Les enjeux de l’eau en
Afrique
Par
Afrique Avenir
L’accès à l’eau est reconnu comme un droit fondamental de l’être humain
par l’Organisation des Nations Unie qui en a fait un des Objectifs du
Millénaire pour le Développement (OMD). En Afrique, le problème de
l’eau se pose avec acuité. Le continent accuse un sous-équipement
important dans l’accès à l’eau potable et à l’assainissement. C’est là
aussi où les cours d'eau sont le moins aménagés pour la production
hydroélectrique et où l'agriculture irriguée est la moins développée.
Pourtant l’eau ne fait pas défaut sur le continent. Elle est seulement
inégalement répartie.
L’Afrique dispose donc d’un potentiel de développement en matière de
gestion durable des eaux très important. Parvenir à mettre en valeur
les ressources en eau pour produire de l'hydroélectricité, pour
irriguer et pour fournir un service adéquat à une population urbaine en
rapide expansion, sans compromettre la préservation de ses riches
écosystèmes aquatiques, c'est aujourd’hui le grand enjeu de la question
de l'eau en Afrique.
Des
besoins d’aménagements hydrauliques différents selon les pays
L'Afrique du Sud est un des pays le mieux équipés en infrastructures
hydrauliques. Et pourtant, il cumulait, à la fin de l'apartheid, les
problèmes du « premier » et du « troisième » monde
: un niveau de pollution élevé et des maladies liées au manque d'accès
à l'eau comme le choléra.
Le gouvernement de l'African National Congress, au pouvoir depuis
l'élection de N. Mandela en 1994, a décidé de remettre en cause la
gestion de l'eau du régime d’apartheid, avec une nouvelle politique
résumée par le slogan « Some, For All, For Ever ». Tout
l'enjeu était de concilier la protection de l'environnement en limitant
le gaspillage, tout en donnant accès à l'eau à la population noire avec
une perspective de préservation des ressources à long terme. Quinze ans
plus tard, les résultats de cette nouvelle politique sont mitigés. De
nombreux foyers ont bénéficié d'un accès amélioré à l'eau potable, mais
dans le même temps, les gaspillages par les agriculteurs exportateurs
blancs et les niveaux de pollution restent préoccupants.
Au Soudan, la problématique est très différente, car les
infrastructures sont actuellement très limitées. Il s'agit pour ce pays
très pauvre, mais qui a acquis une capacité à s'équiper grâce à la
rente pétrolière et l'aide chinoise, de mettre en valeur ses ressources
en eau, et notamment le Nil, qui n'a été l'objet d'aucun aménagement
majeur depuis l'indépendance en 1956. Dans ce contexte, tout
aménagement apporte d'importants bénéfices à court terme : le seul
barrage de Marawi, inauguré en avril 2009 sur le Nil à 300 kilomètres
au nord de Khartoum, permet de doubler la production électrique du
pays. Les suivants, aujourd'hui en construction, permettront au Soudan
d'en exporter. Mais les conséquences environnementales comme les
intérêts des populations riveraines ont été négligés. Cela pose
évidemment la question de la durabilité de ces investissements,
d'autant qu'ils se doublent, au Soudan, de conflits politiques sur le
partage des bénéfices futurs.
Développer
l’accès à l’eau: des solutions existent
Comme l'on montré les deux exemples précédents, les solutions
techniques existent. Tous les problèmes sont techniquement solvables et
proviennent de fait de modes de gestion parfois inadaptés et du manque
de financements. Les trois piliers de la solution aux problèmes de
l'eau en Afrique résident dans la progressivité, la diversité et la
solidarité.
La progressivité signifie qu'il ne faut pas vouloir et construire tout,
tout de suite. Dans l'agriculture irriguée comme dans l'accès à l'eau
potable, les expériences passées ont montré que les grands projets
livrés « clés en main » ne donnaient pas de résultats
satisfaisants au bout des quelques années. Il vaut mieux commencer
lentement et mettre en place progressivement des réseaux durables,
quitte à ce qu'il y ait provisoirement des inégalités entre quartiers
ou entre régions. Il ne faut pas oublier que les pays du Nord ont eux
aussi mis plusieurs dizaines d'années pour parvenir à une couverture
universelle pour l'accès à l'eau et à l'assainissement.
La diversité, ou, autrement dit, « One size does not fit
all ». Il n'y aura pas un modèle unique, tant pour les solutions
techniques adoptées que pour les modes de gestion. Les « histoires
d'eau » de chaque pays sont différentes et il faudra donc des
modes de gestions différenciés pour régler au cas par cas des problèmes
spécifiques. Cela implique donc nécessairement la participation des
populations concernées.
La solidarité enfin. Cette solidarité doit se situer bien sûr au niveau
international, notamment pour apporter les financements nécessaires aux
projets locaux. Mais elle s'organise aussi au niveau local, car
l'entraide pour l'accès à l'eau existe traditionnellement dans presque
toutes les cultures africaines. Aussi bien au Soudan, où il est
habituel de laisser de l'eau disponible aux passants devant sa maison,
qu'en Afrique du Sud, où l'eau nécessaire aux besoins fondamentaux est
distribuée gratuitement par le réseau public. Les modèles de
développement hydraulique devront s'appuyer sur ces solidarités pour
que « l'eau pou tous » devienne réalité en Afrique..
Juillet 2011
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