Eric Heyer, : « Un cercle vertueux se met en place »
Par GUILLAUME DE CALIGNON Le 31/05 à 06:00
La
Banque mondiale a annoncé dimanche que 57 milliards US
d'investissements sur les trois prochaines années allaient être
mobilisés pour l'Afrique subsaharienne.
Dans quelle mesure la conjoncture économique française s'est-elle améliorée ces derniers mois ?
Avec un rythme de progression du PIB de l'ordre de 0,4 % à
0,5 % par trimestre au cours des six derniers mois, la croissance
est robuste. Il y a à la fois des créations d'emplois à un rythme
d'environ 200.000 sur les douze derniers mois et des investissements de
la part des ménages et des entreprises. C'est le signe d'une reprise.
Et celle-ci s'annonce plus solide que les précédentes. Car une reprise,
ce ne sont pas que des chiffres mais aussi des caractéristiques. Or la
croissance actuelle est tirée par l'investissement et les créations
d'emplois. Pas seulement par la consommation. Cette année, la
croissance française atteindra probablement 1,5 %. C'est certes
encore fragile, mais on voit qu'un cercle vertueux se met en place.
Y a-t-il encore des indicateurs mal orientés ?
Le commerce extérieur reste le point faible de l'économie. Une partie
des importations entre dans la fabrication de produits exportés qui
peuvent être stockés pendant quelques mois ou trimestre. Mais,
fondamentalement, les exportations françaises restent faibles. Mais
rien ne dit que ce point ne va pas s'améliorer au cours des prochaines
années. Globalement, le pacte de responsabilité et le crédit d'impôt
pour la compétitivité et l'emploi (CICE), soit 40 milliards
d'euros par an en tout, ont été utilisés par les entreprises pour
augmenter leurs marges. C'est pour cette raison que la croissance de la
France a été inférieure à celle de ses voisins ces dernières années.
L'espoir, c'est que cette amélioration des marges permette aux
entreprises d'investir, de gagner en productivité et donc, in fine, de
retrouver de la compétitivité. Le rétablissement des marges des
entreprises était la condition nécessaire. C'est fait : les marges
des industriels sont au plus haut depuis le début des années 2000. Nous
entrons désormais dans la deuxième séquence, qui passe par une hausse
des investissements, que l'on observe aujourd'hui.
Quels sont les risques qui pèsent sur cette reprise ?
Pour la zone euro, le risque reste d'abord politique, et notamment dans
les pays du Sud comme la Grèce ou l'Italie. Mais, s'il existe des
incertitudes sur la solvabilité des banques italiennes ou espagnoles,
la zone euro a les moyens de les gérer. En revanche, pour la France, le
risque réside, de mon point de vue, dans une rentrée sociale agitée. Si
la réforme du Code du travail braque les syndicats et qu'un mouvement
de grève très suivi intervient, alors cela pourrait mettre en péril la
reprise économique dans l'Hexagone. On voit que la reprise dans la zone
euro est bien engagée, que les indicateurs sont au vert. Le risque
aujourd'hui est donc d'abord franco-français.
4 Juin 2017
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