"La Paix et le Développement doivent aller de pair"
déclare le secrétaire général de l'ONU devant l'Assemblée nationale du Niger
Par Centre d'actualités de l'ONU
On trouvera,
ci-après, l’allocution du Secrétaire général prononcée devant
l’Assemblée nationale du Niger, à Niamey, le 6 novembre 2013 : C’est
pour moi un privilège exceptionnel de m’adresser aux membres de
l’Assemblée nationale du Niger. La présence à mes côtés de la
Présidente de la Commission de l’Union africaine, Mme Nkosazana
Dlamini-Zuma, et du Président du Groupe de la Banque mondiale, M. Jim
Yong Kim, donne à cette occasion un sens encore plus particulier. Nous
sommes accompagnés du Président de la Banque africaine de
développement, M. Donald Kaberuka, du Commissaire au développement de
l’Union européenne, M. Andris Piebalgs, et de mon Envoyé spécial pour
le Sahel, M. Romano Prodi.
Nous
faisons ensemble un voyage de solidarité avec les Sahéliens. Nous
sommes ici pour écouter, et nous sommes ici pour agir. Notre message
est simple et clair. Il découle d’une longue expérience acquise
partout dans le monde. La paix ne peut durer sans le développement.
Et le développement ne peut durer sans la paix. La paix et
le développement doivent aller de pair. C’est pourquoi nous
sommes venus au Niger, pour joindre nos forces aux vôtres.
L’ONU est fière du travail qu’elle accomplit avec les Nigériens, depuis
des années, pour élaborer des solutions durables. Nous faisons front
commun pour accélérer la réalisation des Objectifs du Millénaire pour
le développement, y compris grâce à l’ambitieuse initiative de
transformation de l’agriculture intitulée « les Nigériens
nourrissent les Nigériens », ou « 3N ».
Nous sommes résolus à appuyer les efforts que vous déployez pour
promouvoir la bonne gouvernance et mettre en place des institutions
efficaces et fiables. Nous collaborons pour appuyer les initiatives que
vous lancez afin d’élargir les perspectives d’avenir des Nigériens, en
particulier les jeunes, et de leur donner des moyens de subsistance
viables. Nous sommes déterminés à faire tout ce que nous pouvons pour
que les femmes et les filles du Niger aient accès à un enseignement de
qualité, à de bons emplois et à des soins de santé dignes de ce nom, et
puissent participer à la vie politique, y compris ici, au Parlement.
Aujourd’hui, j’ai eu le plaisir de me joindre au
Président Issoufou lorsqu’il a lancé un appel à l’action dans le
domaine démographique. À l’ONU, je fais ce qui est en mon pouvoir pour
que les femmes aient davantage de moyens d’action. Pour la première
fois, cinq opérations de maintien de la paix des Nations Unies sont
dirigées par des femmes. J’ai choisi une éminente Nigérienne, Mme
Aichatou Mindoudou Souleymane, pour diriger la mission en Côte
d’Ivoire, une de nos plus vastes opérations. Elle accomplit un
travail remarquable. Je suis fier d’elle et je sais que vous
l’êtes aussi.
Le Niger contribue au maintien de la paix et de la sécurité mondiales
par beaucoup d’autres moyens également. Je salue les quelque
2 000 courageux Nigériens qui participent à des opérations de
maintien de la paix des Nations Unies, du Mali à Haïti en passant par
la République démocratique du Congo et d’autres pays.
Je rends hommage aux 19 Nigériens qui ont donné leur vie sous la
bannière des Nations Unies. Et je remercie le Niger de l’aide qu’il
continue d’apporter aux milliers de Maliens qui ont trouvé refuge ici.
Partout au Sahel, l’instabilité et les troubles règnent… le nombre des
déplacés grandit… le prix de l’alimentation et des combustibles
augmente… la sécheresse fait des ravages… et les habitants donnent tout
ce qu’ils ont pour partir tenter leur chance ailleurs.
Je présente mes sincères condoléances aux familles de ceux qui ont si
tragiquement péri dans le Sahara la semaine dernière. Même s’ils
avaient survécu à la traversée du désert, nous savons que le reste de
leur périple aurait été semé d’embuches. La vie meilleure qu’ils
espéraient serait peut-être restée un mirage. Pour honorer leur
mémoire, nous devons prendre l’engagement solennel de traduire en
justice les trafiquants qui leur ont ôté la vie, de remédier aux crises
alimentaires qui les ont poussés à partir, d’améliorer les conditions
de vie des groupes auxquels ils appartenaient pour que d’autres ne se
sentent pas obligés de les suivre, et d’offrir des possibilités sûres à
ceux qui veulent aller chercher du travail à l’étranger.
L’ONU a pour mission de défendre les droits de l’homme, et les droits
des migrants sont une de mes grandes préoccupations. Face à tous ces
problèmes complexes, les Nigériens et les Sahéliens donnent au monde
une leçon très importante. Ils sont la preuve vivante que les problèmes
ne peuvent être circonscrits à l’intérieur des pays, et que les
solutions doivent donc aussi dépasser les frontières et les obstacles
bureaucratiques, les scissions entre groupes humains et entre cultures,
les divergences entre mouvances et partis politiques.
C’est là le test du XXIe siècle.
Nous devons creuser plus profondément pour atteindre les racines des
conflits. Au Sahel, ces racines ont pour nom pénurie d’eau et de
vivres, sur-sollicitation des terres, retards de développement et
insécurité chronique. Nous devons remédier à ces problèmes de façon
globale: pas comme s’ils étaient distincts les uns des autres, comme
s’il n’y avait pas de lien entre les conflits armés, l’instabilité
politique et le développement économique. C’est pourquoi la Stratégie
intégrée des Nations Unies pour le Sahel tient compte des rapports
déterminants qui existent entre ces problèmes, et a pour objet de vous
aider à vous y attaquer vigoureusement grâce à des solutions bien
coordonnées.
Étant les plus proches représentants des Nigériens, vous avez un rôle
essentiel à jouer. Vous êtes le lien indispensable entre
l’échelon local et l’échelon mondial. Dans le cadre de notre stratégie,
nous nous employons à établir une plateforme régionale qui relie entre
eux les comités parlementaires et leur permette de partager leur
expérience, d’examiner les difficultés communes et de définir des
priorités communes. Nous voulons aider à renforcer les parlements et
donner à tous les partis politiques les moyens de créer une culture de
paix s’étendant à l’ensemble du Sahel. Nous vous invitons à
participer activement à cette initiative.
Aucun pays et aucune organisation ne peut faire cavalier seul.
Nous devons collaborer pour que toutes les voix soient entendues,
pour que tous les avis politiques soient pris en considération et pour
que la paix et la stabilité s’installent durablement. C’est le test que
le Niger et le Sahel présentent à la communauté internationale pour le
vingt et unième siècle.
Unissons-nous pour le réussir.
Ensemble, puisons des forces dans la devise de votre grand pays: « Fraternité, Travail, Progrès ».
8 Novembre 2013
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