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Les Nations unies pressent l'Afrique de développer
des espaces économiques régionaux
Par Alain Faujas
La
fragmentation économique et commerciale est pour l'Afrique tout aussi
néfaste que le tribalisme au plan politique. Multiplications des
procédures douanières et administratives, coût élevé des transports,
marchés étriqués, mauvaise répartition de la main d'oeuvre et des
capitaux, inadéquation de l'offre et de la demande paralysent le
développement d'un continent ignoré de la planète - il ne représente
que 2 % du commerce international, pour 12 % de la population mondiale.
C'est pourquoi la
Conférence des Nations
unies pour le commerce et le développement (Cnuced) rappelle que
"l'intégration régionale demeure une priorité absolue pour les pays
africains", dans son rapport sur Le développement économique en
Afrique, 2009, publié jeudi 25 juin.
Premier constat : l'Afrique
commerce plus facilement avec le reste du monde qu'avec elle-même.
Malgré l'existence de quatorze groupements économiques (Comesa, CFA,
UMA, UEMOA, CFA, SADC, etc.), ses échanges régionaux ne représentent
que 9 % du total de ses échanges totaux, quand ce pourcentage atteint
18,5 % pour les pays en développement américains et 71,4 % pour les
pays européens avancés. La médiocrité en matière d'investissements est
comparable : les capitaux régionaux ne pèsent que 13 % du total des
investissements étrangers, - contre 30 % en Asie.
UN
CONTINENT CORSETÉ
D'Alger
au Cap et de Dakar à Djibouti, on aurait tout intérêt à se doter au
plus vite des infrastructures matérielles et immatérielles qui
facilitent la circulation des hommes et des marchandises. Les routes
goudronnées - et entretenues - sont un formidable outil de
développement. Il a été calculé qu'une bonne route entre le Sénégal et
le Mali multiplierait par quatre les échanges entre ces deux pays. Si
32 milliards de dollars (23 milliards d'euros) étaient investis dans la
construction - et l'entretien - d'un réseau routier moderne, l'Afrique
dans son ensemble profiterait d'un flux commercial supplémentaire de
250 milliards de dollars en quinze ans.
Car ce continent est
corseté. Les coûts de transport y sont de 136 % supérieurs à ceux des
autres régions du monde. Les délais à l'export y atteignent 34,7 jours,
alors qu'ils dépassent à peine 10 jours dans les pays développés.
L'immatériel
est tout aussi important : l'aéroport d'Accra, au Ghana, a réduit de
trois jours à quatre heures le temps du dédouanement des marchandises
et a vu augmenter ses recettes de 30 % de ce simple fait.
Les
bénéfices de la constitution d'aires régionales intégrées ne sont pas
seulement quantitatifs. Les études montrent que les pays africains
exportent vers le reste du monde essentiellement des matières premières
(pétrole, minerais, fibres, bois) sans ajout de valeur. Mais quand ils
commercent entre eux, les Africains échangent d'abord des produits
manufacturés, sources de revenus accrus pour les producteurs et
d'économies pour les consommateurs.
Enfin, le rapport de la
Cnuced rappelle que les migrations interafricaines ont contribué à
réduire la pauvreté. Il souligne la nécessité de réduire les freins à
cette libre circulation souvent entravée par la xénophobie et les
mesures politiques qui réservent les emplois aux travailleurs locaux..
Paris, juillet 2009
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