Étudiants à l’African Leadership University à Maurice
Outre la bourse Ibrahim, les initiatives de formation au leadership
comprennent l’African Leadership Initiative, l’African Leadership
Institute, la Young African Leaders Initiative, l’African Leadership
Development Program, l’Africa Science Leadership Programme et l’African
Leadership Academy (ALA).
L’ALA est une école secondaire panafricaine basée à Johannesburg où
plus de 700 étudiants de 45 pays ont reçu une formation ces 10
dernières années.
Les leaders de demain
« L’Afrique n’a pas besoin de leaders de 75 ou 65 ans. Nous avons
besoin de leaders jeunes, dynamiques, innovateurs, auxquels la jeunesse
peut s’identifier », a déclaré Graça Machel, veuve de Nelson Mandela,
lors de la célébration du 10e anniversaire de l’ALA à Johannesburg en
février. Le milliardaire soudanais Mo Ibrahim, entrepreneur et
philanthrope, a dénoncé l’enracinement des leaders africains
vieillissant, prêts à tout pour rester au pouvoir et qui écartent les
jeunes générations. Fred Swaniker, expert en leadership et cofondateur
de l’ALA, a créé l’académie car en grandissant dans des pays comme le
Ghana, la Gambie, le Botswana, l’Afrique du Sud et le Zimbabwe, il a
compris la différence que pouvait faire une formation en leadership
dans un pays.
Il reproche aux leaders post-indépendance de « n’avoir rien fait, sinon
ravagé l’Afrique », mais fait l’éloge de leaders tels que Paul Kagame
au Rwanda et Nelson Mandela en Afrique du Sud.
M. Swaniker envisage une génération de jeunes leaders qui seront capables de créer la prospérité.
La bourse Ibrahim de six ans n’implique pas de formation académique ou de séminaires.
L’ALA met quant à elle en place un réseau d’écoles de leadership, et
espère former trois millions de leaders africains dans les 50
prochaines années, indique M. Swaniker. Le premier campus ouvert à
Maurice en 2015 et le deuxième au Rwanda en 2017. Les débats sur
l’Afrique évoquent le manque d’électricité, la pauvreté, le chômage,
les emplois sous payés, la lenteur de l’industrialisation — et
les moyens de mobiliser des ressources pour relever ces défis. Il faut
un bon leadership, a déclaré Sam Adeyemi, consultant, lors d’un débat
en ligne du Forum économique mondial sur l’Afrique 2017. M. Swaniker a
fait remarquer que « on ne naît pas grand leader— on le devient », et
d’ajouter que la formation de « leaders qui élèvent les sociétés au
sommet » fait le succès des nations.
Rétrospectivement, les deux bénéficiaires de la formation en
leadership, Mme Yinusa et M. Manlan, croient que l’expérience pratique
au sein d’organisations multinationales leur a été bénéfique. M. Manlan
estime que la bourse lui a permis d’acquérir les connaissances et
l’expérience nécessaires pour assumer des fonctions de gestion de plus
en plus nombreuses au niveau international. Il souhaiterait donc que
d’autres institutions proposent davantage de programmes de ce type.
Jacqueline Musiitwa, qui a reçu une bourse au CCI en 2012, dirige
maintenant la branche ougandaise de Financial Sector Deepening, un
programme financier soutenu par le gouvernement britannique pour
réduire la pauvreté en Afrique. Ayant déjà participé à de nombreux
programmes et séminaires de leadership de courte durée, elle a «
immédiatement sauté » sur l’occasion d’aller au CCI. « De toutes les
formations que j’ai suivies, c’était la seule qui offrait une
expérience professionnelle, et c’est la meilleure à ce jour », dit-elle.
Mme Musiitwa a suivi une formation d’avocate et fondé en 2007 le Hoja
Law Group, une société de conseil juridique sur les questions de
gouvernance d’entreprise, de droit commercial et de droit public qui
opère à Kigali et à New York. Elle a participé au Forum économique
mondial de 2011 en tant que Jeune leader mondial, et jongle maintenant
entre la pratique du droit et d’autres emplois. Elle pense que
l’Afrique n’offre pas suffisamment d’opportunités de développement du
leadership pour les jeunes professionnels.
Les aînés
En plus des programmes officiels de formation au leadership, les
leaders actuels doivent également contribuer au développement des
jeunes, affirment les analystes.
En février, l’ancienne présidente libérienne Ellen Johnson Sirleaf a
remporté le Prix Mo Ibrahim pour son leadership accompli, après avoir
dirigé le redressement de son pays par la réconciliation et
l’édification de la nation, après des années de conflits sanglants.
Lancé en 2006, le prix vise à promouvoir la bonne gouvernance et les
transitions politiques pacifiques en mettant à l’honneur les présidents
africains qui, selon la Fondation Mo Ibrahim, « ont développé leur pays
et renforcé la démocratie et les droits de l’homme » et sont des «
modèles exceptionnels pour le continent ».
En janvier, Mme Sirleaf a cédé le pouvoir à George Weah, 51 ans.
Il semble toutefois y avoir un déficit de leaders politiques hors du
commun; sur une décennie, à l’exception de M. Mandela, seulement cinq
dirigeants ont satisfait aux critères du prix : Mme Sirleaf (2018),
Joaquim Chissano du Mozambique (2007), Festus Mogae du Botswana (2008),
Pedro Pires du Cap Vert (2011) et Hifikepunye Pohamba de Namibie (2014).
Entre la formation académique défendue par l’ALA et l’expérience de vie
encouragée par la bourse Ibrahim, il semble y avoir « de la place pour
beaucoup plus » d’efforts dans la formation de jeunes leaders, dit Mme
Musiitwa.
20
Août 2018
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