Pourquoi 2016 sera l'année de la reprise dans la zone euro
Par Marie Théobald


Baisse des prix du pétrole, hausse des salaires, taux d'intérêt faibles... Tous ces indicateurs devraient pousser les ménages à consommer davantage et les entreprises à investir.

Dans la zone euro, la reprise se confirmerait mais resterait modérée. C'est ce qu'affirme l'Insee dans ses perspectives économiques de ce début d'année 2016 pour la zone euro, préparées avec l'IFO (institut allemand) et l'Istat (institut italien).



Le produit intérieur brut croîtrait de 0,4% par trimestre en volume au premier semestre 2016 après avoir augmenté d'1,5% en moyenne annuelle en 2015, selon les dernières estimations.

La croissance du PIB a légèrement ralenti au troisième trimestre 2015 (0,4% après 0,5% au deuxième trimestre) en raison de la stabilisation des investissements et du ralentissement des exportations, et ce, malgré une croissance robuste des consommations privée (0,4%) et publique (0,6%).



Quels sont les moteurs de la reprise annoncée pour 2016 ?

• Une progression de la consommation des ménages dûe à la baisse des prix du pétrole

La nouvelle baisse des prix du pétrole et la hausse de l'emploi et des salaires favoriseraient le pouvoir d'achat, ce qui porterait la consommation privée, après un léger fléchissement attendu au quatrième trimestre 2015, sous l'effet des craintes causées par les attaques terroristes meurtrières du 13 novembre à Paris.



Cette robustesse de la demande intérieure, dopée par une légère accélération du commerce mondial, devrait entraîner une augmentation des importations. Le commerce extérieur ne devrait donc pas bénéficier de cette accélération de la consommation...

En revanche, cette hausse de la demande, ainsi que l'amélioration du climat des affaires, le nouvel élan de la croissance aux États-Unis et une diminution des inquiétudes vis-à-vis de l'économie chinoise devraient doper la production industrielle. Celle-ci accélérerait de 0,4% aux premier et deuxième trimestres 2016, après avoir connu une perte d'élan au printemps 2015 (elle accusait un recul de -0,1% au deuxième trimestre 2015). Le ralentissement de l'activité dans les pays émergents suscitait alors l'inquiétude, provoquant une révision à la baisse des prévisions de leur croissance.



• L'augmentation des investissements générée par des conditions de financement favorables et une utilisation accrue des capacités de production

Face à la faiblesse de l'inflation, la Banque centrale européenne maintient sa politique monétaire accommodante. Dans ce contexte, les taux d'intérêt resteraient bas, ce qui favoriserait l'investissement sur cette même période, les entreprises s'endettant pour un coût moindre.
De plus, la hausse du taux d'utilisation des capacités de production générerait également une accélération de l'investissement, que ce soit en équipement ou en construction.



• La consommation publique poussée par la politique budgétaire

Selon l'Insee, la politique budgétaire stimulerait la consommation publique, principalement du fait de la hausse des dépenses allemandes pour l'accueil des réfugiés.



• Une augmentation de l'inflation

L'inflation atteindrait 0,5% au premier trimestre 2016 puis 0,4% au deuxième trimestre. En 2015, les prix étaient restés stables du fait de la chute des prix de l'énergie. Qu'est-ce qui changerait en 2016? «Sous l'hypothèse de stabilité du taux de change à 1,08 dollar pour 1 euro et d'un baril de pétrole à 35 dollars, le prix du pétrole pèserait moins sur l'inflation», indique l'Insee. Celle-ci serait en outre stimulée par des facteurs internes (hausse des revenus, de la consommation et des investissements).



Cependant...

Dans sa note l'Insee avertit qu'«une escalade des conflits au Moyen-Orient pourrait ébranler la confiance des consommateurs, des producteurs et des investisseurs dans le monde. Dans un tel scénario, le cours du pétrole pourrait remonter brusquement, car beaucoup de pays de cette région comptent parmi les principaux producteurs de pétrole du monde».



Par ailleurs, des risques existent aussi par rapport à la transformation structurelle de l'économie chinoise actuellement tournée vers l'export et les investissements pour aboutir à une économie tirée par la consommation. «Un raté dans ce processus de transformation pourrait de nouveau conduire à une sortie des capitaux des pays émergents, ce qui pourrait causer des turbulences sur les marchés financiers, voire entraîner une crise de change. À l'inverse, les importations des pays émergents pourraient accélérer plus fortement qu'anticipé, en contrecoup de leur chute du début 2015», peut-on lire dans la note.



4 Mai 2016

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