A Tokyo, Chirac défend sa taxe internationale
Par Antoine GUIRAL et Michel TEMMAN

Il veut rallier le Japon à son projet d'impôt sur le transport aérien en faveur des pays pauvres.



Avant de quitter le Japon, hier, Jacques Chirac a tenté de rallier le pays à son projet de taxation sur le transport aérien pour venir en aide aux pays pauvres. Au terme d'une visite de trois jours, il a lancé une nouvelle mise en garde sur les «déséquilibres qui menacent la survie de notre civilisation» . Dans un discours alarmiste, le chef de l'Etat a insisté sur la nécessité «urgente» d'un «autre modèle de production et de consommation» .

Jacques Chirac est en quête de puissants partenaires économiques susceptibles de s'engager aux côtés de la France. Au moment où le Japon, deuxième PNB de la planète, commence à s'éveiller aux problématiques environnementales, le président de la République voit en lui un partenaire naturel : «Je propose l'alliance de nos deux pays pour relever les défis du développement durable. Une alliance politique mais aussi une alliance scientifique et industrielle reposant sur l'ancienneté et la force de notre coopération dans ces domaines.»

Credo. Pour Paris, il est possible de cofinancer très vite des programmes associant le public et le privé dans les domaines des technologies de l'environnement, de l'énergie, de l'espace et des systèmes d'information. Le chef de l'Etat souhaite par ailleurs que le Japon assume davantage son rôle de grande puissance. La France propose sans relâche qu'il devienne, avec l'Allemagne, un membre permanent du Conseil de sécurité de l'ONU. En contrepartie, il lui demande de s'engager à soutenir ses initiatives destinées à «rendre la mondialisation plus humaine» . Ainsi, il a demandé au Premier ministre Koizumi de l'aider à faire passer lors des prochains sommets du G8 son idée de taxe internationale sur les billets d'avion et/ou sur le kérosène.
Lutte contre la pauvreté et les pandémies, aide au développement (durable) : sur ces sujets, Français et Japonais se sont déjà engagés. Le credo figurait dans le programme «France-Japon : 20 actions pour l'an 2000» signé en novembre 1996 par l'ex-premier ministre Hashimoto et Jacques Chirac.

Pour mettre en oeuvre leurs idées, la France et le Japon doivent au préalable résoudre leurs différends : le nouvel Airbus A 380 boudé par le Japon ou le futur réacteur de fusion nucléaire Iter que la France entend installer sur son sol et le Japon sur le sien. «Je n'ai nullement l'intention d'y renoncer», a prévenu dimanche le Premier ministre Koizumi. Autre sujet qui fâche : le Japon a réitéré avant-hier son opposition à la levée de l'embargo européen sur les ventes d'armes à Pékin.

Doute. Le regain de tension observé durant la visite de travail au Japon du chef de l'Etat, survient à un moment de doute dans les relations commerciales bilatérales. La part de marché française au Japon stagne (2 %). La crainte, que résume un homme d'affaires établi à Tokyo, «c'est le risque de débandade ! Suez a quitté le Japon il y a trois ans. C'est au tour de Carrefour. Biomérieux a déménagé son siège asiatique à Shanghai. Les groupes français misent sur la Chine et la Corée, où le retour sur investissements est plus rapide et les efforts moins lourds qu'au Japon».


Mars 2005


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