L’Afrique envisage de nouvelles politiques de développement Par Afrique Avenir
Les
objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) constituent un
élément important de la lutte contre la pauvreté. S’ils devraient se
poursuivre au-delà de 2015, il apparaît aujourd’hui que la crise
économique affecte les politiques de développement actuelles. Les
crises alimentaire, climatique, énergétique et financière bouleversent
l’Afrique comme le reste du monde.
Dans
ce contexte de crise, il est donc urgent de dépasser les OMD : des
idées nouvelles et de nouveaux moyens de mobilisation sociale et
politique s'imposent peu à peu aujourd’hui dans de nombreux pays
africains.
Les OMD : des plans de développement efficaces
Les
plans de développement lancés par la mise en œuvre des OMD ont marqué
une avancée significative de lutte contre la pauvreté sur le continent.
Ils ont suscité un engagement politique sans précédent et permis le
débat sur les moyens de mobiliser le soutien des bailleurs de fonds.
Dans les pays en développement, ils ont permis à la société civile
d'obliger les gouvernements à rendre compte de leurs décisions.
Cependant,
le concept des OMD repose sur la croyance que le développement humain
va de pair avec un marché dérèglementé. Ainsi si des pays sont pauvres,
c'est parce qu'ils ne sont pas suffisamment ouverts à la
mondialisation. La pauvreté est dès lors considérée comme un défi
simplement technique qui peut être relevé en augmentant l'aide au
développement. Or, l'aide économique ne peut l’unique moteur de
développement. De plus, l’aide ne peut rien changer à la redistribution
des richesses. La pauvreté est en fait la conséquence des structures
internationales du pouvoir, de la mauvaise gouvernance, de l'oppression
et de la discrimination. Elle exige donc une solution politique.
Dix ans de croissance africaineCes
dix dernières années, le revenu moyen en Afrique subsaharienne n'a
cessé d'augmenter, avec des taux de croissance annuels de 5 pour cent
en moyenne. Plus d'un tiers des Africains vivent dans des pays dont les
économies connaissent un taux de croissance annuel supérieur à 4 pour
cent depuis 10 ans et 18 de ces pays figurent au classement de la
Banque mondiale dans la catégorie des "pays à croissance diversifiée et
durable."Cependant,
cette croissance repose sur une forte hausse des prix des matières
premières et de la consommation financée par des apports d'argent de
l'extérieur. Peu d'emplois ont été créés. La croissance est inégale,
supérieure en moyenne dans les pays exportateurs de pétrole.
La crise économique et les nouvelles pistes de développementL'Afrique
a été durement frappée par la crise. Baisse des flux financiers privés,
perte de revenus commerciaux, diminution des rapatriements de fonds et
restrictions apportées aux flux d'aide internationale, les pays
donateurs d'aide devant eux-mêmes recourir à des mesures d'austérité,
entravent la réalisation des OMD car nombre de pays africains à bas
revenu ne pourront plus les financer sans un supplément d'aide
internationale et/ou un allègement de leur dette. Or les niveaux de
l'aide internationale n’augmenteront quasiment pas.Tous
ces paramètres poussent aujourd’hui les acteurs politiques du continent
à reconsidérer la dérèglementation des marchés, jadis prônée comme la
solution miracle. Une croissance économique qui ne réduit pas les
inégalités structurelles ne sert pas les plus défavorisés. Les
Africains doivent donc réfléchir aux moyens de faire face aux problèmes
structurels dans les domaines de la production, de la distribution et
de la propriété, ainsi que du pouvoir qui perpétuent les déséquilibres.
La coopération sud-sud est aujourd'hui valorisée et constitue une
solution adaptée au continent.La
crise actuelle offre de nouvelles possibilités d'activisme. Elle
présente l'occasion de s'engager sérieusement dans une grande
mobilisation politique pour créer des structures et des institutions
réellement redistributives aux niveaux local, national et international. Avril 2011
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