Le planning familial en Afrique à la merci du veto de Donald Trump sur l’avortement ?
Par Laurence Caramel - LE MONDE Le 26.01.2017 à 16h24 • Mis à jour le 27.01.2017 à 16h23
Les
Etats-Unis assurent plus de 80 % de l’aide publique bilatérale
attribuée aux pays d’Afrique subsaharienne pour financer le contrôle
des naissances.
L’Afrique pourrait être la première touchée par la décision de Donald
Trump de suspendre tout financement public aux associations qui
soutiennent le droit à l’avortement aux Etats-Unis comme à l’étranger.
L’agence de coopération internationale USAID assure en effet 82 %
de l’aide publique internationale attribuée « aux politiques de
population et de santé reproductive » en Afrique subsaharienne.
Les Etats-Unis financent 82% de l'aide publique consacrée aux politiques de population en Afrique
Les programmes de planning familial qui ont pour but de donner aux
femmes la possibilité de maîtriser la fréquence de leurs grossesses ne
font évidemment pas la promotion de l’avortement comme méthode
contraceptive, mais le recours à l’interruption de grossesse n’est pas
exclu, surtout lorsque la vie de la mère est en jeu. Le président
« pro vie » comme M. Trump s’est qualifié a, a priori,
exclu de ses sanctions ce dernier cas de figure. Mais tout sera
évidemment affaire d’appréciation dans l’évaluation des politiques
conduites par les services de santé ou les ONG.
Une priorité croissante de l'USAID
Il faut cependant noter que le rétablissement de cette politique
anti-avortement, introduite par Ronald Reagan en 1984 et connue
sous le nom de « Mexico City Policy », a connu des aléas au
gré des majorités – annulation par Bill Clinton en 1993,
rétablissement par George W. Bush en 2001 puis nouvelle annulation
en 2009 par Barack Obama – qui ont été sans impact sur les budgets
alloués aux politiques démographiques à l’étranger. Selon les chiffres
que l’OCDE publie depuis 2002, ces budgets ont régulièrement augmenté,
sauf en 2014 et 2015. L’enveloppe allouée en particulier aux
politiques de planning familial en Afrique n’a jamais cessé
d’augmenter. De façon plus rapide, il est vrai, pendant les deux
mandats de Barack Obama.
M. Trump sera-t-il le président républicain à remettre en cause
cette priorité de l’USAID ? Cela constituerait une rupture majeure
dans la politique des Etats-Unis pour qui la maîtrise de la croissance
démographique est jusqu’à présent un enjeu de développement et de
sécurité.
28 Janvier 2017
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