Conférence mondiale sur les océans : il faut porter secours à la mer
Par Jean-Luc Goudet
Forum
scientifique international organisé par l'Indonésie, la Conférence
mondiale de l'océan vient se clore sur un appel solennel : la
mobilisation contre les dégradations des mers. Ceux que l'on appelle
les petits Etats insulaires, menacés par la montée du niveau de
l'océan, sonnent l'alarme sur le problème des réfugiés climatiques.
Il
faut « porter secours aux océans ». C'est sur cet appel que
s'est conclue la Conférence mondiale sur les océans, qui réunissait
cette semaine 1.500 représentants de 70 pays à Manado, sur l'île de
Sulawesi (alias Célèbes), en Indonésie, le pays organisateur.
Dans
la déclaration finale, ces nations se sont engagées à promouvoir
« la préservation » et « l'utilisation raisonnée des
ressources marines ». Ces engagements n'ont rien de contraignant,
cette conférence n'étant qu'informelle et exprimant des souhaits pieux.
Mais elle souligne l'importance de négociations sur la gestion des
océans, qui devront être discutées lors du prochain sommet sur le
climat, à Copenhague, en décembre 2009, pour décider de la suite à
donner au protocole de Kyoto. Cette réunion de Manado préfigure
également la prochaine Conférence mondiale pour les océans de 2010 qui
se tiendra cette fois au siège de l'Unesco, à Paris.
Le PNUE
(Programme des Nations Unies pour l'environnement) en a profité pour
demander des investissements dans la réduction des rejets de déchets
dans les océans. Selon cette organisation, huit millions de détritus
sont jetés chaque jour à la mer dans le monde, dont l'essentiel est
constitué de matières plastiques. Le PNUE avait déjà souligné, juste
avant Manado, l'importance des équipements de pêche perdus par les
navires, surtout des filets. Il en flotterait actuellement 640.000
tonnes, soit 10% de la masse de déchets mondiaux.
L'impact de
ces engins perdus serait considérable, réalisant ce que le PNUE appelle
une pêche fantôme. Les principaux accusés sont les filets maillants,
très utilisés depuis l'interdiction des grands filets dérivants.
Accrochés sur le fond, ces engins forment des pièges verticaux
s'étendant sur 600 à 10.000 mètres de longueur. Certains sont
abandonnés ou perdus et continuent à pêcher durant des mois voire des
années. Le rapport du PNUE cite également les nasses et autres pièges
de pêcheurs qui ne sont pas tous récupérés. En Guadeloupe, par exemple,
environ 20.000 engins de ce genre seraient perdus après chaque ouragan.
150 millions de réfugiés climatiques ?
D'autres
sonnettes d'alarme ont été tirées à Manado. En marge de la conférence,
l'Alliance des petits Etats insulaires (Aosis, Alliance of Small Island
States), qui regroupe 43 Etats, répartis dans toutes les régions du
monde et dont le territoire est constitué d'îles, ont fait entendre
leur voix sur les conséquences de la montée du niveau de l'océan. Les
estimations actuelles du Giec (Groupe intergouvernemental d'experts sur
l'évolution du climat) prédisent une élévation de 59 centimètres au
maximum en 2100.
Selon l'Aosis, une
telle hausse du niveau de la mer pourrait contraindre, dès
2050, 150 millions personnes à quitter leurs lieux d'habitations. De
plus, il n'est pas impossible que les prévisions du Giec soient
sous-estimées car elles ne prennent pas en compte la fonte possible
d'une partie des glaces d'eau douce de l'Antarctide et du Groenland
(mais seulement l'augmentation de volume de l'océan mondial due à son
réchauffement).
Ces Etats insulaires veulent que soit
sérieusement évoquée la question de ces futurs réfugiés climatiques.
L'Aosis réclame désormais une diminution de 85% de l'émission des gaz à
effet de serre d'ici à 2050, un objectif bien supérieur aux engagements
actuels.
Septembre 2009
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