« Alerte rouge » sur la perte mondiale de biodiversité
Par Le Monde - Par Pierre Le Hir Publié le 28 Avril 2019 à 05h24, mis à jour à 11h00
Les
délégués de 132 pays et les experts de l’IPBES entament lundi une
semaine de discussions à Paris pour alerter sur la disparition
accélérée du vivant. La sixième extinction de masse des espèces est bel
et bien en cours.
« Notre
maison brûle et nous regardons ailleurs », avait lancé Jacques
Chirac lors du sommet mondial de la Terre de Johannesburg,
en 2002, pointant ainsi la menace du réchauffement climatique. Il
faudrait aujourd’hui ajouter : la vie sauvage s’effondre, et nous
fermons les yeux. C’est avec l’espoir de provoquer un sursaut
international que se réunissent à Paris, à partir du lundi
29 avril et pour une semaine, les experts de la Plateforme
intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et
les services écosystémiques (IPBES).
Créée en 2012, sous l’égide des Nations unies et fédérant
aujourd’hui 132 pays, cette structure peut être considérée comme le
« GIEC de la biodiversité », en référence au Groupe d’experts
intergouvernemental sur l’évolution du climat, dont elle a repris, dans
son domaine, le mode de travail. Les délégués présents à Paris vont
d’abord adopter un rapport scientifique de plus de
1 700 pages, élaboré par 150 chercheurs de cinquante pays,
avec des contributions fournies par 250 spécialistes des sciences
naturelles, mais aussi économiques et sociales.
Cette somme constituera la première évaluation mondiale de l’état de la
biodiversité depuis le Millennium Ecosystem Assessment, l’Evaluation
des écosystèmes pour le millénaire, réalisé en 2005. Surtout, elle
sera la première à revêtir un caractère intergouvernemental, ce qui en
fera le socle commun des connaissances sur lequel s’appuieront les
futures négociations internationales sur ce sujet.
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« Le tissu de la vie » en péril
Au terme de cette session de l’IPBES, les représentants des
gouvernements devront aussi approuver mot par mot, comme il en va des
travaux du GIEC sur le climat, un « résumé pour les
décideurs » d’une trentaine de pages, synthétisant les principaux
messages, qui sera rendu public lundi 6 mai. C’est ce document
politique qui, bien qu’il n’ait pas de caractère contraignant, devra
ensuite guider l’action des Etats.
Sans préjuger de sa rédaction finale, on sait déjà, précise la
diplomatie française, que sa teneur sera « une alerte maximum, une
alerte rouge, sur l’état de la biodiversité dans le monde ». La
sixième extinction de masse des espèces est bel et bien en cours. Et la
terrible nouveauté, par rapport aux précédentes comme la disparition
des dinosaures, voilà 65 millions d’années, est qu’elle se produit
en quelques décennies seulement, et qu’une espèce parmi toutes les
autres, l’homme, en est responsable.
29 Avril 2019
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