % de
tous les abonnements mondiaux aux téléphones mobiles cellulaires.
Dans certains pays comme le Kenya, la pénétration de la téléphonie
mobile et d’Internet a explosé au cours des dernières années. En 2007,
ils n’étaient que 2 millions à avoir accès à Internet. En 2012, ce
chiffre était monté à 14 millions d'usagers.
Au-delà de la connectivité des pays en développement, les technologies
de l’information et de la communication permettent un nouveau type de
progrès : celui de la collecte de données. « La disponibilité
de téléphone mobiles rend aujourd’hui possible la collecte de données à
une échelle et un niveau de précision qui était jusqu’alors impossible
dans les pays en voie développement » note Randeep Sudan,
responsable du secteur TIC à la Banque Mondiale
Sécurité alimentaire
En Ouganda, le réseau Ureport rassemble 190 000 volontaires
qui font remonter les problèmes touchant au développement via un
service gratuit de sms. Le système, financé par l’UNESCO, permet
la collecte rapide d’information sur des thématiques variées.
Dans ce pays, où la banane est un aliment de base consommé par plus de
14 millions de personnes, la Banque mondiale a récemment aidé le
gouvernement ougandais à obtenir une information rapide et localisée
sur une épidémie dans les cultures du pays. Via le système Ureporters,
les rapports envoyés par les agriculteurs victimes ou témoins de
l’épidémie ont permis d’alerter le gouvernement et d’enrayer la
contagion.
En zone rurale, les TIC permettent souvent d’améliorer la
rentabilité ou la viabilité des exploitations agricoles. « Il y a des
services qui permettent d’apporter des conseils aux agriculteurs
sur les conditions climatiques, ou des informations sur les prix
en cours sur les marchés» explique Denis Guibard, en charge du
développement durable pour les produits et services chez Orange. « Il
faut cependant adapter ces messages à des téléphones simples, à un
environnement multilingue et parfois à une population non-alphabétisés,
en faisant des messages vocaux par exemple » poursuit-il.
En Inde une technologie développée par Nokia permet également d’alerter
les agriculteurs sur les variations climatiques. « En l’Inde
et en Afrique, ce système est utilisé aujourd’hui par 100 millions de
personnes. Il permet de sauver des dizaines de milliers de
dollars » a expliqué Navi Radjou, consultant indépendant en
stratégie, lors d’un débat au Forum mondial « Convergence »
sur la solidarité internationale.
PROCHAINES ÉTAPES :
• 23 sept. 2013 : ouverture du
sommet consacré à la révision des objectifs du Millénaire pour le
développement à New York
• 2015 : date butoir pour
atteindre l'objectif de 0,7 % en matière d'Aide Publique au
Développement (APD)
• 2015 : date butoir des objectifs actuels du Millénaire pour le développements
7 Octobre 2013
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